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© CC BY-SA 4.0/Didier Descouens
Les saints
Italie
Nº 725
1233 – 1285

Philippe Benizi, médecin des corps et des âmes

Né à Florence, en Toscane, de parents nobles, le jour de la fête de l’Assomption de 1233, Philippe Benizi est une grande figure de la sainteté du XIIIe siècle. Ses qualités intellectuelles et la profondeur de sa foi font de lui un homme respecté et recherché. Dès l’adolescence, il veut servir Dieu en servant les hommes. Il fait de brillantes études de philosophie et de médecine à Padoue et à Paris, avant d’entrer dans l’ordre des Servites de Marie, dont il deviendra le ministre général pendant dix-neuf ans. Ordonné prêtre, il se donne sans compter pour secourir malades et délaissés. Gratifié du don des miracles, il attire à lui une foule de fidèles de toutes origines. Le pape Innocent X le béatifie en 1645, puis Clément X le canonise vingt-six ans plus tard.


Les raisons d'y croire

  • La vie de Philippe Benizi et ses miracles sont connus grâce à une première biographie, Legenda de origine ordinis fratrum servorum, commencée vers 1317. C’est également à cette époque que ses miracles commencent à être consignés par les notaires locaux de Todi. Les archives de l’ordre des Servites (à Todi, mais aussi à Florence) conservent les récits de ces miracles, divers procès-verbaux et témoignages. L’ancienneté des documents (à peine quelques décennies après sa mort), leur traçabilité et la précision des lieux et dates dont il est question renforcent la fiabilité historique de cette biographie.

  • Philippe brille intellectuellement lors de ses études dans deux des plus célèbres lieux de savoir européens de son époque, Padoue et Paris. Il est à la fois formé à la médecine et à la théologie et n’a jamais vu de contradiction entre la raison et la foi. Son intelligence ne l’a pas éloigné de Dieu, mais rapproché.

  • De retour à Florence après ses études, il est gratifié d’une vision extraordinaire de la Vierge Marie, qui l’invite à frapper à la porte des Servites de Marie. Cet ordre mendiant, alors récemment fondé, ne sera reconnu officiellement par le pape Benoît XI que bien des années plus tard, en 1304.

  • Dans un contexte de luttes sanglantes entre factions politiques (guelfes et gibelins), Philippe agit en homme de paix, comme médiateur, désarmant les haines et ramenant la paix entre cités rivales. Par la force de son témoignage, de ses paroles et de ses prières, il obtient des résultats étonnants en tous points : réconciliations, trêves, traités d’entente, libération d’otages, conversion de personnes violentes… Ce pouvoir de réconciliation dépasse les capacités humaines ordinaires et manifeste la présence agissante du Christ, Prince de la paix.

  • Philippe consacre aussi son temps aux exclus, aux malades, aux enfants et aux humbles. Il incarne la charité du Christ dans les gestes les plus simples. Son amour visible et désintéressé s’enracine dans l’amour du Christ pour tous.

  • Plusieurs miracles lui sont attribués de son vivant : guérisons, connaissance des cœurs, bilocations. En 1264, par exemple, un lépreux à moitié nu vient à sa rencontre près de Camigliano, dans la région de Sienne (Toscane). Philippe, en rien effrayé par l’aspect de l’inconnu, dépose son manteau sur les épaules de celui-ci pour cacher sa nudité. Aussitôt, le mendiant est guéri de la lèpre. Malgré la recommandation du saint, cette guérison miraculeuse est ébruitée, et Philippe se voit soudainement projeté sur le devant de la scène politique et spirituelle.

  • Quelques années plus tard, en 1268, les cardinaux réunis en conclave à Viterbe (Latium), informés des qualités de Philippe Benizi, appellent ce dernier à succéder au pape défunt Clément IV. Celui-ci, pétri d’humilité, part se cacher sur le mont Amiata, dans les Apennins, où il reste près de trois ans, jusqu’à l’élection pontificale de Grégoire X, en 1271.

  • Philippe meurt en paix le 22 août 1285. Quelques heures après ses obsèques, des miracles survenus près de son tombeau sont déjà consignés. Le plus marquant d’entre eux est la résurrection, sur la tombe de Philippe, à Todi, après la prière de ses parents et devant un parterre de témoins, d’un enfant tué sauvagement par un loup. C’est le troisième miracle survenu quelques instants seulement après la mort du saint.

  • L’Église a reconnu la sainteté de Philippe au XVIIe siècle, trois siècles et demi après sa disparition. La reconnaissance de sa sainteté est le fruit d’un discernement rigoureux, qui conforte la vérité de son témoignage, de ses expériences mystiques et les récits de miracles qui lui sont attribués, leur assurant un gage d’authenticité.


