
Première lecture
Le Seigneur parla à Moïse et dit : « Parle à toute l’assemblée des fils d’Israël. Tu leur diras : Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint.
Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur. Mais tu devras réprimander ton compatriote, et tu ne toléreras pas la faute qui est en lui. Tu ne te vengeras pas. Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis le Seigneur. »
Psaume
Le Seigneur est tendresse et pitié.
Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son nom très saint, tout mon être ! Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits !
Car il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; il réclame ta vie à la tombe et te couronne d’amour et de tendresse.
Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ; il n’agit pas envers nous selon nos fautes, ne nous rend pas selon nos offenses.
Aussi loin qu’est l’orient de l’occident, il met loin de nous nos péchés ; comme la tendresse du père pour ses fils, la tendresse du Seigneur pour qui le craint !
Deuxième lecture
Frères, ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu’un détruit le sanctuaire de Dieu, cet homme, Dieu le détruira, car le sanctuaire de Dieu est saint, et ce sanctuaire, c’est vous. Que personne ne s’y trompe : si quelqu’un parmi vous pense être un sage à la manière d’ici-bas, qu’il devienne fou pour devenir sage. Car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu. Il est écrit en effet : C’est lui qui prend les sages au piège de leur propre habileté. Il est écrit encore : Le Seigneur le sait : les raisonnements des sages n’ont aucune valeur ! Ainsi, il ne faut pas mettre sa fierté en tel ou tel homme. Car tout vous appartient, que ce soit Paul, Apollos, Pierre, le monde, la vie, la mort, le présent, l’avenir : tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu.
Évangile
Alléluia. Alléluia.
En celui qui garde la parole du Christ l’amour de Dieu atteint vraiment sa perfection.
Alléluia.
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent. Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos !
Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »
Méditer avec les carmes
« Aimez vos ennemis », dit Jésus.
Mais peut-être disons-nous : « Moi, je n’ai pas d’ennemis. Je ne suis pas connu ; je n’ai pas de responsabilités politiques. Je n’ai pas à commander, et très peu à donner mon avis ! ».
C’est vrai : nous ne sommes pas vraiment en danger : personne ne menace notre vie ni notre liberté. Et pourtant, si nous regardons en vérité ce qui se passe dans notre cœur, dans notre désir, dans notre mémoire, nous découvrons combien l’agressivité nous habite et nous travaille. Nous n’avons pas de vrais ennemis, mais nous en voulons parfois à beaucoup de gens, lointains ou proches.
Nous leur en voulons de ne pas nous reconnaître tels que nous nous voyons, de ne pas deviner ce que nous désirons, de ne pas nous accepter tel que nous sommes ; nous leur en voulons d’être eux-mêmes et de le rester. Même quand personne n’en vient à nous haïr, nous en voulons à beaucoup de ne pas nous aimer.
Même si nous n’avons pas vraiment de haine pour personne, nous laissons se rétrécir le cercle de ceux qui nous intéressent. Au-delà du cercle, très près de nous parfois, mais déjà très loin de notre cœur, nous apercevons ceux et celles dont nous n’attendons plus rien, ni affection, ni regard, ni compréhension ni sympathie.
Nous aimons « ceux qui nous aiment », nous nous attachons à ceux qui nous valorisent, nous saluons ceux qui les premiers ont fait le geste de nous saluer.
Bref, notre moi reste au centre de tout, et c’est cela que vise Jésus, car si l’on ignore la gratuité, on tourne le dos à l’amour. Le remède existe, mais il est onéreux, et Jésus ne le cache pas : « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ».
Notre Père est parfait dans sa manière d’aimer, parce que sa tendresse est toute gratuite et sans frontières. Il n’y a pas de frontières, dans le cœur de Dieu, entre les bons et des méchants.
Il n’y a pas de cercle de privilégiés, car tous ont le privilège d’être aimés comme des fils et des filles. Même si nous n’avons pas d’ennemis acharnés, la grande affaire pour nous et de vivre vraiment comme les fils et les filles d’un tel Père, et de garder toujours dans notre cœur un peu de soleil pour tous ceux que nous côtoyons, un peu de pluie pour leur jardin et leurs semailles, une petite lumière qui les invite à entrer.
II ne suffit pas de reconnaître l’agressivité qui parasite nos sentiments, il faut surtout libérer la bonté qui en nous se cache ou s’endort.
Car on peut vivre authentiquement sans connaître la renommée et sans laisser aucune œuvre mesurable, mais on aura tout manqué sur cette terre si l’on n’a pas fait à la bonté toute sa place.
C’est par elle qu’on ressemble à Dieu. Avec lui c’est notre air de famille.