
Première lecture
En ces jours-là, le prophète Élie, de Tishbé en Galaad, dit au roi Acab : « Par le Seigneur qui est vivant, par le Dieu d’Israël dont je suis le serviteur, pendant plusieurs années il n’y aura pas de rosée ni de pluie, à moins que j’en donne l’ordre. » La parole du Seigneur lui fut adressée : « Va-t’en d’ici, dirige-toi vers l’est, et cache-toi près du torrent de Kérith, qui se jette dans le Jourdain. Tu boiras au torrent, et j’ordonne aux corbeaux de t’apporter ta nourriture. » Le prophète fit ce que le Seigneur lui avait dit, et alla s’établir près du torrent de Kérith, qui se jette dans le Jourdain. Les corbeaux lui apportaient du pain et de la viande, matin et soir, et le prophète buvait au torrent.
Psaume
Le secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre.
Je lève les yeux vers les montagnes : d’où le secours me viendra-t-il ? Le secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre.
Qu’il empêche ton pied de glisser, qu’il ne dorme pas, ton gardien. Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, le gardien d’Israël.
Le Seigneur, ton gardien, le Seigneur, ton ombrage, se tient près de toi. Le soleil, pendant le jour, ne pourra te frapper, ni la lune, durant la nuit.
Le Seigneur te gardera de tout mal, il gardera ta vie. Le Seigneur te gardera, au départ et au retour, maintenant, à jamais.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! Alléluia.
En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez- vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés. »
Méditer avec les carmes
La foule massée autour de Jésus sur la montagne pour écouter Jésus est devenue pour nous une »immense foule de témoins », autour du Christ ressuscité, qui de là-haut encouragent nos efforts de sainteté et notre entreprise courageuse de vivre, à notre tour, de l’esprit des Béatitudes.
C’est en suivant le chemin ouvert par Jésus qu’ils ont rejoint la pleine « justice » et se sont totalement ajustés à Dieu et à son plan de salut, et c’est l’Évangile des Béatitudes qu’ils nous laissent, spécialement au Carmel, comme charte de la sainteté. Il ne manque pas, au Carmel, de saintes et de saints que Dieu a placés dans sa vitrine, comme types de sainteté en un siècle ou un autre, comme autant de réponses évangéliques aux besoins de l’Église. Mais nul ne saurait dénombrer les saintes et les saints anonymes qui ont rejoint leur Seigneur dans le silence et que l’œil humain n’a pas vus ni la mémoire des communautés retenus. Ils sont pourtant très près du Seigneur, chantant éternellement la louange de Celui qui ne sait pas décevoir.
Bienheureux sont-ils d’avoir suivi sans se décourager la voie des pauvres en esprit, qui ont tout attendu de la bonté de Dieu. Ils ont mis en Dieu même toute leur espérance de sainteté, se refusant à rien mesurer à l’aune humaine et laissant à Dieu seul le soin de tirer un bilan de leur vie de service. C’est pourquoi le Royaume désormais est à eux.
Bienheureux sont-ils d’avoir reçu de Dieu seul leur consolation, alors que dans leur peine ou leur solitude, personne, leur semblait-il, ne se penchait sur eux.
Bienheureux les doux, qui n’ont jamais passé en force et n’ont usé que des armes de lumière pour faire reconnaître leurs droits ou leurs aspirations.
Bienheureux ceux et celles qui ont eu faim et soif de la vraie justice, qui se sont patiemment ajustés à la volonté divine et ont vécu du désir de rejoindre leur Dieu, compris ou non de leur entourage, soutenus ou non dans leur amour de l’Évangile et de la Règle.
Bienheureux ceux qui ont gardé, au long des années, des trésors de miséricorde, vivant pour faire vivre, et passant comme des rappels de la bonté de Dieu.
Bienheureux ceux et celles qui ont gardé leur cœur pur de toutes les contaminations et de toutes les compromissions que leur offrait le monde. Dieu lui-même se montrera tel qu’il est, et tous, humblement, lui seront semblables dans sa simplicité et son bonheur.
Bienheureux sont-ils maintenant d’avoir cherché et construit la paix, à coups de pardon et de recommencements, à coups d’oublis et d’espérance, en sollicitant toujours le meilleur des personnes.
Bienheureux, tous ceux que l’on a persécutés pour leur projet de justice, pour leur désir de sainteté, car ils possèdent maintenant le Royaume qu’ils ont servi.
Bienheureux tous ceux qui auront entendu et supporté pour le Seigneur toutes sortes de critiques mensongères, toutes sortes de jugements faussés par l’envie ou l’ambition. C’est pour eux le moment de l’allégresse, parce que leur bon droit est maintenant affirmé, et qu’ils ont auprès de Dieu une récompense de prophètes.
Ce qui a fait la sainteté de ces hommes et de ces femmes consacrés au Maître restera sans doute leur secret jusqu’au Jour du Seigneur. Bien peu l’auront pressenti ou deviné, sauf justement « Celui qui voit dans le secret ». Et l’arrivée dans le Royaume sera pour nous une immense surprise. Nous saurons alors comment le Seigneur a été aimé et servi par toutes ces bonnes volontés que nous fêtons aujourd’hui telles que Dieu les connaît.
Une certitude, en tout cas, fait dès aujourd’hui notre joie et celle de l’Église tout entière, c’est que le chemin étroit des Béatitudes a été pour eux le sentier du bonheur ; ils y ont trouvé, tout près de leurs souffrances et de leurs joies, le Dieu de leur appel.