
Première lecture
Toute sagesse vient du Seigneur, et demeure auprès de lui pour toujours. Le sable des mers, les gouttes de la pluie, et les jours de l’éternité, qui pourra en faire le compte ? La hauteur du ciel, l’étendue de la terre, la profondeur de l’abîme, qui pourra les évaluer ? Avant toute chose fut créée la sagesse ; et depuis toujours, la profondeur de l’intelligence. La source de la sagesse, c’est la parole de Dieu au plus haut des cieux. Ses chemins sont les commandements éternels. La racine de la sagesse, qui en a eu la révélation, et ses subtilités, qui en a eu la connaissance ? La science de la sagesse, à qui fut-elle manifestée, et qui a profité de sa grande expérience ? Il n’y a qu’un seul être sage et très redoutable, celui qui siège sur son trône. C’est le Seigneur, lui qui a créé la sagesse ; il l’a vue et mesurée, il l’a répandue sur toutes ses œuvres, parmi tous les vivants, dans la diversité de ses dons, et ceux qui aiment Dieu en ont été comblés.
Psaume
Le Seigneur est roi ; il s’est vêtu de magnificence.
Le Seigneur est roi ; il s’est vêtu de magnificence, le Seigneur a revêtu sa force.
Et la terre tient bon, inébranlable ; dès l’origine ton trône tient bon, depuis toujours, tu es.
Tes volontés sont vraiment immuables : la sainteté emplit ta maison, Seigneur, pour la suite des temps.
Évangile
Alléluia. Alléluia.
Notre Sauveur, le Christ Jésus, a détruit la mort ; il a fait resplendir la vie par l’Évangile
.Alléluia.
En ce temps-là, Jésus, ainsi que Pierre, Jacques et Jean, descendirent de la montagne ; en rejoignant les autres disciples, ils virent une grande foule qui les entourait, et des scribes qui discutaient avec eux. Aussitôt qu’elle vit Jésus, toute la foule fut stupéfaite, et les gens accouraient pour le saluer. Il leur demanda : « De quoi discutez-vous avec eux ? » Quelqu’un dans la foule lui répondit : « Maître, je t’ai amené mon fils, il est possédé par un esprit qui le rend muet ; cet esprit s’empare de lui n’importe où, il le jette par terre, l’enfant écume, grince des dents et devient tout raide. J’ai demandé à tes disciples d’expulser cet esprit, mais ils n’en ont pas été capables. » Prenant la parole, Jésus leur dit : « Génération incroyante, combien de temps resterai-je auprès de vous ? Combien de temps devrai-je vous supporter ? Amenez-le-moi. » On le lui amena. Dès qu’il vit Jésus, l’esprit fit entrer l’enfant en convulsions ; l’enfant tomba et se roulait par terre en écumant. Jésus interrogea le père : « Depuis combien de temps cela lui arrive-t-il ? » Il répondit : « Depuis sa petite enfance. Et souvent il l’a même jeté dans le feu ou dans l’eau pour le faire périr. Mais si tu peux quelque chose, viens à notre secours, par compassion envers nous ! » Jésus lui déclara : « Pourquoi dire : “Si tu peux”… ? Tout est possible pour celui qui croit. » Aussitôt le père de l’enfant s’écria : « Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi ! » Jésus vit que la foule s’attroupait ; il menaça l’esprit impur, en lui disant : « Esprit qui rends muet et sourd, je te l’ordonne, sors de cet enfant et n’y rentre plus jamais ! » Ayant poussé des cris et provoqué des convulsions, l’esprit sortit. L’enfant devint comme un cadavre, de sorte que tout le monde disait : « Il est mort. » Mais Jésus, lui saisissant la main, le releva, et il se mit debout. Quand Jésus fut rentré à la maison, ses disciples l’interrogèrent en particulier : « Pourquoi est-ce que nous, nous n’avons pas réussi à l’expulser ? » Jésus leur répondit : « Cette espèce-là, rien ne peut la faire sortir, sauf la prière. »
Méditer avec les carmes
Qu’elle est poignante, qu’elle est vraie, cette prière du père de l’enfant épileptique : « Je crois ! Viens en aide à mon manque de foi ! »
Elle dit en même temps son désir et son impuissance, sa volonté de s’en remettre à Jésus et les limites de sa confiance. Que manquait-t-il à la foi de cet homme ? – C’est qu’il disait encore : « Si tu peux quelque chose » : une foi totale aurait dit : « Puisque tu le peux, fais-le pour moi » ; et c’est une foi de ce type que Jésus a admirée chez le centurion (Mt 8, 5 ; Lc 7, 1-10), qui disait : « Dis seulement un mot, et mon serviteur sera guéri ».
Si le dialogue de Jésus avec le pauvre père désemparé nous touche si fort, c’est qu’à travers sa réponse, Jésus dénonce et conteste la timidité de notre propre foi. Nous avons prié des heures durant en pensant à la bonté et la puissance de Jésus qui nous sauve, et pourtant il reste des « si » qui traînent dans notre cœur ; et nous disons, nous pensons : » Si le Seigneur a pitié de moi, je vais sortir de ma tristesse ; si le Seigneur regarde notre communauté, nous allons traverser l’épreuve ». Mais il n’y a pas de si : de fait le Seigneur est en acte de miséricorde ; de fait notre communauté est dans sa main ; déjà son regard nous suit ; déjà son amour est à l’œuvre ; et même s’il nous fait attendre le moment où nous prendrons conscience de son secours, déjà Jésus nous a écoutés, déjà notre avenir est pris en charge par celui qui nous aime et s’est livré pour nous.
Nous connaissons, dans toutes nos relations humaines, des moments de solitude parfois douloureux ; mais devant Dieu, avec Dieu, il n’y a pas de solitude, tant que la foi demeure vivante ; et ce père malheureux de l’Évangile nous montre le chemin qu’il nous faut suivre dans toutes nos détresses : parler à Jésus de l’enfant malade, de l’homme, de la femme malade que nous sommes, des crises qui secouent notre espérance, et des paralysies de notre charité, et ajouter aussitôt : « Seigneur, je crois, je veux croire, je veux garder ma confiance, mais malgré moi je te ressens comme absent, lointain. Viens en aide à mon manque de foi ».