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Les saints
Italie
Nº 723
1805 – 1866

Croire au Christ avec Maria de Mattias

Née à Vallecorsa en 1805 dans le Latium (Italie centrale), Maria de Mattias est issue d’une famille aisée. Elle reçoit une bonne éducation, mais, jusqu’à ses dix-sept ans, la jeune fille est indifférente à la religion. C’est à cette époque qu’elle entend prêcher saint Gaspard de Bufalo . Ce jour-là, Dieu touche son cœur. Sa conversion devient sujet de discussion dans toute la région. Dès lors, Maria mène une vie évangélique d’une rare intensité. En mars 1834, avec l’aide de don Giovanni Merlini, elle fonde la congrégation des Sœurs Adoratrices du Sang du Christ. Catéchèse, secours aux pauvres, éducation des jeunes mères sans le sou : son activité charitable n’a pas de limites. Maria meurt à Rome le 20 août 1866 ; elle sera béatifiée en 1950, puis canonisée en 2003.


Les raisons d'y croire

  • Dans sa jeunesse, Maria de Mattias vit une conversion profonde. Née dans une famille noble, elle est d’abord centrée sur des préoccupations mondaines. Mais, vers l’âge de dix-sept ans, elle a vit une expérience spirituelle intense à l’occasion de laquelle elle se sent appelée par le Christ à consacrer sa vie à Dieu. Le changement radical de vie qui s’ensuit témoigne de la puissance transformatrice de la rencontre avec le Christ. En 1822, rien n’annonçait sa conversion radicale et définitive : ni sa famille, ni son éducation, ni ses fréquentations, ni ses lectures…

  • Le travail de missionnaire que la bienheureuse accomplit dans son pays est inexplicable en termes humains : elle parcourt des centaines de kilomètres à dos de mulet, catéchise et ouvre des écoles gratuites pour les filles pauvres. Son service des exclus reflète l’amour du Christ pour les plus petits et son appel à la charité.

  • Maria de Mattias a vécu à une époque agitée de l’Italie, marquée par des guerres, des révolutions et l’insécurité. Malgré cela, elle a énormément voyagé seule, arpentant des zones dangereuses. Maria fait preuve d’un courage étonnant, nourri par une foi profonde en Jésus-Christ. Ce n’est pas de la témérité mais une conviction intérieure profonde : Jésus est avec elle, la protégeant et lui montrant le chemin. Sa confiance absolue dans la providence divine lui a permis de dépasser ses limites humaines.

  • Elle évangélise aussi avec un succès grandiose, par la parole et par l’exemple, les bergers, les petits artisans, les travailleurs agricoles, les femmes qu’elle rencontre... Or, elle n’a jamais appris à s’exprimer en public, à faire de grands discours sur Jésus et les saints. Elle réussit pourtant à toucher de manière inexplicable des centaines de personnes et à les convertir, elle qui ne possédait pas la moindre technique oratoire ni soupçon de culture théologique. Si sa parole est si efficace, c’est parce qu’elle porte la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ.

  • Parmi ses auditoires, des prêtres sont venus écouter Maria sur divers sujets spirituels. Sans formation religieuse d’aucune sorte, il est extraordinaire que cette femme soit parvenue à ne jamais dire la moindre erreur doctrinale ou la moindre approximation théologique au cours de sa vie.

  • Maria passe de longues heures en prière, en communion avec Jésus, qu’elle appelait « l’Époux ». Sa vie spirituelle montre que la relation avec le Christ est vivante et intime, pas seulement théorique. Sa spiritualité est visible dans la congrégation qu’elle a fondée, centrée sur l’adoration du Sang du Christ et qui met en avant la rédemption et la libération offertes par le sacrifice d’amour du Christ.

  • À sa mort, en août 1866, sa congrégation compte soixante-dix maisons à travers la péninsule italienne. Cet héritage ne cessera de se développer : vers 2003, la congrégation sera composée de plus de deux mille communautés, actives dans vingt-six pays, poursuivant l’œuvre d’éducation, de mission et de soins. Ces fruits spirituels et humains très nombreux confirment l’authenticité de l’appel et l’action de Dieu dans la mission de Maria.

  • La vie spirituelle, les vertus évangéliques et les miracles d’intercession de Maria Mattias, béatifiée puis inscrite au catalogue des saints, sont choses établies par des années d’investigation, tant par des théologiens, que par des scientifiques.


En savoir plus

La fondatrice italienne sainte Maria de Mattias est née le 4 février 1805 à Vallecorsa, dans la province de Frosinone, dernière ville des États pontificaux, au sein d’une famille aisée, croyante et cultivée. La fillette est passionnée par les récits que fait son père, homme bon et pieux, sur les principaux épisodes de la Bible, la vie de Jésus et celles des saints. Elle reçoit une éducation soignée et complète.

