
Cette heure tant désirée
Mise en contexte
Quelques mois avant sa mort, Thérèse offre à mère Agnès, sœur Marie du Sacré-Cœur et sœur Geneviève une image accompagnée de textes spirituels, en guise de billet d’adieu. Thérèse donne à comprendre en quoi sa mort prochaine peut être un sujet de joie plutôt qu’un sujet de tristesse. Le texte ci-dessous est au verso de l’image et Thérèse indique qu’elle l’a composé en « empruntant les pensées de l’angélique Martyr Théophane Vénard », qu’elle a trouvées dans la correspondance de ce missionnaire, dans la période entre son arrestation (le 30 novembre 1860) et sa décapitation (le 2 février 1861).
Thérèse m'écrit
«Je ne trouve rien sur la terre qui me rende heureuse ; mon cœur est trop grand, rien de ce qu'on appelle bonheur ne peut le satisfaire. Ma pensée s'envole vers l'Eternité, le temps va finir !... mon cœur est paisible comme un lac tranquille ou un ciel serein ; je ne regrette pas la vie de ce monde, mon cœur a soif des eaux de la vie éternelle !... Encore un peu et mon âme quittera la terre, finira son exil, terminera son combat... Je monte au Ciel... je touche la patrie, je remporte la victoire !... Je vais entrer dans le séjour des élus, voir des beautés que l'œil de l'homme n'a jamais vues, entendre des harmonies que l'oreille n'a jamais entendues, jouir de joies que le cœur n'a jamais goûtées... Me voici rendue à cette heure que chacune de nous a tant désirée !... Il est bien vrai que le Seigneur choisit les petits pour confondre les grands de ce monde... Je ne m'appuie pas sur mes propres forces mais sur la force de Celui qui sur la Croix a vaincu les puissances de l'enfer. Je suis une fleur printanière que le maître du jardin cueille pour son plaisir... Nous sommes toutes des fleurs plantées sur cette terre et que Dieu cueille en leur temps, un peu plus tôt, un peu plus tard... Moi petite éphémère je m'en vais la première ! Un jour nous nous retrouverons dans le Paradis et nous jouirons du vrai bonheur !... »
Je prie et j'agis
Que suscite en moi la perspective de ma propre mort ? Et celle des personnes qui me sont proches ? En accueillant le message de Thérèse, comment puis-je les regarder avec plus de foi, plus d’espérance ?