
Un des miracles vérifiés de Thérèse
Le 23 août 1906, un jeune séminariste originaire de Lisieux, Charles Anne, est alité. Il souffre de crachements de sang abondants et d’une fièvre persistante. Les médecins constatent une lésion grave au poumon droit : les bronches sont atteintes. Le pronostic médical est extrêmement grave : les médecins se déclarent impuissants et estiment que son état est irrémédiable. Le jeune homme prie d’abord neuf jours consécutifs Notre Dame de Lourdes, puis entame une seconde neuvaine par l’intercession de sainte Thérèse, avec une relique de la religieuse. Peu après, son état s’améliore radicalement : la caverne pulmonaire disparaît, la fièvre s’évanouit, l’appétit revint… Les médecins constatent un rétablissement complet.
Les raisons d'y croire
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L’enquête de canonisation a compilé des témoignages solides : ceux du séminariste lui-même, de ses parents, de son médecin, de religieuses impliquées et d’un curé-doyen, ainsi que les conclusions d’experts médicaux indépendants. Contrairement à une légende, ou à une pensée magique, ce miracle repose sur des preuves tangibles, renforçant sa crédibilité.
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L’analyse des crachats avait bien révélé la présence du Mycobacterium tuberculosis, ce qui confirme un diagnostic de tuberculose pulmonaire très sévère. Or, à cette époque, les options thérapeutiques efficaces contre la tuberculose sont quasi inexistantes. Le cas de Charles Anne est si avancé que les médecins ne tentent rien.
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À partir de là, l’évolution de la santé de Charles ne s’explique donc pas par un traitement médical connu ni par des causes naturelles. La guérison survient brusquement, immédiatement après la deuxième neuvaine à sainte Thérèse, et contre toute attente médicale. Les médecins eux-mêmes attestent que son rétablissement est aussi certain que son état était auparavant désespéré. Quinze ans plus tard, uneradiographie confirme la stabilité de cette guérison, sans rechute ni séquelles. Cette guérison médicalement inexplicable montre que Dieu, médecin suprême, peut agir directement dans le monde, au-delà des lois naturelles, par charité et par miséricorde.
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Cette guérison n’est pas seulement physique : Charles Anne rapporte une transformation spirituelle profonde en un jour, révélant une dimension humaine et spirituelle du miracle. Par cette guérison, la vie et la vocation sacerdotale de Charles Anne sont sauves.
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Ce cas a été retenu par la Sacrée Congrégation des rites comme l’un des deux miracles nécessaires à la bénédiction de la cause de Thérèse de Lisieux en vue de sa béatification. Le sérieux du processus d’investigation (récits oculaires, attestations officielles, supervision médicale) répond aux standards canoniques les plus rigoureux.
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Ce miracle laisse voir que la prière adressée à Thérèse – bien que décédée depuis le 30 septembre 1897 – a produit un effet concret, montrant que les saints peuvent intervenir auprès de Dieu pour notre bien. Sainte Thérèse elle-même assurait : « Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre. »
En savoir plus
Les archives du carmel de Lisieux conservent le témoignage du miraculé :
« Je suis un séminariste de vingt-trois ans. Après de nombreux crachements de sang et hémorragies violentes, j’étais arrivé à un tel degré d’affaiblissement que je dus m’aliter, le 23 août 1906. Deux médecins jugèrent mon état très grave : une caverne profonde s’était formée au poumon droit, les bronches étaient très endommagées et l’analyse des crachats révéla la présence du bacille de la tuberculose. Les médecins s’avouèrent impuissants et me condamnèrent.
Alors, mes parents, éplorés, sollicitèrent ma guérison de Notre Dame de Lourdes par l’intercession de sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus, et je passai à mon cou un sachet des cheveux de cette petite sainte. Les premiers jours de cette neuvaine, mon état s’aggrava : j’eus une hémorragie si violente que je pensai mourir ; on appela en toute hâte un prêtre ; mais, bien que l’on m’engageât à faire le sacrifice de ma vie, je ne pouvais m’y résoudre, et j’attendais avec confiance la fin de la neuvaine. Le dernier jour, aucun mieux ne s’était produit. Alors le souvenir de Thérèse se présenta à mon cœur, la parole qui a si nettement esquissé sa grande âme me pénétra d’une confiance indicible : "Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre." Je pris au mot la jeune carmélite. Elle était au Ciel, oh ! oui, j’en étais sûr ; j’étais sur la terre, je souffrais, j’allais mourir : il y avait du bien à faire, il fallait qu’elle le fît. Serrant donc fortement contre ma poitrine la chère relique, je priai la sainte avec tant de force, qu’à la vérité, les efforts mêmes, faits en vue de la vie, eussent dû me donner la mort.
Nous recommençâmes une neuvaine, demandant cette fois ma guérison à sœur Thérèse de l’Enfant‑Jésus elle‑même, avec promesse, si elle nous exauçait, d’en publier la relation. Dès le lendemain, la fièvre baissa subitement, et, les jours suivants, après l’auscultation, le médecin conclut au rétablissement d’une façon aussi catégorique qu’il avait affirmé la fin. De la caverne du poumon, il n’y avait plus trace, l’oppression avait cessé et l’appétit revenait sensiblement. J’étais guéri. Mais, en même temps qu’elle renouvelait mes forces physiques, Thérèse accomplissait aussi en mon âme une transformation merveilleuse. En un jour, elle a fait en moi le travail de toute une vie.
Je m’arrête, ma révérende mère. Dieu m’a mis au cœur une telle reconnaissance que je ne saurai jamais l’exprimer. Aidez‑moi à lui rendre grâce. »
Devenu prêtre, monsieur l’abbé Anne a joui d’une santé parfaite qui lui permit d’exercer un ministère actif, en qualité d’aumônier de l’hospice, à Lisieux.
La guérison de l’abbé Charles Anne ne relève ni du mythe ni de l’émotion : elle s’appuie sur des faits médicaux établis, des témoignages concordants et une enquête rigoureuse de l’Église. Elle constitue un argument crédible pour la foi chrétienne : si une prière adressée à une sainte produit un effet inexplicable par les seules lois naturelles, alors l’hypothèse d’une intervention divine est rationnelle. À travers l’intercession de sainte Thérèse, le Christ manifeste sa puissance, sa proximité et sa tendresse. Ce miracle, reconnu par l’Église, est un rappel que Dieu écoute les prières et agit.
Solveig Parent
Aller plus loin
Les archives du carmel de Lisieux présentent plusieurs dossiers très complets sur le procès de canonisation de sainte Thérèse, y compris la guérison du séminariste Charles Anne.
En complément
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D’autres articles de 1 000 raisons de croire ont été publiés sur sainte Thérèse de Lisieux : « Thérèse de Lisieux sauve de la ruine un carmel italien (1910) » ; « Thérèse de Lisieux, protectrice de ceux qui combattent (1914-1918) ».
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L’article de Marie de Nazareth, à la rubrique « Un saint, un miracle » : « Sainte Thérèse sauve l’abbé Charles Anne condamné par la médecine ».
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L’article d’Aleteia : « Thérèse de Lisieux, le récit du procès d’une béatification irrésistible ».
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Le site Internet Bibliothèque monastique propose des extraits du tome VII de Pluie de roses : quelques-unes des grâces obtenues au jour même de la béatification , le 29 avril 1923.