
Sombre tunnel
Mise en contexte
Avec prudence et discrétion, Thérèse commence à parler de l’épreuve de la foi dans laquelle elle est plongée depuis un an. Comment mettre des mots sur une expérience aussi déroutante ?
Thérèse m'écrit
« Aux jours si joyeux du temps pascal, Jésus m’a fait sentir qu’il y a véritablement des âmes qui n’ont pas la foi, qui par l’abus des grâces perdent ce précieux trésor, source des seules joies pures et véritables. Il permit que mon âme fût envahie des plus épaisses ténèbres et que la pensée du Ciel si douce pour moi ne soit plus qu’un sujet de combat et de tourment... Cette épreuve ne devait pas durer quelques jours, quelques semaines, elle devait ne s’éteindre qu’à l’heure marquée par le Bon Dieu et... cette heure n’est pas encore venue... Je voudrais pouvoir exprimer ce que je sens, mais hélas je crois que c’est impossible. Il faut avoir voyagé sous ce sombre tunnel pour en comprendre l’obscurité. »
Je comprends
Nous nous imaginons parfois que la vie chrétienne, l’aventure de la sainteté, c’est un long fleuve tranquille… Pourtant les saints ne l’ont pas vécue ainsi ! Bien des croyants de la Bible, déjà, ont été déroutés sur leur chemin vers Dieu : Job qui perd tout ce qu’il possédait, Esther qui est confrontée à la menace d’anéantissement pesant sur son peuple, le psalmiste qui est cerné par des ténèbres mortelles, et tant d’autres… et Jésus lui-même a été confronté à l’incompréhension, à la souffrance extérieure et intérieure, à l’échec apparent de sa mission. L’attitude spirituelle fondamentale que tous ces « souffrants » nous enseignent, c’est de garder le lien de la prière avec Dieu lorsque nous sommes dans l’épreuve, de continuer à nous adresser à lui quand il nous semble qu’il ne nous entend pas. Job n’a pas peur d’adresser sa plainte à Dieu, Esther confie son angoisse mortelle au Seigneur, le psalmiste lance son cri de douleur vers le Ciel… Quant à Jésus, au jardin de Gethsémani et jusque sur le bois de la Croix, il continue de dire à son Père : « Que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne » (Lc 22, 42), « Entre tes mains je remets mon esprit » (Lc 23, 46). Eh bien, lorsque la nuit s’abat sur le ciel intérieur de Thérèse, elle s’efforce de garder le contact de la foi avec Jésus : « Jésus m’a fait sentir », « Il permit », « l’heure marquée par le Bon Dieu ». Toutes ces expressions nous font comprendre que Thérèse choisit de croire que Dieu demeure présent et agissant, même si c’est d’une manière qu’elle ne voit pas absolument pas, qu’elle ne comprend absolument pas.
Je prie et j'agis
Pour une personne qui traverse une situation tellement douloureuse qu’elle risque de douter de la présence de Dieu à ses côtés (ce peut être moi-même, ou quelqu’un d’autre), je fais dans ma prière un acte de foi : « Seigneur Jésus, malgré l’obscurité qui m’entoure, je crois que tu es présent et agissant dans cette situation », « Seigneur Jésus, malgré l’obscurité qui l’entoure, donne à cette personne de continuer à croire en ta présence et en ton action ».