
« Je te reçois comme Epoux »
Mise en contexte
Cette récréation, rédigée pour la sainte Marthe le 29 juillet 1895, offre 41 strophes où Jésus dialogue avec les deux sœurs Marthe et Marie (nommée Madeleine). Cette période est pour Thérèse un temps très fécond dans sa création poétique.
Elle met ici en avant le thème de l’émulation d’amour entre « l’âme pure » et « l’âme repentante », elle qui est à ce moment-là submergée par la miséricorde divine et vient de s’offrir en victime d’holocauste à l’Amour Miséricordieux.
Miséricorde rappelée à Madeleine, puis plus loin dans la composition, « pur amour » au milieu de l’action rappelé à Marie de Béthanie, le dialogue est celui de deux amoureux, véritable débat d’amour, dès le début de la récréation.
Thérèse m'écrit
MADELEINE
Mon Dieu, mon divin Maître Jésus, mon seul amour A vos pieds je veux être J'y fixe mon séjour. En vain sur cette terre J'ai cherché le bonheur Une tristesse amère Seule a rempli mon cœur.
JÉSUS
A mes pieds, Madeleine Tu trouveras toujours Pour consoler ta peine Un doux regard d'amour. Désormais, ô Marie Tu veux vivre pour moi Et moi, toute ma vie Je souffrirai pour toi.
MADELEINE
C'en est trop, mon bon Maître Je me sens défaillir Que ne puis-je renaître En ce jour, ou mourir !.... Comprenez mes alarmes... Jésus.... O mon Sauveur !... J'ai fait couler vos larmes Quelle immense douleur !
JÉSUS
Il est vrai, sur ton âme J'ai répandu des pleurs. Mais d'un seul trait de flamme Je puis changer les cœurs. Ton âme rajeunie Par mon regard divin Dans l'éternelle vie Me bénira sans fin.
MADELEINE
Jésus, votre amour même Fait tressaillir mon cœur Votre bonté suprême Augmente ma douleur. J'ai méconnu vos charmes Et dans mon repentir Je n'ai plus que des larmes Seigneur, à vous offrir.
Je comprends
Selon une exégèse commune à l'époque et ancrée dans la tradition, Thérèse confond les Marie des évangiles : Marie de Magdala (Lc 8, 2) est identifiée à la pécheresse de Lc 7, 36-50 et Marie de Béthanie, sœur de Marthe et Lazare et enfin la femme de l’onction chez Simon le Lépreux (Mc 14, 3-9). En conséquence, elle prénomme Madeleine, Marie la sœur de Lazare. De plus elle met en avant la miséricorde, plus que le thème de l'action et de la contemplation habituellement développé à la lecture de l'épisode de Béthanie où Marthe déplore l'inactivité de sa sœur Marie, restée aux pieds de Jésus (cf. Lc 10).
Je prie et j'agis
Je prends un temps de méditation en ce 14 février, fête des amoureux.
Si je suis en couple, je relis les grâces reçues depuis que nous nous connaissons.
Si je suis marié, je peux m’arrêter aujourd’hui sur l'échange des consentements du sacrement de mariage.
Puis-je identifier dans les liens qui me sont donnés au Christ Jésus en quoi il est mon Époux et comment mon âme est son épouse ?