Mais jusqu’à l’âge de dix-sept ans, la jeune fille entend mener une vie agréable, se marier et profiter des avantages liés à sa condition sociale. Jusque-là, il n’est pas question de renoncer à quoi que ce soit pour servir Dieu, ni de devenir religieuse. Pas question non plus de départ en mission, ni d’évangélisation des catégories délaissées par la société.

Un jour, elle se rend dans l’église de son village natal, où prêche saint Gaspard de Bufalo (1786 – 1837), célèbre missionnaire italien. C’est un choc. La parole de ce saint illumine son être. Lorsqu’elle sort de l’église, Maria est convertie, totalement et définitivement. De ce jour, sans que rien ne l’ait préparée, la jeune femme va se mettre à son tour à transmettre et à commenter la Bible dans les milieux sociaux défavorisés des campagnes italiennes.

Admirative de l’effet des paroles de saint Gaspard, elle veut à présent, comme lui, porter la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ à celles et à ceux qui sont le plus éloignés de la foi et de l’Église. Elle parcourt le pays à dos de mulet, quelle que soit la saison, s’arrête dans les villages où, sur la place publique, elle s’adresse aux bergers, aux sans-le-sou, aux mères de famille, aux artisans, sans aucune préparation ni formation théologique ou catéchétique. Maria est convaincue qu’évangéliser signifie avant tout parler au cœur de tous, comme Jésus l’avait fait à son époque. Elle comprend que les hommes se convertissent en prenant conscience que Dieu les aime au point que Jésus versa son sang pour le rachat des pécheurs.

Aidée par un ami de saint Gaspard de Bufalo, le futur bienheureux Giovanni Merlini, Maria fonde la congrégation des Sœurs Adoratrices du Sang du Christ à Acuto (Frosinone, Italie) le 4 mars 1834. Elle a vingt-neuf ans. Cela fait à peine douze ans qu’elle s’est convertie.

Dès lors, elle mène de front une vie spirituelle d’une grande profondeur, un apostolat de charité auprès des populations nécessiteuses, tout en remplissant les tâches matérielles nombreuses qui lui incombent en qualité de responsable de sa communauté. Maria s’oublie. Elle se vide d’elle-même et des attraits de ce monde pour être remplie de l’Esprit Saint. Elle obtient en particulier des succès incroyables auprès des personnes qu’elle catéchise. Les conversions augmentent à un rythme très soutenu. Les hommes adultes, à qui elle ne parle guère, comme le veut la coutume du temps, se rendent discrètement à ses prises de parole. Les nombreux bergers des campagnes italiennes, souvent incultes en matière religieuse et abandonnés à eux-mêmes, savent que la parole de Maria est exceptionnelle. Ils la suivent, l’interrogent, veulent l’imiter.

Mais les couches modestes de la population ne sont pas les seules concernées. Au fil du temps, la renommée de la sainte transcende ces catégories et l’on peut apercevoir des laïcs instruits et même des prêtres se presser autour d’elle. Jamais personne n’a relevé la moindre erreur doctrinale dans la bouche de Maria.

La congrégation reçoit son « décret de louange » (acte officiel du Saint-Siège approuvant l’existence et la mission d’une famille religieuse) le 30 mai 1855, et ses constitutions sont approuvées le 28 janvier 1878. De son vivant, Maria parvient à fonder plus d’une soixantaine de communautés, dont trois en Allemagne et en Angleterre. Le pape Pie IX en personne lui demande de diriger l’hospice romain de Saint-Louis et l’école primaire de Civitavecchia.

La future sainte rend son âme à Dieu à Rome le 20 août 1866. Elle est inhumée au cimetière de Verano. Le pape Pie IX choisit alors lui-même son tombeau.

Maria a été béatifiée par le pape Pie XII le 1er octobre 1950. Jean-Paul II l’inscrit au catalogue des saints le 18 mai 2003. À cette date, les Sœurs Adoratrices du Sang du Christ sont présentes dans le monde entier.

Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.


Au delà

Il y a chez Maria de Mattias une dimension missionnaire et contemplative qui fait penser à sainte Thérèse d’Avila . À l’image de la célèbre réformatrice du Carmel espagnol, Maria parcourt l’Italie sur un mulet, dans des conditions matérielles très éprouvantes, sans jamais se décourager, et obtenant de grands succès auprès des personnes à qui elle s’adresse.


Aller plus loin

Sur le site du Vatican, la biographie de la sainte et l’ homélie pour sa canonisation (disponibles en plusieurs langues).


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