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Mardi 29 juillet 2025

Manuscrits

La traversée des apparences


Mise en contexte

Thérèse trouve si étrange la manière d’être d’une sœur de sa communauté qu’elle éprouve spontanément une forte antipathie pour elle. Comment parviendra-t-elle à exercer la vertu de charité vis-à-vis de cette sœur ?


Thérèse m'écrit

« Il se trouve dans la communauté une sœur qui a le talent de me déplaire en toutes choses, ses manières, ses paroles, son caractère me semblaient très désagréables. Cependant c’est une sainte religieuse qui doit être très agréable au bon Dieu, aussi ne voulant pas céder à l’antipathie naturelle que j’éprouvais, je me suis dit que la charité ne devait pas consister dans les sentiments, mais dans les œuvres ; alors je me suis appliquée à faire pour cette sœur ce que j’aurais fait pour la personne que j’aime le plus. À chaque fois que je la rencontrais je priais le bon Dieu pour elle, Lui offrant toutes ses vertus et ses mérites. Je sentais bien que cela faisait plaisir à Jésus, car il n’est pas d’artiste qui n’aime à recevoir des louanges de ses œuvres et Jésus, l’Artiste des âmes, est heureux lorsqu’on ne s’arrête pas à l’extérieur mais que, pénétrant jusqu’au sanctuaire intime qu’il s’est choisi pour demeure, on en admire la beauté. Je ne me contentais pas de prier beaucoup pour la sœur qui me donnait tant de combats, je tâchais de lui rendre tous les services possibles et quand j’avais la tentation de lui répondre d’une façon désagréable, je me contentais de lui faire mon plus aimable sourire et je tâchais de détourner la conversation. »

Ms C 13-14


Je comprends

Avec une grande lucidité et une remarquable finesse, Thérèse choisit de ne pas se laisser enfermer par l’antipathie qu’elle éprouve vis-à-vis de cette sœur : même si elle lui est antipathique, il doit être possible de l’aimer. Elle refuse aussi d’identifier la sœur à l’antipathie que, elle, Thérèse, ressent.

Elle distingue en effet deux plans : tout en cette sœur lui « semble » désagréable, mais elle croit que cette sœur « est » très agréable à Dieu. Voilà la clé : Thérèse respecte le mystère de la personne qui est en face d’elle, elle fait l’acte de foi que sa sœur est bien plus que ce qu’elle en perçoit. Et surtout, Thérèse reconnaît que la charité ne consiste pas dans le fait d’éprouver des bons sentiments, mais dans le fait d’engager notre volonté à faire du bien aux autres.

En fait, pour pouvoir aimer cette sœur, Thérèse oriente le regard de son cœur vers la vérité la plus profonde de cette personne, de toute personne : elle est une créature de Dieu, en qui Dieu demeure et que Dieu aime.


Je prie et j'agis

En pensant à une personne que j’ai l’impression d’avoir du mal à aimer, je choisis de lui rendre un service concret (je prie pour elle, je l’aide dans son travail, je lui offre du temps pour discuter avec elle, etc.) Je me rappelle que la charité consiste dans les actes et non pas dans les sentiments.

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