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Mardi 28 janvier 2025
Manuscrits

Fable pou étrennes : vertus exclamatives


Mise en contexte

Thérèse décrit l'attitude du petit oiseau face aux difficultés de la vie spirituelle.


Thérèse m'écrit

« Oh non ! le petit oiseau ne va même pas s'affliger. Avec un audacieux abandon, il veut rester à fixer son divin Soleil ; rien ne saurait l'effrayer, ni le vent ni la pluie, et si de sombres nuages viennent à cacher l'Astre d'Amour, le petit oiseau ne change pas de place, il sait que par delà les nuages son Soleil brille toujours, que son éclat ne saurait s'éclipser un instant. Parfois, il est vrai, le cœur du petit oiseau se trouve assailli par la tempête, il lui semble ne pas croire qu'il existe autre chose que les nuages qui l'enveloppent ; c'est alors le moment de la joie parfaite pour le pauvre petit être faible. Quel bonheur pour lui de rester là quand même, de fixer l'invisible lumière qui se dérobe à sa foi !!!... »

Ms B 5

Je comprends

Haut et Fort ! Telles est la tonalité que sainte Thérèse, à l'instar d'un compositeur face à son papier à musique, accorde à certains verbes ("espère"), au recto du deuxième folio de ce que des philologues et éditeurs des autographes lexoviens ont appelé le « Manuscrit B », où à certains substantifs, comme "foi", au recto du cinquième folio de ces mêmes pages.

Mais comment fait-elle pour produire du son sur l'aplat de sa page ? Elle n'est pas la première dans l'histoire de la notation musicale à s'autoriser une nouvelle codification. Le chemin aura été long des neumes grégoriens à nos modernes partitions qui peinent encore aujourd'hui à rendre compte des accentuations, rythmes ou mélodies de la voix humaine. Sainte Thérèse a suffisamment d'inventivité pour multiplier les signes : majuscules ou minuscules, surlignages et soulignages, vides, pleins et déliés. Mais, pour l'espérance et la foi, elle choisit d'intensifier le mode exclamatif en démultipliant son inscription graphique habituelle. Ce ne sera pas un, mais trois signes qui relèveront l'infusion des vertus théologales dans la mise par écrit de son expérience spirituelle : Dieu passe et les conventions sont déréglées ; non pas détruites, pour autant, mais renouvelées. Le « Verbe Divin » brille quand la « Lumière » supplée les certitudes astrales et cosmiques. Le Créateur reprend ses droits là où les certitudes vacillent.


Je prie et j'agis

Quand ma foi est à la peine, suis-je conscient de son origine divine et non sensible ?

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