
Première lecture
Frères, il ne faut pas que le péché règne dans votre corps mortel et vous fasse obéir à ses désirs. Ne présentez pas au péché les membres de votre corps comme des armes au service de l’injustice ; au contraire, présentez-vous à Dieu comme des vivants revenus d’entre les morts, présentez à Dieu vos membres comme des armes au service de la justice. Car le péché n’aura plus de pouvoir sur vous : en effet, vous n’êtes plus sujets de la Loi, vous êtes sujets de la grâce de Dieu. Alors ? Puisque nous ne sommes pas soumis à la Loi mais à la grâce, allons-nous commettre le péché ? Pas du tout. Ne le savez-vous pas ? Celui à qui vous vous présentez comme esclaves pour lui obéir, c’est de celui-là, à qui vous obéissez, que vous êtes esclaves : soit du péché, qui mène à la mort, soit de l’obéissance à Dieu, qui mène à la justice. Mais rendons grâce à Dieu : vous qui étiez esclaves du péché, vous avez maintenant obéi de tout votre cœur au modèle présenté par l’enseignement qui vous a été transmis. Libérés du péché, vous êtes devenus esclaves de la justice.
Psaume
Notre secours est dans le nom du Seigneur.
Sans le Seigneur qui était pour nous – qu’Israël le redise – sans le Seigneur qui était pour nous quand des hommes nous assaillirent, alors ils nous avalaient tout vivants, dans le feu de leur colère.
Alors le flot passait sur nous, le torrent nous submergeait ; alors nous étions submergés par les flots en furie. Béni soit le Seigneur qui n’a pas fait de nous la proie de leurs dents !
Comme un oiseau, nous avons échappé au filet du chasseur ; le filet s’est rompu : nous avons échappé. Notre secours est dans le nom du Seigneur qui a fait le ciel et la terre.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Veillez, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. Alléluia.
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur viendrait, il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » Pierre dit alors : « Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole, ou bien pour tous ? » Le Seigneur répondit : « Que dire de l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de son personnel pour distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture ? Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi ! Vraiment, je vous le déclare : il l’établira sur tous ses biens. Mais si le serviteur se dit en lui-même : “Mon maître tarde à venir”, et s’il se met à frapper les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer, alors quand le maître viendra, le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il l’écartera et lui fera partager le sort des infidèles. Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a rien préparé et n’a pas accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, n’en recevra qu’un petit nombre. À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. »
Méditer avec les carmes
Cette homélie est destinée à l'origine à des responsables de communauté religieuse. Nous vous la partageons néanmoins et espérons que vous y trouverez un enrichissement personnel.
Hier la parabole de Jésus insistait sur la fidélité du serviteur qui reste en tenue de travail, et il promettait la récompense : lui-même, dans son Royaume, servira ceux qui l'auront servi.
Aujourd'hui Jésus nous met en garde contre l'insouciance : il ne faut pas laisser le voleur percer le mur ! Attentifs à ne pas nous laisser surprendre, il nous faut être prêt pour la venue du Fils de l'Homme, même s'il tarde à venir.
Pour les disciples de Jésus, le maître qui tarde est facile à identifier : c'est le Christ monté aux cieux et qui reviendra inaugurer son règne définitif. Quant au serviteur de la parabole, c'est d'abord le (la) responsable de communauté, mais, plus largement, c'est chacun(e) de nous, car dans l'Église chacun(e) est en responsabilité, chacun(e) a part à la mission, chacun(e) travaille au compte du Maître.
Devant l'urgence du témoignage, il ne peut être question de prendre du bon temps ni de tirer un profit personnel des responsabilités assumées au nom du Seigneur. Et c'est à chacun(e) de nous que Jésus s'adresse lorsqu'il dit : « À qui l'on a beaucoup donné, on réclamera davantage. »
Dieu nous a beaucoup confié. Comment ? En nous manifestant sa volonté. Connaître la volonté d'un Dieu qui est Père, c'est la grande chance du croyant, et cela doit susciter en nous l'action de grâces de tous les jours. Dieu nous a beaucoup confié: c'est dire qu'il nous a fait largement confiance. Et désormais toute notre existence de serviteurs ou de servantes se déploie sous le signe d'une Béatitude toute spéciale, la béatitude du travail, de la fidélité dans le quotidien, de la vigilance.
Heureuses êtes-vous, vous les servantes que le Maître en arrivant trouvera en train de veiller.
Pourquoi êtes-vous rassemblées aujourd'hui dans une même Eucharistie, dans une seule action de grâces ? Parce que le Maître a fait de vous ses intendantes, soit comme formatrices de sœurs plus jeunes, soit comme responsables de communauté, ou encore parce que vos sœurs ont souhaité pour vous ces temps forts de réflexion en vue d'un service communautaire, ou simplement en vue d'une présence plus libre et plus vraie au sein de la communauté.
Vous voilà donc établies par le Maître « sur sa maison », afin que vos sœurs trouvent toujours en temps voulu, pour chacune et pour toutes, « leur ration de froment », c'est-à-dire pour qu'elles puissent exister, dans le monastère, comme femmes, comme chrétiennes et comme consacrées. Et les trois vont ensemble, car une sœur ne serait pas chrétienne à part entière si elle n'allait au Christ avec son être de femme; une sœur ne serait pas authentiquement consacrée à Dieu si elle ne mettait en œuvre toutes les énergies de son baptême chrétien.
C'est là, pour chaque sœur, l'œuvre de toute une vie, et cela réclame de chacune une vulnérabilité croissante à la parole de Jésus, un accueil toujours plus libre du travail de l'Esprit Paraclet. Mais parce que vous êtes intendantes dans la maison de Dieu, vous vous trouvez au service de chacune et de toutes pour leur foi vive au Dieu vivant et pour leur espérance vivante dans le Christ qui les régénère.
Heureuses êtes-vous, puisque toute votre vie devient une veille dans l'attente du Seigneur. Vous lui offrez votre souci du troupeau et votre espérance inlassable, vos longues patiences et votre gratuité à son service, et c'est lui qui, dans sa parabole, parle de récompense à propos du serviteur vigilant: "Vraiment, je vous le déclare, le maître lui confiera la charge de tous ses biens", non plus seulement la charge de la maisonnée, mais la gérance de tous ses biens, en son nom et place.
Curieuse générosité ! La récompense du bon serviteur, ce sera de servir encore plus, et de donner davantage; mais avec une certitude qui le rendra heureux : il saura, il sentira la totale confiance de son Maître.