La Miséricorde en visages

Au cours de l’été 1896, Thérèse rédige quatre prières brèves réunies sur une image, pour son bréviaire, représentant l’Enfant-Jésus et la Sainte-Face. Cela fait près d’un an qu’elle a composé son Acte d’offrande à l’Amour Miséricordieux. Thérèse est à la porte de "Gethsémani", de son agonie : les premiers signes de la tuberculose se sont manifestés et elle est entrée brutalement dans la nuit spirituelle depuis la fête de Pâques. Elle traverse courageusement l’épreuve de la foi en l’offrant pour les pécheurs et ceux qui sont loin de Dieu. 

« Père Eternel, puisque vous m'avez donné pour héritage la Face Adorable de votre Divin Fils, je vous l'offre et vous demande en échange de cette Pièce infiniment précieuse, d'oublier les ingratitudes des âmes qui vous sont consacrées et de pardonner aux pauvres pécheurs. »

Dans cette courte prière, Thérèse s’adresse à son Père Éternel, celui qui a donné forme à la terre, mais aussi celui qui l’a enfantée à la vie en lui donnant son fils en héritage. Elle est si unie au Christ en ses deux visages, enfant et souffrant ! Elle offre au Père en un même mouvement une même victime d’holocauste à l’Amour Miséricordieux : Jésus et Thérèse ne sont plus qu’un.L’évangile évoque aujourd’hui le malheur de ceux qui n’ont pas su accueillir cet amour, leur ingratitude et la dureté de leur cœur. Sûre de la miséricorde de Dieu, Thérèse ne peut admettre « qu’aux méchants soit enlevée la lumière » (Job 38, 15). Les deux visages de cette image sont les deux faces d’une pièce infiniment précieuse : la miséricorde de Dieu offerte dans le Christ en rançon pour la multitude. 

Je me répète au long du jour que Jésus m’est donné en héritage, qu’il demeure au plus intime de mon âme. Je prends le temps de le regarder, de chérir en moi son visage d’enfant comme celui de sa Sainte Face et je lui demande de me transformer en lui.