
Première lecture
En ces jours-là, Amazias, le prêtre de Béthel, envoya dire à Jéroboam, roi d’Israël : « Amos prêche la révolte contre toi, en plein royaume d’Israël ; le pays ne peut plus supporter tous ses discours, car voici ce que dit Amos : “Le roi Jéroboam périra par l’épée, et Israël sera déporté loin de sa terre. ” » Puis Amazias dit à Amos : « Toi, le voyant, va-t’en d’ici, fuis au pays de Juda ; c’est là-bas que tu pourras gagner ta vie en faisant ton métier de prophète. Mais ici, à Béthel, arrête de prophétiser ; car c’est un sanctuaire royal, un temple du royaume. »
Amos répondit à Amazias : « Je n’étais pas prophète ni fils de prophète ; j’étais bouvier, et je soignais les sycomores. Mais le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau, et c’est lui qui m’a dit : “Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël. ” Écoute maintenant la parole du Seigneur, toi qui me dis : “Ne prophétise pas contre Israël, ne parle pas contre la maison d’Isaac. ” Eh bien, voici ce que le Seigneur a dit : Ta femme devra se prostituer en pleine ville, tes fils et tes filles tomberont par l’épée, la terre qui t’appartient sera partagée au cordeau, toi, tu mourras sur une terre impure, et Israël sera déporté loin de sa terre. »
Psaume
Les décisions du Seigneur sont justes et vraiment équitables.
La loi du Seigneur est parfaite, qui redonne vie ; la charte du Seigneur est sûre, qui rend sages les simples.
Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur ; le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard.
La crainte qu’il inspire est pure, elle est là pour toujours ; les décisions du Seigneur sont justes et vraiment équitables :
plus désirables que l’or, qu’une masse d’or fin, plus savoureuses que le miel qui coule des rayons.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Dans le Christ, Dieu réconciliait le monde avec lui : il a mis dans notre bouche la parole de la réconciliation. Alléluia.
En ce temps-là, Jésus monta en barque, refit la traversée, et alla dans sa ville de Capharnaüm. Et voici qu’on lui présenta un paralysé, couché sur une civière. Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : « Confiance, mon enfant, tes péchés sont pardonnés. » Et voici que certains parmi les scribes se disaient : « Celui-là blasphème. » Mais Jésus, connaissant leurs pensées, demanda : « Pourquoi avez-vous des pensées mauvaises ? En effet, qu’est-ce qui est le plus facile ? Dire : “Tes péchés sont pardonnés”, ou bien dire : “Lève-toi et marche” ? Eh bien ! pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir, sur la terre, de pardonner les péchés… – Jésus s’adressa alors au paralysé – lève-toi, prends ta civière, et rentre dans ta maison. » Il se leva et rentra dans sa maison. Voyant cela, les foules furent saisies de crainte, et rendirent gloire à Dieu qui a donné un tel pouvoir aux hommes.
Méditer avec les carmes
Jamais cet homme n’avait ressenti aussi douloureusement sa paralysie. Non seulement, comme tous les jours, il était incapable de marcher, mais il était, ce jour-là, incapable de s’approcher de Jésus. Qu’a-t-il fait ? S’est-il découragé, a-t-il abandonné tout espoir, en se disant : « La guérison, c’est pour les autres, ceux qui ont de la chance ! » ? Non ; il a osé demander ce service à quatre camarades : portez-moi jusqu’à Jésus ! Il a accepté d’avoir besoin des autres, et les quatre porteurs sont entrés de bon cœur dans son projet et son acte de foi. L’Évangile le souligne ; il ne dit pas : Jésus vit sa foi, mais leur foi, et c’est à leur foi commune qu’il a voulu répondre.
Tous les jours ce mystère de la bonté de Jésus et de la charité des hommes se reproduit sous nos yeux ; tous les jours, si nous le voulons, nous pouvons y entrer. Partout, autour de nous, des paralysés sont là, immobiles, sur leur brancard, avec, dans leurs yeux, toute leur détresse, et toute leur espérance. Ce sont les pauvres de Jésus, pauvres de moyens de vivre, pauvres de santé, d’amitié, d’espérance. Et leurs yeux nous disent : Me conduiras-tu jusqu’à Jésus ? Me porteras-tu à Jésus ? Saisiras-tu mon brancard avec trois autres volontaires ?
Seul Jésus peut rejoindre nos frères jusqu’au fond de leur misère, et aimer tous les pauvres du monde. Notre lot à nous, c’est l’impuissance, même lorsque nous servons les pauvres à longueur de journée ; car, pour un brancard que nous portons, il en est cent qui restent à terre. Et vous, sœurs du Carmel, vous n’avez même pas la consolation d’avoir soulagé au moins quelques misères, car Jésus vous veut au poste avancé de la prière, et c’est dans le cœur du Maître qu’il vous faut rejoindre ceux qui souffrent, les tout proches comme les plus lointains.
Voilà donc le paralysé aux pieds de Jésus, guettant un geste, une parole. Or la première parole de Jésus est tout à fait surprenante, inattendue. Elle va faire appel encore plus à la foi de cet homme : « Confiance, mon fils, tes péchés sont pardonnés ». Le paralysé aurait pu dire : « Mais, Seigneur, ce n’est pas cela que je te demande ! Je veux marcher, ce sont mes jambes que je veux ! Je viens à toi avec la misère de mes jambes, et tu me parles de péché ! »
Jésus aurait pu commencer par guérir le corps, et s’occuper ensuite du cœur de cet homme et de son péché. Pour lui c’était aussi facile de dire : « Lève-toi et marche », que : « Tes péchés te sont remis ! », car Jésus avait pouvoir aussi bien sur le malheur que sur le mal. Il commence par le mal, pour l’ôter du cœur de l’homme, comme pour dire : « Le grand malheur pour toi, c’est le péché ». Mais pour bien nous montrer que la souffrance du monde est un tourment pour lui, Jésus ajoute aussitôt : « Lève-toi ; prends ta civière et va dans ta maison ».
Et l’homme se lève, guéri de son péché et guéri dans son corps. Il emporte sa civière, pour oublier tout son passé de souffrance, car Jésus vient de faire de lui un homme nouveau, tourné vers l’avenir, avec une nouvelle espérance.
Aujourd’hui encore, mes sœurs, nous allons rencontrer Jésus, nous allons communier à son Corps et à son Sang. C’est le moment de quitter notre civière, de laisser là toutes les tristesses du passé, toutes les craintes pour l’avenir. Jésus est là, de quoi aurions-nous peur ? Jésus est là, qui nous guérit, soyons heureux de le servir, « rien que pour aujourd’hui », comme disait la petite Thérèse.