Neuvaine à ste Bernadette pour redire "oui" à Dieu
Jour nº9 - Vendredi 17 février 2023

L’autre monde de Bernadette

L’autre monde promis par Marie à Bernadette nous est ouvert maintenant : c’est le monde du Magnificat, où s’accomplit la Promesse faite à Israël. Les derniers sont les premiers, dans la joie du Royaume, où tous peuvent se reconnaître et s’aimer comme des frères.

RÉCIT

« Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde mais dans l’autre. » Telle était l’issue du « contrat » adopté par les deux petites femmes au seuil de la « quinzaine des apparitions ». Bernadette avait demandé à la Dame son nom : « Madame, voulez-vous avoir la bonté de mettre votre nom par écrit ? » La Dame sourit devant cette enfant illettrée et lui fait à son tour une demande, dans ce style étonnant qu’on avait appris à Bernadette : « Voulez-vous avoir la grâce de venir ici pendant quinze jours ? » Bernadette est ravie de promettre, et c’est alors que la Dame aussi promet à Bernadette de lui ouvrir la porte du « bonheur de l’autre monde ». Non pas qu’elle lui dise de patienter dans les souffrances d’ici-bas pour être récompensée dans l’Invisible. Mais elle veut la faire entrer dès ce moment dans la pure joie de l’Amour partagé : le Ciel !

MÉDITATION

Cette neuvaine nous conduit jusqu’en ce jour du 18 février, qu’on a choisi en France pour faire mémoire de notre petite sainte. Ailleurs, on a gardé le 16 avril, jour de sa mort. Ces deux dates s’accompagnent. Le 16 avril 1879 était un mercredi de Pâques, ce jour qui, en 1858 à la Grotte, avait été marqué par le miracle du cierge : Bernadette avait dans les mains la flamme, sans se brûler ; elle était devenue cierge pascal, buisson ardent de l’Amour. Sa mort l’a fait ainsi passer dans la Lumière. Le 18 février 1858, au début du Carême, la Dame lui fait inaugurer son chemin de mort et de Résurrection.

Tout au long de sa vie, à Lourdes et à Nevers, Bernadette se laisse consumer dans l’offrande. La lumière des apparitions de Lourdes se vérifie dans la vie cachée au couvent de Nevers. Nous sommes invités, nous aussi, à entrer dans les sentiments qui furent ceux du Christ Jésus, qui s’est humilié dans la pauvreté de notre chair pour nous rejoindre, et nous dire qui il est et qui nous sommes : fils dans le Fils, serviteurs à l’image du Serviteur. C’est le chemin de Marie, l’humble servante sur laquelle le Seigneur s’est penché : il s’est reconnu en elle ; et Marie se reconnaît en Bernadette. Puisse-t-elle se reconnaître en nous, au terme de cette neuvaine.

Nous devons alors nous laisser guider au quotidien vers cet ailleurs, où nous attend le Seigneur Serviteur. À Lourdes, il a éclairé de sa lumière la grotte noire et le cachot insalubre. Il a révélé en ces bas-fonds sa création transfigurée dans le visage de Marie et de Bernadette. Le même chemin nous est proposé à nous, en tant que personne et en tant que société. Les pauvres seront nos guides, comme nous l’indique le P. Joseph Wresinski, fondateur d’ATD-Quart Monde :

« Le changement demandé est d'assumer pleinement la dignité des pauvres, de prendre leur pensée comme repère pour toutes nos politiques, leur espérance comme repère de toute action. Cette révolution-là dans la pensée et dans le regard sur l'homme, cette société s'identifiant tout entière à la demande des plus pauvres dérangent tout le monde. Rencontrer à tout instant, à chaque tournant de la route la question : "Qu'avez-vous fait de moi ?", cela détruit toutes les sécurités intellectuelles et matérielles. Il faudrait bâtir sur des sécurités d'une autre nature. C'est cela, le renversement des priorités. » (Les pauvres sont l’Église, p. 209-210.)

Et si nous avions à faire le deuil de nos désirs, de nos projets ? Ce pourrait être alors l'occasion de découvrir en nous un autre besoin de guérison, s’il est vrai que nous ne parvenons pas à accueillir tout autre comme un frère, une sœur. Pensons à ce président diocésain du Secours Catholique qui reconnaissait : « J'ai fait une expérience extraordinaire : je suis parti une semaine avec tout un groupe de personnes en grande précarité. Quand je suis parti, j'étais “président”, quand je suis revenu, j'étais un frère pour ces hommes et ces femmes. » N'est-ce pas là une guérison de première importance ?

Demandons la grâce de nous laisser convertir au visage et au cœur des pauvres : c’est là que nous attend notre Dieu. « Ne sous-traitons pas la fraternité », en comptant sur des associations caritatives pour suppléer notre indigence d’amour. Laissons-nous prendre au quotidien par cette apparition que Dieu nous réserve, ce prochain en qui il attend d’être reconnu, aimé et servi. 

La compassion du Bon Samaritain est une marque distinctive des enfants de Dieu. « Qui est mon prochain ? », demande un scribe à Jésus. Et Jésus retourne la question : « Qui s’est fait le prochain de l’homme tombé entre les mains des bandits ? » Certainement pas le prêtre et le lévite qui sont passés de l’autre côté pour éviter le contact avec l’homme blessé. Mais bien cet étranger considéré comme impur par les Juifs : c’est lui qui a su ouvrir son cœur et sa bourse pour prendre soin de l’inconnu. En fait, les croyants au Dieu unique s’éloignent de la foi quand ils s’éloignent de leurs frères ; et leurs frères sont les hommes et les femmes que Dieu leur désigne, non pas ceux qu’ils reconnaissent spontanément comme tels.

PRIÈRE

L’Évangile n’a pas fini de convertir les chrétiens eux-mêmes à l’Amour universel de Dieu le Père de tous.

Faisons nôtre le Magnificat de Marie :

« Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa Miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » (Évangile selon saint Luc 1, 46-55.)

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