Sainte Cécile

Le 28 avril 1894, Thérèse écrit un poème à sainte Cécile, sa "sainte de prédilection" (Ms A 61), qu'elle affectionnait particulièrement. Ce poème est spécialement dédié à sa sœur Céline pour ses 25 ans, perpétuant ainsi la tradition où Thérèse lui adressait chaque année une belle lettre d'anniversaire. À cette époque, Céline vit seule auprès de leur vieux père, presque inconscient. Ses quatre sœurs ont rejoint le cloître, laissant Céline confrontée à de durs renoncements et aux luttes intérieures entre mariage et vie religieuse, bien qu'elle soit déjà consacrée à Dieu par vœu privé.

Les deux premières strophes reprennent les paroles de l'ange adressées à Cécile et Valérien avant leur martyre. C'est ensuite Thérèse qui parle à Cécile.

«"Époux chéris des Cieux, les roses du martyre Couronneront vos fronts, dit l'ange du Seigneur, Il n'y a pas de voix, il n'y a pas de lyre Capables de chanter cette grande faveur ! [...]

De la virginité, vous voyez le symbole Dans ces lys embaumés que vous envoie l'Agneau Vous serez couronnés de la blanche auréole, Vous chanterez toujours le cantique nouveau. Votre chaste union enfantera des âmes Qui ne rechercheront d'autre époux que Jésus, Vous les verrez briller comme de pures flammes, Près du trône divin, au séjour des élus."

Cécile, prête-moi ta douce mélodie Je voudrais convertir à Jésus tant de cœurs ! Je voudrais comme toi sacrifier ma vie Je voudrais lui donner et mon sang et mes pleurs... Obtiens-moi de goûter sur la rive étrangère Le parfait abandon, ce doux fruit de l'amour. O ma Sainte chérie ! bientôt, loin de la terre, Obtiens-moi de voler près de toi sans retour...»

Avec une délicatesse et une poésie touchantes, Thérèse exalte la beauté et la valeur splendide de la vocation conjugale, tout en guidant Céline vers une fécondité virginale profondément consacrée à l'Époux, Jésus-Christ. La réflexion thérésienne ne se contente pas d'établir un lien entre le mariage, la virginité et le martyre, mais elle propose une virginité féconde, incarnée dans la mission particulière de sa « sainte amie préférée » (Ms A, 61), sainte Cécile, ainsi que de Valérien.

Je médite aujourd'hui sur la beauté du sacrement du mariage et son sens chrétien profond. Je prie aussi pour les personnes consacrées, afin qu'elles vivent pleinement leur chasteté consacrée comme un apostolat fructueux, engendrant spirituellement de nombreuses âmes dans l'amour et l’abandon à Dieu.