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Mardi 22 octobre 2024
Manuscrits

Le Galiléen... ou l'Amour Peintre


Thérèse m'écrit

« "Immolez à Dieu des sacrifices de louanges et d'actions de grâces." Voilà donc tout ce que Jésus réclame de nous, il n'a point besoin de nos œuvres, mais seulement de notre amour, car ce même Dieu qui déclare n'avoir point besoin de nous dire s'il a faim, n'a pas craint de mendier un peu d'eau à la Samaritaine. Il avait soif... Mais en disant : "Donne-moi à boire", c'était l'amour de sa pauvre créature que le Créateur de l'univers réclamait. Il avait soif d'amour... Ah ! je le sens plus que jamais Jésus est altéré, il ne rencontre que des ingrats et des indifférents parmi les disciples du monde, et parmi ses disciples à lui, il trouve, hélas ! peu de cœurs qui se livrent à lui sans réserve, qui comprennent toute la tendresse de son Amour infini.

Sœur chérie, que nous sommes heureuses de comprendre les intimes secrets de notre Époux, ah ! si vous vouliez écrire tout ce que vous en connaissez, nous aurions de belles pages à lire mais je le sais, vous aimez mieux garder au fond de votre cœur « Les secrets du Roi », à moi vous dites "qu'il est honorable de publier les œuvres du très-Haut". Je trouve que vous avez raison de garder le silence et ce n'est uniquement qu'afin de vous faire plaisir que j'écris ces lignes, car je sens mon impuissance à redire avec des paroles terrestres les secrets du Ciel, et puis, après avoir tracé des pages et des pages, je trouverais n'avoir pas encore commencé... Il y a tant d'horizons divers, tant de nuances variées à l'infini, que la palette du Peintre Céleste pourra seule, après la nuit de cette vie, me fournir les couleurs capables de peindre les merveilles qu'il découvre à l’œil de mon âme.

Ma Sr Chérie, vous m'avez demandé de vous écrire mon rêve et "ma petite doctrine" comme vous l'appelez... Je l'ai fait dans les pages suivantes mais si mal qu'il me semble impossible que vous compreniez. Peut-être allez-vous trouver mes expressions exagérées... Ah ! pardonnez-moi, cela doit tenir à mon style peu agréable, je vous assure qu'il n'est aucune exagération dans ma petite âme, que tout y est calme et reposé... »

Ms B 1

Je comprends

Si pour le comédien français Molière, tant aimé du roi Louis XIV, le Sicilien est l'Amour Peintre, selon le titre qu'il donnât à sa comédie-ballet de jeunesse ; pour sainte Thérèse, c'est un Galiléen qui est l'Amour Peintre, le "Peintre Céleste" : Jésus de Nazareth.

Thérèse médite sur la soif de Jésus : comment celui qui n'a besoin d'aucune de nos boissons peut-il pourtant ressentir et exprimer une soif ? Et il choisit, pour révéler sa soif d'amour, une femme étrangère qui ne respecte pas les pratiques juives habituelles, une samaritaine. A elle, il ose dire : "Donne-moi à boire!"

A son tour, notre carmélite a entendu cette injonction, "Donne-moi à boire !", comme l'expression parfaite de ce besoin le plus intime du Christ venant solliciter en elle ce qu'elle a de plus incommunicable : non pas de l'eau mais sa capacité à dire "Je t'aime !" Au-delà de ce secret, plus rien n'aura les mêmes couleurs, le même lexique. Tout lui viendra de cet Amour Peintre qui bouscule et renverse toutes ses perspectives habituelles de Thérèse. Et les nôtres ?


Je prie et j'agis

Qui m'appelle à aimer aujourd'hui ? Comment puis-je exprimer mon amour ? Est-ce que la contemplation d'une œuvre d'art pourrait m'aider à mieux aimer ?

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