
Première lecture
En ces jours-là, l’ange du Seigneur vint s’asseoir sous le térébinthe d’Ofra, qui appartenait à Joas, de la famille d’Abièzer. Gédéon, son fils, battait le blé dans le pressoir, pour le soustraire au pillage des Madianites. L’ange du Seigneur lui apparut et lui dit : « Le Seigneur est avec toi, vaillant guerrier ! » Gédéon lui répondit : « Pardon, mon Seigneur ! Si le Seigneur est avec nous, pourquoi tout ceci nous est-il arrivé ? Que sont devenus tous ces prodiges que nous ont racontés nos pères ? Ils nous disaient : “Est-ce que le Seigneur ne nous a pas fait monter d’Égypte ? ” Mais aujourd’hui le Seigneur nous a abandonnés, en nous livrant au pouvoir de Madiane… » Alors le Seigneur regarda Gédéon et lui dit : « Avec la force qui est en toi, va sauver Israël du pouvoir de Madiane. N’est-ce pas moi qui t’envoie ? » Gédéon reprit : « Pardon, mon Seigneur ! Comment sauverais-je Israël ? Mon clan est le plus faible dans la tribu de Manassé, et moi je suis le plus petit dans la maison de mon père ! » Le Seigneur lui répondit : « Je serai avec toi, et tu battras les Madianites comme s’ils n’étaient qu’un seul homme. » Gédéon lui dit : « Si j’ai trouvé grâce à tes yeux, donne-moi un signe que c’est bien toi qui me parles. Ne t’éloigne pas d’ici avant que je revienne vers toi. Je vais chercher mon offrande et je la placerai devant toi. » Le Seigneur répondit : « Je resterai jusqu’à ton retour. »
Gédéon s’en alla, il prépara un chevreau, et avec une mesure de farine il fit des pains sans levain. Il mit la viande dans une corbeille, et le jus dans un pot, puis il apporta tout cela sous le térébinthe et le lui présenta. L’ange de Dieu lui dit : « Prends la viande et les pains sans levain, pose-les sur ce rocher et répands le jus. » Gédéon obéit. Alors l’ange du Seigneur étendit le bâton qu’il tenait à la main, et il toucha la viande et les pains sans levain. Le feu jaillit de la roche, consuma la viande et les pains sans levain, et l’ange du Seigneur disparut. Alors Gédéon comprit que c’était l’ange du Seigneur, et il dit : « Malheur à moi, Seigneur mon Dieu ! Pourquoi donc ai-je vu l’ange du Seigneur face à face ? » Le Seigneur lui répondit : « Que la paix soit avec toi ! Sois sans crainte ; tu ne mourras pas. » À cet endroit, Gédéon bâtit un autel au Seigneur sous le vocable de Seigneur-de-la-paix.
Psaume
Ce que dit le Seigneur, c’est la paix pour son peuple.
J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ? Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple et ses fidèles ; qu’ils ne reviennent jamais à leur folie !
Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ; la vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice.
Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit. La justice marchera devant lui, et ses pas traceront le chemin.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Jésus Christ s’est fait pauvre, lui qui était riche, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté. Alléluia.
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Amen, je vous le dis : un riche entrera difficilement dans le royaume des Cieux. Je vous le répète : il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux. » Entendant ces paroles, les disciples furent profondément déconcertés, et ils disaient : « Qui donc peut être sauvé ? » Jésus posa sur eux son regard et dit : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible. » Alors Pierre prit la parole et dit à Jésus : « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre : quelle sera donc notre part ? » Jésus leur déclara : « Amen, je vous le dis : lors du renouvellement du monde, lorsque le Fils de l’homme siégera sur son trône de gloire, vous qui m’avez suivi, vous siégerez vous aussi sur douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël. Et celui qui aura quitté, à cause de mon nom, des maisons, des frères, des sœurs, un père, une mère, des enfants, ou une terre, recevra le centuple, et il aura en héritage la vie éternelle. Beaucoup de premiers seront derniers, beaucoup de derniers seront premiers. »
Méditer avec les carmes
Les deux textes d’aujourd’hui sont cousus, ou pour le moins faufilés, par un double thème : les limites de l’homme et la puissance de Dieu qui sauve.
Les limites de l’homme sont évidentes ; mais la présence active de Dieu bien souvent ne peut être perçue que par la foi.
Ainsi de Gédéon, pressé de rentrer son grain pour le soustraire aux razzias des Madianites. Le Seigneur a une mission pour lui et l’insinue déjà dans la salutation de son envoyé : « Le Seigneur est avec toi, vaillant guerrier ! « - Avec moi, peut-être, pense Gédéon ; avec nous, ce n’est pas évident... « Pardon, mon Seigneur, si le Seigneur est avec nous, d’où vient tout ce qui nous arrive ?... Le Seigneur nous a abandonnés, livrés au pouvoir de Madian ! » La réponse de Dieu balaie d’un coup toutes les objections et tous les pièges. C’est la réponse d’un Dieu libre qui conforte l’homme dans sa liberté :
« Va, avec cette force qui est tienne, et tu sauveras Israël c’est moi qui t’envoie ! » « Va » : c’est un ordre, une mission. « Avec ta force, telle qu’elle est », car telle qu’elle est, je veux m’en servir ;
« Tu sauveras Israël » : c’est bien toi qui vas combattre ; mais c’est moi qui donnerai la victoire : « C’est moi qui t’envoie ». La moisson est disproportionnée, mais Dieu n’a que faire de nos calculs de probabilité. À chacun de nous il demande seulement : « Donne-moi ta force, telle qu’elle est ! »
Dans l’Évangile, Jésus ajoute même : abandonne-moi ce qui fait ta richesse, si tu veux entrer dans le règne de Dieu.
Nous sommes toujours trop encombrés de nous-mêmes, de notre avoir ou de nos désirs, et par là inadaptés au style du Royaume. Entrer dans la mission de Jésus, c’est devenir un fil fin et souple pour l’aiguille de Dieu, car c’est Dieu qui coud et qui brode.
Entendant les paroles de Jésus, les disciples furent extrêmement frappés, et ils disaient : « Qui peut être sauvé ? » Qui aura jamais cette finesse et cette légèreté que Jésus réclame ?
Jésus les regarda, de ce regard qui ouvrait toujours l’espérance, et il leur dit : « Pour les hommes, c’est impossible ; mais pour Dieu, tout est possible.
La vraie force du disciple de Jésus, c’est la confiance. Allons donc avec cette force qui est nôtre.