En savoir plus

Né le 15 août 1233 au sein de la noblesse florentine, Philippe est le fils de Giacomo Benizi et d’Albaverde Frescobaldi. C’est un enfant doué et curieux de tout. On lui promet un avenir brillant.

Il entreprend bientôt des études de philosophie et de médecine à Padoue, puis à Paris, qui sont alors deux lieux de savoir célèbres en Europe. Ses résultats sont excellents et il retourne dans sa ville natale avec le titre de docteur en médecine.

Mais ses succès ne parviennent pas à le satisfaire. Philippe sent en lui que Dieu l’appelle à autre chose, à une charité plus vaste, à une vie évangélique, bien qu’il fasse déjà preuve d’un dévouement remarquable en faveur de ses camarades d’études, auxquels il prête assistance de nombreuses fois.

Peu après son retour à Florence, il a une apparition de la Vierge Marie, qui l’invite à devenir religieux dans l’ordre des Servites de Marie, récemment fondé. C’est un tournant. N’osant refuser quoi que ce soit à la Mère de Dieu, à qui il porte un amour sans fin, il frappe à la porte du couvent des servites de sa ville. En 1254, il y prend l’habit. Il a trouvé le sens de son existence. Il se montre un religieux modèle, humble, obéissant, vivant l’esprit de pauvreté dans une joie parfaite. Il accomplit les tâches les plus modestes avec zèle et détachement, et mène une vie de prière d’une grande richesse.

Il est souvent tellement absorbé dans la prière qu’il préfère aller méditer dans une grotte proche du couvent, au mont Senario. Il y mène une vie ascétique des plus radicale, à l’image des Pères du désert. Là, Dieu le visite fréquemment et il tombe en extase de nombreuses fois.

Ses supérieurs connaissent sa foi, ses capacités et ses dispositions morales. On lui propose de compléter sa formation de novice en vue du sacerdoce. Il hésite et veut refuser, tant il se considère indigne de recevoir les ordres sacrés (comme saint François d’Assise, qui ne sera jamais prêtre). Il obéit finalement à l’Église et est ordonné en 1258 à Sienne. Dans les mois qui suivent, il se voit confier diverses responsabilités, dont la direction de couvents sur le sol italien. Son zèle missionnaire surprend tout le monde, sans exception : semblant ignorer la fatigue, les dangers et les maladies, il parcourt l’Italie entière sans se reposer, dans des conditions matérielles invraisemblables.

Enfin, il est élu prieur général de l’ordre le 5 juin 1267. Sa première démarche est d’en réformer les statuts afin que les religieux y mènent une vie davantage placée sous le signe d’une pauvreté absolue, comme c’était le cas lors de la fondation de cet ordre. Il fonde ensuite, avec l’aide de Julienne Falconieri , un tiers ordre féminin, les Servites oblates, qui sont à l’origine de la branche féminine de l’ordre.

Au concile de Lyon, en 1274, le pape et les évêques, s’appuyant sur une décision conciliaire qui décide de la suppression des ordres mendiants non encore reconnus par le Saint-Siège, convoquent Philippe. Grâce à une parole inspirée et un à témoignage spirituel hors du commun, celui-ci réussit à convaincre son auditoire : les Servites continueront.

Philippe rend son âme à Dieu le 22 août 1285 au couvent des servites de Todi (Ombrie). Il est béatifié le 8 octobre 1645, puis inscrit au catalogue des saints le 12 avril 1671 par le pape Clément X, devenant le premier religieux de son ordre à recevoir l’honneur des autels. Se souvenant des « gestes d’amour et de miséricorde envers les malades, les petits, les frères dans le besoin en temps de famine » de Philippe Benizi, les Servites ont publié en 1989 un livre recensant les rites de bénédiction élaborés au cours des siècles qui font mention de l’intercession du saint.

Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.


Au delà

Dans la basilique de la Santissima Annunziata, à Florence, les fresques d’Andrea del Sarto (réalisées fin XVe – début XVIe siècle) représentent plusieurs épisodes miraculeux de la vie de Philippe Benizi (guérison du lépreux, résurrection d’un enfant, exorcisme).


Aller plus loin

Père Pérégrin Soulier, Vie de saint Philippe Benizi, 1926 : étude moderne, écrite par un servite, qui compile et commente les récits historiques et spirituels de sa vie. Peut être consulté en ligne .


En complément

  • Dizionario Biografico degli Italiani, volume 47, 1997 : « Filippo Benizi, santo », en italien.

  • Le Livre des bénédictions, de saint Philippe Benizi, Commissio Liturgica Internationalis OSM Centro Edizioni « Marianum », Laudemus Viros Gloriosos 3, 1989.

  • Sur le site du Dicastère pour la cause des saints , le dossier qui lui est consacré.

  • V. Benassi, O.J. Diaz, F.M. Faustini, Short History of the Order of the Servants of Mary. Peut être consulté en ligne (en anglais).

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