
« L’espérance aveugle en sa miséricorde »
Mise en contexte
En lisant le Manuscrit B que Thérèse lui a adressé le 13 septembre 1896, sa sœur Marie est impressionnée par l’ardeur qui anime ces pages et la grandeur des désirs de Thérèse. Marie répond à Thérèse le 17 septembre (LC 170), estimant qu'elle n'aime pas Jésus autant que sa sœur et trouvant que Thérèse est plus privilégiée qu'elle. Voici le début de la lettre par laquelle Thérèse lui répond le jour même.
Thérèse m'écrit
« Ma Sœur chérie, je ne suis pas embarrassée pour vous répondre… Comment pouvez-vous me demander s'il vous est possible d'aimer le Bon Dieu comme je l'aime ?… Si vous aviez compris l'histoire de mon petit oiseau, vous ne me feriez pas cette question. Mes désirs du martyre ne sont rien, ce ne sont pas eux qui me donnent la confiance illimitée que je sens en mon cœur. Ce sont, à vrai dire, les richesses spirituelles qui rendent injuste, lorsqu'on s'y repose avec complaisance et que l'on croit qu'ils sont quelque chose de grand… Ces désirs sont une consolation, que Jésus accorde parfois aux âmes faibles comme la mienne (et ces âmes sont nombreuses) mais lorsqu'il ne donne pas cette consolation c'est une grâce de privilège, rappelez-vous ces paroles du Père : "Les martyrs ont souffert avec joie et le Roi des Martyrs a souffert avec tristesse." Oui Jésus a dit : "Mon Père, éloignez de moi ce calice." [Sœur] chérie, comment pouvez-vous dire après cela que mes désirs sont la marque de mon amour ?… Ah ! je sens bien que ce n'est pas cela du tout qui plaît au Bon Dieu dans ma petite âme, ce qui lui plaît c'est de me voir aimer ma petitesse et ma pauvreté, c'est l'espérance aveugle que j'ai en sa miséricorde… Voilà mon seul trésor. MARRAINE chérie, pourquoi ce trésor ne serait-il pas le vôtre ?… »
Je comprends
Thérèse fait référence à l’histoire du « petit oiseau » (Ms B 4-5), invitation à la confiance inconditionnelle en Dieu. Les « paroles du Père » que Thérèse cite sont du père Pichon, lors de la retraite qu’il a prêchée au Carmel de Lisieux en octobre 1887.
Je prie et j'agis
Qu’est-ce que cette lettre suscite en moi ? M’arrive-t-il de me croire moins aimé du Seigneur en étant jaloux des dons qu’il fait aux autres ? Je peux le reconnaître humblement, en demander pardon au Seigneur et renouveler ma confiance dans le fait d’être infiniment aimé de Lui. Que la prière de saint Etienne fêté en ce jour m'y aide !