
« une si haute idée du Ciel »
Mise en contexte
Thérèse affronte courageusement depuis un an des pensées incessantes qui affirment qu’il n’y a pas de Ciel : la carmélite tient bon. Sa foi et son espérance demeurent vives et elle cherche ici à se représenter le paradis qu’elle attend.
Thérèse me parle
« Je me fais une si haute idée du Ciel, que, parfois, je me demande comment, à ma mort, le bon Dieu fera pour me surprendre. Mon espérance est si grande, elle m'est un tel sujet de joie, non par le sentiment, mais par la foi, qu'il me faudra quelque chose au dessus de toutes pensées, pour me satisfaire pleinement. Plutôt que d'être déçue, j'aimerais mieux garder un espoir éternel.
Enfin je pense déjà que, si je ne suis pas assez surprise, je ferai semblant de l'être, pour faire plaisir au bon Dieu. Il n'y aura pas de danger que je lui laisse voir ma déception ; je saurai bien m'y prendre pour qu'il ne s'en aperçoive pas. D'ailleurs je m'arrangerai toujours de manière à être heureuse. Pour y arriver, j'ai mes petites rubriques que vous connaissez et qui son infaillibles... Puis, rien que de voir le bon Dieu heureux, cela suffira pleinement à mon bonheur. »
Je comprends
La pensée du Ciel vient de loin chez Thérèse ; elle en parle longuement dans le Manuscrit A en dévoilant à quel point Louis et Zélie ont éduqué leurs enfants selon cette perspective. Aussi Thérèse a profondément médité ce mystère, notamment avec le livre du P. Arminjon, Fin du monde présent et mystères de la vie future (cf. Ms A 47). A l’approche de la mort, elle se demande avec une certaine candeur comment elle sera surprise et envisage même une possible déception, ce qui est un scenario impossible, Dieu dépassant toujours notre attente. Nous voyons ici la liberté de ton de Thérèse qui ne cherche pas à donner des paroles édifiantes mais parle selon son cœur, un cœur qui trouve sa joie dans le fait de rendre le Seigneur heureux.
Je prie et j'agis
« Je m'arrangerai toujours de manière à être heureuse » : il faut une grande force de caractère pour écrire cela, surtout pour Thérèse qui a tant souffert d’être malheureuse avant ses 15 ans. Et moi comment est-ce que je choisis aujourd’hui d’être heureux ?