« Le bonheur d'avoir connu Mère Geneviève »

Thérèse a longuement décrit comment elle a vécu les jours précédant sa profession, ainsi que la journée du 8 septembre, un jour de grande joie. Elle a également partagé sa tristesse le 24 septembre suivant, jour de sa prise de voile noir, en raison de l'absence de son père et d'autres personnes. Elle évoque maintenant avec émotion le souvenir lumineux de mère Geneviève.

« Maintenant, ma Mère chérie, que me reste-t-il à vous dire ? Ah ! je croyais avoir fini mais je ne vous ai encore rien dit de mon bonheur d’avoir connu notre Sainte Mère Geneviève….. C’est une grâce inappréciable que celle-là ; eh bien, le Bon Dieu qui m’en a déjà tant accordé a voulu que je vive avec une Sainte, non point inimitable, mais une Sainte sanctifiée par des vertus cachées et ordinaires… Plus d’une fois j’ai reçu d’elle de grandes consolations, surtout un dimanche. Me rendant comme à l’ordinaire afin de lui faire ma petite visite, je trouvai deux Sœurs auprès de Mère Geneviève, je la regardai en souriant et je m’apprêtais à sortir puisqu’on ne peut pas être trois auprès d’une malade, mais, elle, me regardant avec un air inspiré, me dit : « Attendez, ma petite fille, je vais seulement vous dire un petit mot. A chaque fois que vous venez, vous me demandez de vous donner un bouquet spirituel, eh bien, aujourd’hui je vais vous donner celui-ci : Servez Dieu avec paix et avec Joie, rappelez-vous, mon enfant, que notre Dieu, c’est le Dieu de la paix."»

Mère Geneviève est l'une des deux carmélites de Poitiers qui ont participé à la fondation du Carmel de Lisieux en 1838, à l'initiative de l'abbé Sauvage. Son rôle dans l'établissement et la vie du Carmel de Lisieux fut si majeur qu'elle finira par être appelée « la fondatrice ». Thérèse l'a connue durant les dernières années de sa vie, alors qu'elle était l'objet d'une grande vénération de la part de ses sœurs carmélites. Thérèse la considérait comme une sainte et profitait de chacune de leurs rencontres pour en recevoir un « bouquet spirituel ». Thérèse appréciait surtout chez elle sa simplicité, fruit de ses « vertus cachées et ordinaires ». Elle est morte le 5 décembre 1891.

Demandons au Seigneur la grâce de nous transformer par la pratique simple des vertus ordinaires et de trouver notre joie dans l'humilité du service du Dieu de la paix.