
Première lecture
Bien-aimés, qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité. En effet, ils sont trois qui rendent témoignage, l’Esprit, l’eau et le sang, et les trois n’en font qu’un. Nous acceptons bien le témoignage des hommes ; or, le témoignage de Dieu a plus de valeur, puisque le témoignage de Dieu, c’est celui qu’il rend à son Fils. Celui qui met sa foi dans le Fils de Dieu possède en lui-même ce témoignage. Celui qui ne croit pas Dieu, celui-là fait de Dieu un menteur, puisqu’il n’a pas mis sa foi dans le témoignage que Dieu rend à son Fils. Et ce témoignage, le voici : Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils. Celui qui a le Fils possède la vie ; celui qui n’a pas le Fils de Dieu ne possède pas la vie. Je vous ai écrit cela pour que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui mettez votre foi dans le nom du Fils de Dieu.
Psaume
Glorifie le Seigneur, Jérusalem ! Célèbre ton Dieu, ô Sion !
Glorifie le Seigneur, Jérusalem ! Célèbre ton Dieu, ô Sion ! Il a consolidé les barres de tes portes, dans tes murs il a béni tes enfants.
Il fait régner la paix à tes frontières, et d’un pain de froment te rassasie. Il envoie sa parole sur la terre : rapide, son verbe la parcourt.
Il révèle sa parole à Jacob, ses volontés et ses lois à Israël. Pas un peuple qu’il ait ainsi traité ; nul autre n’a connu ses volontés.
Évangile
Alléluia, Alléluia. Jésus proclamait l’Évangile du Royaume, et guérissait toute maladie dans le peuple. Alléluia.
Jésus était dans une ville quand survint un homme couvert de lèpre ; voyant Jésus, il tomba face contre terre et le supplia : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier. » Jésus étendit la main et le toucha en disant : « Je le veux, sois purifié. » À l’instant même, la lèpre le quitta. Alors Jésus lui ordonna de ne le dire à personne : « Va plutôt te montrer au prêtre et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit ; ce sera pour tous un témoignage. »
De plus en plus, on parlait de Jésus. De grandes foules accouraient pour l’entendre et se faire guérir de leurs maladies. Mais lui se retirait dans les endroits déserts, et il priait.
Méditer avec les carmes
Les lépreux, en Israël comme dans tout le monde antique, étaient bannis de la communauté des hommes. Ils devaient séjourner à l’extérieur des villes et pouvaient tout au plus mendier aux portes. Pire encore que cet isolement social, les lépreux devaient supporter la réprobation des gens, qui les considéraient comme punis par Dieu et les rendaient en quelque sorte responsables de leur propre malheur.
Détresse physique, solitude morale, abandon par la communauté : toute la misère du monde dans la vie d’un même homme !
Voilà le lépreux prosterné devant Jésus, et la foi est déjà incluse dans la demande qu’il lui adresse, la face contre terre : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me guérir ! » Il ne dit pas : Si tu peux », car de cela il est persuadé ; mais bien : « Si tu veux. Si tu veux, tu peux faire pour moi ce que déjà tu as fait pour tant d’autres ! Tu as le pouvoir sur le malheur et le mal ; il te suffit de vouloir, et ma lèpre s’en ira, tout de suite, pour toujours ; je retrouverai ma joie de vivre, ma place dans la cité, mon honneur d’homme et de croyant. »
L’homme est pressé, décidé, insistant. Il a porté son mal depuis des années, mais maintenant il ne peut plus se résigner puisque Jésus est là et qu’il y peut quelque chose s’il se laisse attendrir.
À cette foi impatiente du lépreux, Jésus répond immédiatement, et en personnalisant au maximum la guérison. Il étend la main : il veut toucher l’intouchable, abolir toute distance et faire sauter tous les tabous ; il veut que l’homme sente une main fraternelle posée sur lui. Alors seulement le lépreux entend ces mots, qu’il avait lui-même soufflés à Jésus : « Je le veux, sois purifié ! », et la parole de Jésus accomplit ce que son geste déjà signifiait : l’homme est guéri au contact du Sauveur, et la lèpre s’en va sur un seul ordre du Fils de Dieu.
Mes sœurs, la parole de Jésus, qui sauve et qui recrée, n’a rien perdu de sa puissance. Aujourd’hui encore, Jésus, s’il le veut, peut nous guérir de nos lèpres,
lèpres de l’intelligence : tous les slogans de la facilité, toutes les ironies, toutes les critiques superficielles, qui entament notre foi et nous ferment au monde de Dieu ;
lèpres du cœur : les égoïsmes quotidiens, les rejets, les intolérances, les petites haines cachées, et aussi toutes ces tristesses qui nous détruisent et qui chassent la vie autour de nous.
Comment se fait-il qu’après tant de rencontres avec le Maître notre mal nous ronge encore et nous désespère ? Sans doute y sommes-nous encore trop résignés, parce que nous ne croyons pas encore de toutes nos forces que Jésus peut et veut nous rendre l’énergie et la joie. Il attend un sursaut de notre confiance, il guette en nous ce moment d’abandon où pour lui tout deviendra possible. Comme le lépreux, il nous faut demander la guérison avec une certitude de pauvre, parfois la face contre terre, mais toujours éveillés dans notre foi en l’amitié de Jésus : « De tout cela, Seigneur, si tu le veux, tu peux me guérir ! »
C’est bien là, en effet, notre prière, audacieuse, confiante, les jours où nous consentons à rencontrer le regard du Christ.
Le Seigneur pourrait nous répondre : « Je le veux, mais toi, le veux-tu ?
Es-tu prêt à reprendre toute ta place parmi les vivantes et celles qui donnent la vie ?
Es-tu prêt à servir à part entière, sans t’appuyer sur la pitié des autres ?
Es-tu prêt à ne plus t’identifier à ta misère ?
Veux-tu vraiment que je te redresse, que j’illumine tes yeux, que je guérisse ta mémoire ?
Es-tu prêt au pardon, es-tu prêt à construire ?
Et si tes forces reviennent, donneras-tu à ton Dieu le meilleur de ton temps, le meilleur de tes joies, le plus riche de ton cœur ? »
Seigneur, toi, tu le sais : tu sais bien que je t’aime !
Seigneur, lave-moi, et je serai blanc plus que neige.
Seigneur, donne-moi de vouloir guérir !