1ère parole : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Avez-vous déjà remarqué que la première parole de Jésus sur la Croix est une parole de miséricorde ? Jésus, au sommet de sa douleur, vidé de son sang, torturé, humilié, abandonné, ne pense pas à Lui, mais à nous.
Oui, c’est à nous que s’adresse Jésus. Les Juifs, dit saint Paul, s’ils avaient connu le Roi de Gloire, ne l’auraient pas crucifié ; alors que nous-mêmes, qui le connaissons et disons l’aimer, nous continuons à pécher.
Jésus, en tant que Dieu, a la capacité de penser à chacun de nous en particulier simultanément et distinctement, et c’est ce qu’il a fait sur la Croix. C’est en ayant notre visage devant les yeux qu’il demande au Père de nous pardonner. Cette pensée – celle de nos actes d’amour et de nos fautes – ne l’a jamais quitté. Nos actes d’amour qu’il voyait le consolaient en cet instant terrible, tandis que nos péchés le crucifiaient.
Alors que la haine le submerge, Jésus pose un acte d’amour ultime. Alors que nous le mettons à mort, Jésus supplie le Père de nous donner la vie éternelle.
Oui, vraiment, il semble que c’est à ce moment précis que Jésus, une fois pour toutes, vainc la haine par l’amour, la mort par la vie. En cette Semaine sainte, chacun de nous, chrétien, est appelé à ce même combat : vaincre la haine, en pardonnant, et plus encore, en aimant ses ennemis.
Le cardinal Journet écrit :
« Quand la machine du mal a vaincu le chrétien, quand on l’a condamné aux camps de l’esclavage et à une mort lente, quand on a dégradé son psychisme humain, quand on lui a volé ses enfants pour arracher de leur âme la foi de leur baptême et y verser la haine de Dieu, quand il n’a plus aucun recours possible contre le déferlement de l’océan du mal, alors il lui reste de tourner une dernière fois son cœur vers les profondeurs silencieuses du royaume de Dieu, et de dire, lui aussi, en Jésus : "Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font !" À cet instant, il a tout vaincu, pour l’éternité. »