
Première lecture
Frères, nous savons que par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et que par le péché est venue la mort ; et ainsi, la mort est passée en tous les hommes, étant donné que tous ont péché.
Si la mort a frappé la multitude par la faute d’un seul, combien plus la grâce de Dieu s’est-elle répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ. Si, en effet, à cause d’un seul homme, par la faute d’un seul, la mort a établi son règne, combien plus, à cause de Jésus Christ et de lui seul, régneront-ils dans la vie, ceux qui reçoivent en abondance le don de la grâce qui les rend justes.
Bref, de même que la faute commise par un seul a conduit tous les hommes à la condamnation, de même l’accomplissement de la justice par un seul a conduit tous les hommes à la justification qui donne la vie. En effet, de même que par la désobéissance d’un seul être humain la multitude a été rendue pécheresse, de même par l’obéissance d’un seul la multitude sera-t-elle rendue juste. Là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé.
Ainsi donc, de même que le péché a établi son règne de mort, de même la grâce doit établir son règne en rendant juste pour la vie éternelle par Jésus Christ notre Seigneur.
Psaume
Me voici, Seigneur : je viens faire ta volonté.
Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j’ai dit : « Voici, je viens.
Dans le livre, est écrit pour moi ce que tu veux que je fasse. Mon Dieu, voilà ce que j’aime : ta loi me tient aux entrailles. »
J’annonce la justice dans la grande assemblée ; vois, je ne retiens pas mes lèvres, Seigneur, tu le sais.
Tu seras l’allégresse et la joie de tous ceux qui te cherchent ; toujours ils rediront : « Le Seigneur est grand ! » ceux qui aiment ton salut.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous pourrez vous tenir debout devant le Fils de l’homme. Alléluia.
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir. S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! »
Méditer avec les carmes
Quand on se prépare à recevoir un personnage important, on se met d’habitude en dimanche. Mais pour accueillir le Christ dans notre vie, mieux vaut rester en habits de travail, en tenue de service, tellement il aime nous voir accomplir ce qui faisait sa joie et même sa nourriture : la volonté du Père des Cieux.
Aux yeux du Christ, rien n’est plus beau que l’ordinaire, l’ordinaire de nos vies, le quotidien où nous inscrivons notre amour pour lui en nous dévouant pour nos frères.
« Que vos reins soient serrés par une ceinture ou un tablier », nous dit Jésus ; et il ajoute : « Que vos lampes soient allumées » ; non seulement parce qu’il nous faut voir clair pour faire notre ouvrage, mais parce qu’il nous faut guetter le moment où Jésus frappera pour entrer. Et cette attitude-là : allumer la lampe, travailler en veillant, œuvrer en priant, assure ici-bas la joie du chrétien, la joie du fond de l’être, que Jésus décrit dans ses Béatitudes : « Bienheureux les serviteurs que le Maître, à son retour, trouvera en train de veiller ! »
Cette béatitude des hommes et des femmes tout à leur service et tout éveillés dans la foi, le Christ nous la donnera en récompense quand il viendra nous prendre près de lui et qu’il nous servira à sa table. Mais à chaque Eucharistie déjà il vient vivre parmi nous, en nous, et il nous apporte, pour aujourd’hui, « rien que pour aujourd’hui », un acompte de joie, un début de béatitude.
Il ne nous sert pas encore à la table du ciel, mais, à la table de l’Église, déjà il nous nourrit de sa parole et de son Corps, lorsque nous venons à lui, en habits de tous les jours.
Attendre activement et rester éveillés, voilà bien ce que le Seigneur attend des responsables de communauté, tout spécialement durant ces années de transition qui vont introduire l’Église dans le troisième millénaire du salut.
Nous avons à veiller comme le berger qui ne dort jamais que d’un œil, mais surtout pour attendre et accueillir Celui qui vient. Il vient non pas malgré les pauvretés et les incertitudes de nos communautés, mais dans ces indigences mêmes. Il nous rejoint dans notre service comme il a pris la condition de Serviteur, et par sa présence de Fils de Dieu, il nous donne de tout référer à la gloire du Père, les réussites comme les impuissances, les soucis comme les raisons d’espérer.
Parce que nous veillons pour lui, pour répondre immédiatement à son désir et à son dessein de salut, nous demeurons soucieux de voir clair. Et c’est le sens de nos réflexions et de nos échanges, en communauté ou entre responsables. Pour les problèmes qui nous concernent tous, nous ne voyons clair qu’ensemble, en allumant notre lampe à une autre flamme, à la flamme des autres, à la flamme du Christ transmise par les autres.