La Purification de Marie selon saint Ambroise Autpert (730-784)
2 février (Ste Angèle de Foligno †1309)
C'était le jour de la Purification de la Vierge. J'étais à Foligno, dans l'église des Frères Mineurs. Et la voix parla, elle me dit :
« Voici l'heure où Marie, Vierge et Reine, vint au temple avec son Fils ».
Mon âme écouta avec un grand amour, et, ayant écouté, elle fut ravie ; et dans son ravissement elle vit entrer la Reine, et elle alla au-devant d'elle, tremblante de respect. J'hésitais pourtant ; je craignais d'approcher. Elle me rassura, et tendit vers moi Jésus, et me dit :
« O toi qui aimes mon Fils, reçois celui que tu aimes. »
Elle le déposa dans mes bras ; il était enveloppé de langes ; il avait les yeux fermés comme dans le sommeil.
La Reine s'assit, comme une femme fatiguée. Ses gestes étaient si beaux, son attitude si merveilleuse, sa personne si noble, sa vue si sublime, que mes yeux ne pouvaient se fixer sur Jésus seul, et étaient forcés de regarder sa mère.
Tout à coup l'enfant s'éveilla dans mes bras ses langes étaient tombés, il ouvrit et leva les yeux. Jésus me regarda ; dans ce coup d'œil il me surmonta, il me vainquit absolument. La splendeur sortait de ses yeux, et sa joie brillait comme une flamme aveuglante.
Alors il apparut dans sa majesté immense, ineffable, et il me dit :
« Celui qui ne m'aura pas vu petit ne me verra pas grand. »
Il ajouta :
« Je suis venu à toi, et je m'offre à toi pour que tu t'offres à moi.»
Alors mon âme s'offrit à lui par un mode d'oblation étonnant, sans rapport avec les paroles : je m'offris tout entière : j'offris mes fils avec moi, d'une oblation entière et parfaite, ne gardant rien pour moi, rien de leurs personnes, et rien de leurs choses.
Mon âme eut l'intelligence de son oblation bien reçue, et la joie de Dieu, en l'agréant, ne me resta pas inconnue. Quant à la mienne, je n'essaierai pas d'en dire un mot. Quand je sentis mon oblation agréée, la délectation intime que j'éprouvai fut trop grande, trop immense et trop douce pour que la parole approche d'elle.
Source :
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Le livre des visions et des instructions de la bienheureuse Angèle de Foligno, traduit par Ernest Hello, Chapitre 25, Le 2 février.
La purification de Marie
La fête du 2 février est traditionnellement centrée sur le Christ. Saint Ambroise Autpert y met aussi en valeur la figure de Marie :
« En ce jour toute la population de la ville, réunie en un seul lieu, à la lumière claire des cierges, assiste à la célébration de la Messe. L'accès à l'assemblée ne serait pas autorisé à celui qui n'aurait pas un cierge à la main.
C'est comme si chacun présentait le Seigneur au temple, et de plus l'accueillait, et montrait extérieurement, avec la prière de son offrande, la lumière de la foi qui l'illumine intérieurement. [...]
Et la Vierge offre le Seigneur au prophète des prophètes ; elle offre l'Unique à un seul homme ; et, mieux, elle l'offre à tous en la personne d'un seul homme, parce qu'elle a engendré l'unique Sauveur pour le salut de tous.»[1]
Marie, notre mère aimante
« Celle qui se laisse vaincre par l'amour maternel est capable aussi de tolérer l'irrévérence de ses fils. Avec tes pieuses prières, tu aides ceux que tu as engendrés dans ton Fils unique, même s'ils sont indignes de tant de bienfaits.»[2]
[1] Saint Ambroise d’Aupert. In purificatione sanctae Mariae ; PL 89,1291-1297.
[2] Saint Ambroise d’Aupert In purificatione sanctae Mariae ; PL 89, 1297.