
Première lecture
Lorsqu’Adam eut mangé du fruit de l’arbre, le Seigneur Dieu l’appela et lui dit : « Où es-tu donc ? » Il répondit : « J’ai entendu ta voix dans le jardin, j’ai pris peur parce que je suis nu, et je me suis caché. » Le Seigneur reprit : « Qui donc t’a dit que tu étais nu ? Aurais-tu mangé de l’arbre dont je t’avais interdit de manger ? » L’homme répondit : « La femme que tu m’as donnée, c’est elle qui m’a donné du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé. » Le Seigneur Dieu dit à la femme : « Qu’as-tu fait là ? » La femme répondit : « Le serpent m’a trompée, et j’ai mangé. » Alors le Seigneur Dieu dit au serpent : « Parce que tu as fait cela, tu seras maudit parmi tous les animaux et toutes les bêtes des champs. Tu ramperas sur le ventre et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie. Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci te meurtrira la tête, et toi, tu lui meurtriras le talon. »
Psaume
Près du Seigneur, est l’amour ; près de lui, abonde le rachat.
Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur, Seigneur, écoute mon appel ! Que ton oreille se fasse attentive au cri de ma prière !
Si tu retiens les fautes, Seigneur, Seigneur, qui subsistera ? Mais près de toi se trouve le pardon pour que l’homme te craigne.
J’espère le Seigneur de toute mon âme ; je l’espère, et j’attends sa parole. Mon âme attend le Seigneur plus qu’un veilleur ne guette l’aurore.
Oui, près du Seigneur, est l’amour ; près de lui, abonde le rachat. C’est lui qui rachètera Israël de toutes ses fautes.
Deuxième lecture
Frères, l’Écriture dit : J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé. Et nous aussi, qui avons le même esprit de foi, nous croyons, et c’est pourquoi nous parlons. Car, nous le savons, celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera, nous aussi, avec Jésus, et il nous placera près de lui avec vous. Et tout cela, c’est pour vous, afin que la grâce, plus largement répandue dans un plus grand nombre, fasse abonder l’action de grâce pour la gloire de Dieu. C’est pourquoi nous ne perdons pas courage, et même si en nous l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Car notre détresse du moment présent est légère par rapport au poids vraiment incomparable de gloire éternelle qu’elle produit pour nous. Et notre regard ne s’attache pas à ce qui se voit, mais à ce qui ne se voit pas ; ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel. Nous le savons, en effet, même si notre corps, cette tente qui est notre demeure sur la terre, est détruit, nous avons un édifice construit par Dieu, une demeure éternelle dans les cieux qui n’est pas l’œuvre des hommes.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors, dit le Seigneur ; et moi, quand j’aurai été élevé de terre, je les attirerai tous à moi. Alléluia.
En ce temps-là, Jésus revint à la maison, où de nouveau la foule se rassembla, si bien qu’il n’était même pas possible de manger. Les gens de chez lui, l’apprenant, vinrent pour se saisir de lui, car ils affirmaient : « Il a perdu la tête. »
Les scribes, qui étaient descendus de Jérusalem, disaient : « Il est possédé par Béelzéboul ; c’est par le chef des démons qu’il expulse les démons. » Les appelant près de lui, Jésus leur dit en parabole : « Comment Satan peut-il expulser Satan ? Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut pas tenir. Si les gens d’une même maison se divisent entre eux, ces gens ne pourront pas tenir. Si Satan s’est dressé contre lui-même, s’il est divisé, il ne peut pas tenir ; c’en est fini de lui. Mais personne ne peut entrer dans la maison d’un homme fort et piller ses biens, s’il ne l’a d’abord ligoté. Alors seulement il pillera sa maison. Amen, je vous le dis : Tout sera pardonné aux enfants des hommes : leurs péchés et les blasphèmes qu’ils auront proférés. Mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon. Il est coupable d’un péché pour toujours. » Jésus parla ainsi parce qu’ils avaient dit : « Il est possédé par un esprit impur. »
Alors arrivent sa mère et ses frères. Restant au-dehors, ils le font appeler. Une foule était assise autour de lui ; et on lui dit : « Voici que ta mère et tes frères sont là dehors : ils te cherchent. » Mais il leur répond : « Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? » Et parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »
Méditer avec les carmes
L’accusation est lourde : « Ce Jésus est possédé par Beelzébūl. Il est de mèche avec le chef des démons. Il est manipulé par un esprit impur. »
Des scribes sont venus dire cela de Jérusalem, de Jérusalem où il n’a pas encore prêché ! Ils diffusent leur critique dans la foule, et Jésus les fait venir pour rétablir la vérité.
Il leur répond d’abord, selon son habitude, par des paraboles.
La première a trait aux phénomènes de division : un royaume, une dynastie, une famille, ne tiendront pas s’ils sont divisés. Satan ne va donc pas se faire des alliés pour se faire chasser par eux ! À mots couverts, Jésus répond donc aux scribes : « C’est une ânerie que vous me sortez là ! »
Deuxième parabole : cette fois il s’agit de contre-attaque. Si l’on veut entrer dans la maison de l’homme fort, il faut d’abord le ligoter. Alors seulement on peut piller ses biens. Et c’est bien cela que Jésus est venu faire : se montrer plus fort que la puissance du mal, ligoter l’Adversaire et délivrer les hommes qu’il a pris sous sa coupe.
Dans la pensée de Jésus, il faut articuler les deux paraboles pour que sa réponse se dégage avec toute sa force : n’attendez pas que le règne du mal explose de l’intérieur : c’est de l’extérieur qu’il faut l’attaquer, avec la puissance que Dieu donne.
Après les paraboles, Jésus propose en clair son enseignement. Tout sera pardonné aux humains, tout : les fautes contre le prochain comme les offenses à Dieu, même répétées. Voilà le principe, et il est d’une générosité inouïe jusqu’alors, digne de l’amour que Dieu manifeste. Tout est pardonnable, mais ajoute Jésus, si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il reste sans pardon à jamais.
Dans le cadre de l’incident que rapporte l’Évangile, ce que vise Jésus est très clair : blasphèment contre l’Esprit Saint ceux qui refusent de voir à l’œuvre en lui la puissance de Dieu, et surtout ceux qui dénaturent ses exorcismes en les attribuant à la puissance du mal.
Si nous cherchons le sens de la parole sévère de Jésus dans notre vie concrète, un obstacle nous arrête tout de suite : il nous est impossible de l’appliquer à qui que ce soit, en disant, par exemple : « Cet homme, cette femme, blasphème contre l’Esprit Saint », car Dieu seul sait ce qui se passe à l’intime de chaque liberté, Dieu seul mesure les conditionnements qui pèsent sur la foi ou l’espérance des hommes.
En revanche, chacun/e de nous peut dire, en toute loyauté : je suis capable, moi, de me fermer à Dieu, à sa parole, à son amour ; je sais où je pourrais dire « non » ; mais j’ai décidé de faire fond sur le Christ, parce qu’il est, en moi et pour moi, le plus fort.