Numéro 6

Le péché contre l'Esprit Saint

Tous ceux qui lisent un tant soit peu l’Évangile l’ont remarqué : certaines paroles de Jésus sont rudes. Mais parmi toutes ses paroles, l’une semble particulièrement redoutable :

« Si quelqu’un dit une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné ; mais si quelqu’un parle contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné, ni en ce monde-ci, ni dans le monde à venir. » (Mt 12,32)

Y aurait-il donc un péché si grave qu’il en deviendrait impardonnable ? Non. En réalité, aucun péché n’est plus grand que la miséricorde de Dieu. Le Catéchisme est formel :

« Il n’est pas de faute, aussi grave soit-elle, que l’Église ne puisse remettre. Cependant, celui qui refuse délibérément d’accueillir la miséricorde de Dieu par le repentir rejette le pardon de ses péchés et le salut offert par l’Esprit-Saint. » (CEC 1864)

L’action de l’Esprit Saint se caractérise par son intériorité. Pécher contre lui signifie alors repousser, par orgueil, certains des élans qu’il met dans notre cœur.

Autrement dit, si ce péché n’est pas pardonné, ce n’est pas que Dieu refuse de le pardonner, mais que l’homme rejette, par orgueil, l’élan même par lequel l’Esprit l’invite à demander pardon.

Le péché contre l’Esprit Saint peut ainsi se résumer à ceci : l’impénitence volontaire.

Attention, il ne s’agit pas d’une ignorance du mal, mais bien plutôt d’un refus de reconnaître ce que Dieu, à travers son Église, désigne comme mal. Cela revient finalement à reproduire le péché d’Adam, c’est-à-dire vouloir choisir, par soi-même, ce qui est bien et ce qui est mal.

Face à un enseignement de l’Église – qu’il s’agisse d’une vérité de foi ou d’une exigence morale – que je ne comprends pas, deux attitudes sont possibles : l’humilité ou l’orgueil.

Soit je reconnais : « Je ne comprends pas pourquoi l’Église affirme cela, et cela me trouble. Mais puisque je crois qu’elle est guidée par l’Esprit-Saint, je choisis de lui faire confiance, et je prierai intensément pour que Dieu m’éclaire. » Voilà la voie de l’humilité.

Soit je dis : « L’Église dit cela, mais je ne suis pas d’accord. Tant que je ne comprendrai pas, je ne croirai pas. » Voilà la voie de l’orgueil, qui place mon jugement au-dessus de celui de Dieu.

Lorsque je me dis : « L’Église me dit que tel acte est un péché, mais je ne suis pas d’accord, donc il n’y a aucune raison que je demande pardon », voilà concrètement ce qu’est l’impénitence volontaire.

Ainsi, si Dieu ne pardonne pas, ce n’est pas que le péché est trop grand, mais que la personne refuse son pardon.

Saint Augustin avait bien raison de dire qu’il n’y a que trois chemins qui conduisent à Dieu : l’humilité, l’humilité et l’humilité.

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