Les apparences sont trompeuses

Depuis plus d’un an, Thérèse est plongée dans une douloureuse épreuve de la foi. Pourtant, dans son entourage, personne ne s’en doute.

« Mère chérie, vous le savez bien, le Bon Dieu a daigné faire passer mon âme par bien des genres d’épreuves ; j’ai beaucoup souffert depuis que je suis sur la terre, mais si dans mon enfance j’ai souffert avec tristesse, ce n’est plus ainsi que je souffre maintenant, c’est dans la joie et la paix, je suis véritablement heureuse de souffrir. O ma Mère, il faut que vous connaissiez tous les secrets de mon âme pour ne pas sourire en lisant ces lignes, car y a-t-il une âme moins éprouvée que la mienne si l’on en juge aux apparences ? Ah ! si l’épreuve que je souffre depuis un an apparaissait aux regards, quel étonnement !... Mère bien-aimée, vous la connaissez cette épreuve, je vais cependant vous en parler encore, car je la considère comme une grande grâce que j’ai reçue sous votre priorat béni. »

Il est bien risqué de faire des commentaires sur la souffrance… Écoutons ce que Thérèse nous dit de sa propre souffrance, écoutons comment son témoignage peut nous rejoindre et nous aider à vivre nos propres souffrances. Probablement, lorsqu’elle affirme qu’elle souffre « dans la joie et la paix », elle veut dire que sa souffrance ne la sépare pas de Jésus. Et, mystérieusement, dans la souffrance, elle expérimente qu’elle est même unie d’une façon particulière à Jésus. En effet, dans son mystère pascal, le Christ est demeuré fidèle à son amour pour le Père et pour chacun de nous : la souffrance abyssale et la violence aveugle qui se sont déchaînées contre lui n’ont pas réussi à lui faire renoncer à cet amour. Peut-être que dans sa propre souffrance, Thérèse expérimente aussi que l’amour est plus fort que la mort.

Je prie pour une personne en souffrance que je connais. Je ne juge pas la manière dont elle aborde ses souffrances, je demande pour elle la grâce de demeurer ouverte à l’amour de Dieu et à l’amour des autres.