Le dessert préféré du Roi des Rois

Cette Récréation Pieuse prend une place à part parmi les autres pièces théâtrales, car elle s’apparente au genre poétique avec ses 26 couplets, empreints d’une grande portée spirituelle. Thérèse l’a en effet pensée comme une petite célébration, pour la veillée de Noël du 25 décembre 1895. Chacune l’une après l’autre, « par rang de religion », les sœurs viennent piocher un couplet, qui contient une offrande différente. L’heureuse destinataire du billet est invitée à présenter cette offrande à l’Enfant Jésus qui vient, cette nuit-là, tel un Divin petit mendiant, « demander l'aumône aux Carmélites » (titre). Ici, un gâteau !

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Un Gâteau

Vous savez que tout enfant Préfère un gâteau brillant A la gloire d'un empire Offrez donc au Roi des Cieux Un gâteau délicieux Et vous le verrez sourire... Savez-vous du Roi des Rois Quel est le gâteau de choix? C'est la prompte obéissance.... Votre Epoux vous ravissez, Lorsque vous obéissez Comme Lui dans son enfance. »

Dans cette strophe gourmande, Thérèse nous dévoile le gâteau préféré du « Roi des Rois » : « la prompte obéissance ». Quel étrange dessert ! L’obéissance ne nous semble pas la plus alléchante des pâtisseries… Dans les familles, ce terme revêtait autrefois un caractère presque sacré sans qu’on puisse rien trouver à y redire ; aujourd’hui il est souvent déprécié, polémiqué, mal compris, oublié. Et si ce couplet thérésien nous permettait de nous réconcilier avec l’obéissance ?

Car ce que Thérèse appelle ici de ses vœux, c’est que nous obéissions « comme [Jésus] dans son enfance ». Avec Thérèse, obéir à Jésus, c’est tout simplement épouser cette vertu de l’enfance, qui pousse naturellement le tout petit à glisser sa petite main dans la main de son père, de sa mère, et à s’abandonner, sûr et confiant, se sachant inconditionnellement aimé, et protégé. C’est ce à quoi nous invite Jésus également dans l’évangile du jour, lorsqu’il explique aux pharisiens qui reprochent aux disciples de ne pas respecter le repos prescrit par le jour du sabbat que « le Fils de l’homme est maître du sabbat » : l’obéissance, ce n’est pas d’abord suivre les lois des hommes, mais écouter la voix du Bon Pasteur qui nous « appelle chacun par (notre) nom », et le suivre. (Jean 10, 3-4)

Aujourd’hui avec Thérèse, j’offre à mon « Roi des Rois » le plus beau et brillant des gâteaux, même s’il me semble tout petit. Je me fais « petite brebis » du Bon Pasteur pour écouter sa voix et le suivre, aussi souvent que possible dans les petits actes de ma journée.