
Première lecture
En ces jours-là, dans le désert, le peuple, manquant d’eau, souffrit de la soif. Il récrimina contre Moïse et dit : « Pourquoi nous as-tu fait monter d’Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir de soif avec nos fils et nos troupeaux ? » Moïse cria vers le Seigneur : « Que vais-je faire de ce peuple ? Encore un peu, et ils me lapideront ! » Le Seigneur dit à Moïse : « Passe devant le peuple, emmène avec toi plusieurs des anciens d’Israël, prends en main le bâton avec lequel tu as frappé le Nil, et va ! Moi, je serai là, devant toi, sur le rocher du mont Horeb. Tu frapperas le rocher, il en sortira de l’eau, et le peuple boira ! » Et Moïse fit ainsi sous les yeux des anciens d’Israël.
Il donna à ce lieu le nom de Massa (c’est-à-dire : Épreuve) et Mériba (c’est-à-dire : Querelle), parce que les fils d’Israël avaient cherché querelle au Seigneur, et parce qu’ils l’avaient mis à l’épreuve, en disant : « Le Seigneur est-il au milieu de nous, oui ou non ? »
Psaume
Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur !
Venez, crions de joie pour le Seigneur, acclamons notre Rocher, notre salut ! Allons jusqu’à lui en rendant grâce, par nos hymnes de fête acclamons-le !
Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous, adorons le Seigneur qui nous a faits. Oui, il est notre Dieu ; nous sommes le peuple qu’il conduit.
Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ? « Ne fermez pas votre cœur comme au désert, où vos pères m’ont tenté et provoqué, et pourtant ils avaient vu mon exploit. »
Deuxième lecture
Frères, nous qui sommes devenus justes par la foi, nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, lui qui nous a donné, par la foi, l’accès à cette grâce dans laquelle nous sommes établis ; et nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu. Et l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. Alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les impies que nous étions. Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile ; peut-être quelqu’un s’exposerait-il à mourir pour un homme de bien. Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs.
Évangile
Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. Tu es vraiment le Sauveur du monde, Seigneur ! Donne-moi de l’eau vive : que je n’aie plus soif. Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur.
En ce temps-là, Jésus arriva à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph. Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi. Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » – En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des provisions. La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » – En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains. Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. » Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où as-tu donc cette eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? » Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. » La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. » Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. » La femme répliqua : « Je n’ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari : des maris, tu en a eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; là, tu dis vrai. » La femme lui dit : « Seigneur, je vois que tu es un prophète !... Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. » Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. » La femme lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. » Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. » À ce moment-là, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que cherches-tu ? » ou bien : « Pourquoi parles-tu avec elle ? »
La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? » Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers lui.
Entre-temps, les disciples l’appelaient : « Rabbi, viens manger. » Mais il répondit : « Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. » Les disciples se disaient entre eux : « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? » Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. Ne dites-vous pas : ‘Encore quatre mois et ce sera la moisson’ ? Et moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. Dès maintenant, le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit en même temps que le moissonneur. Il est bien vrai, le dicton : ‘L’un sème, l’autre moissonne. ’ Je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté aucun effort ; d’autres ont fait l’effort, et vous en avez bénéficié. »
Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause de la parole de la femme qui rendait ce témoignage : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. » Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y demeura deux jours. Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui, et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »
Méditer avec les carmes
« Je sais qu’un messie doit venir ». - « Je le suis, moi qui te parle ».
Il suffit d’un seul mot du Christ, et la femme de Samarie passe de l’espérance à la réalité. De même, à tout moment d’une vie de foi, que l’on soit tout au début de l’aventure ou que l’on ait parcouru le désert durant des années à la recherche du Seigneur, une seule parole de lui suffit à éclairer la route, la route d’aujourd’hui, la route d’hier, et celle qu’il reste encore à parcourir jusqu’à la cité définitive.
Quand la Samaritaine revenait sur sa propre vie, elle n’y voyait que dégoût, échec et lassitude, que misère et solitude ; mais il a suffi d’une rencontre seule à seul avec l’Envoyé de Dieu pour qu’elle retrouve le sens de sa vie et devienne une missionnaire enthousiaste.
L’essentiel est donc de savoir regarder une vie, notre vie, la vie. Mais cela, seul le Dieu vivant peut nous l’apprendre. Le prophète Ezéchiel en a fait l’expérience lors de sa vision du temple nouveau. En Israël tout semblait fini : le peuple était déporté en Babylonie, la gloire de Dieu avait quitté le temple, le pays était dévasté pour longtemps. Et voilà qu’un mystérieux personnage promène Ezéchiel autour du temple ruiné pour lui faire voir autre chose que la désolation, pour lui faire regarder autrement ce que Dieu a fait, ce que Dieu a permis ;
« Fils d’homme, as-tu vu ? »
Que faut-il voir ? - À la place d’un temple désert et d’un pays ravagé, il faut voir un fleuve d’eau limpide ; - à la place d’un châtiment, il faut voir un torrent de miséricorde, et c’est un torrent-surprise.
Au début, il paraît bien maigre : il faut marcher 500 mètres pour avoir de l’eau jusqu’aux chevilles ; mais encore 500 mètres, et le torrent arrive aux genoux ; encore 500 mètres, et il prend jusqu’aux reins, 500 mètres encore, et il ne reste plus qu’une seule ressource : il faut s’y jeter et nager de toutes ses forces, sans jamais pouvoir le franchir.
Tel est l’amour de Dieu, un amour qui submerge et qu’on ne peut traverser, qui veut tout parce qu’il donne tout. Il accueille même nos misères, pour les transformer en humilité, en espérance, car le torrent de Dieu peut changer en vie tout ce qui paraît stérile et en joie tout ce qui s’en va vers la mort.
Et cela aussi, et Ezéchiel l’a expérimenté dans sa vision du temple : « Le messager m’emmena, puis me ramena aux bords du torrent », ... le temps de changer le décor, de mettre en place l’autre surprise :
« quand il m’eut ramené, voici qu’au bord du torrent il y avait des arbres très nombreux, des deux côtés, des arbres fruitiers de toutes espèces qui donneront chaque mois une nouvelle récolte ; et non seulement les fruits serviront de nourriture, mais leur feuillage servira de remède » (Dieu pense à tout, même à la tisane !)
Mieux encore, nouvelle surprise : Dieu fera fourmiller la vie jusque dans la Mer Morte, et il fera cesser le grand gâchis. Quel gâchis en effet que ce Jourdain et toutes ces eaux qui ruissellent pour rien vers le sud, pour s’évaporer dans cette mer de sel qui est morte parce qu’elle ne permet pas la vie !
Que faut-il de plus pour faire confiance à ce Dieu qui fait toutes choses si nouvelles ? La source d’eau vivante a jailli du côté transpercé de Jésus ; le fleuve de vie sort pour nous du trône de Dieu et de l’Agneau.
« As-tu vu, fils d’homme ? Acceptes-tu de voir ? As-tu compris le torrent de la bonté de Dieu, qui déferle en toi et monte pour tout noyer de tes misères ? L’Esprit de vie change en source tous ceux qui accueillent le message du Christ. Tends l’oreille, « frémis à sa parole ! » (Is 66, 2)
As-tu vu, femme de Samarie ? Femme au cœur partagé, reconnais-tu le don de Dieu ? As-tu vu, fille de Dieu, la gloire de Dieu sur la face du Christ ? Entends jaillir, chaque matin, l’eau vive qu’il devient source en toi. Fais silence ; ouvre les mains. Ferme les yeux, et regarde.