
Première lecture
Écoutez la parole du Seigneur, vous qui êtes pareils aux chefs de Sodome ! Prêtez l’oreille à l’enseignement de notre Dieu, vous, peuple de Gomorrhe ! Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de ma vue vos actions mauvaises, cessez de faire le mal. Apprenez à faire le bien : recherchez le droit, mettez au pas l’oppresseur, rendez justice à l’orphelin, défendez la cause de la veuve.
Venez, et discutons – dit le Seigneur. Si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront aussi blancs que neige. S’ils sont rouges comme le vermillon, $ ils deviendront comme de la laine. Si vous consentez à m’obéir, les bonnes choses du pays, vous les mangerez ; mais si vous refusez, si vous vous obstinez, c’est l’épée qui vous mangera. – Oui, la bouche du Seigneur a parlé.
Psaume
À celui qui veille sur sa conduite, je ferai voir le salut de Dieu.
« Écoute, mon peuple, je parle ; Israël, je te prends à témoin. Je ne t’accuse pas pour tes sacrifices ; tes holocaustes sont toujours devant moi.
« Vais-je manger la chair des taureaux et boire le sang des béliers ? Offre à Dieu le sacrifice d’action de grâce, accomplis tes vœux envers le Très-Haut.
« Qu’as-tu à réciter mes lois, à garder mon alliance à la bouche, toi qui n’aimes pas les reproches et rejettes loin de toi mes paroles ?
« Voilà ce que tu fais ; garderai-je le silence ? Penses-tu que je suis comme toi ? Qui offre le sacrifice d’action de grâce, celui-là me rend gloire. »
Évangile
Ta parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. Rejetez tous les crimes que vous avez commis, faites-vous un cœur nouveau et un esprit nouveau. Ta parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance.
En ce temps-là, Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples, et il déclara : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens : ils élargissent leurs phylactères et rallongent leurs franges ; ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi. Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. »
Méditer avec les carmes
Saint Matthieu a rassemblé, dans ce chapitre vingt-trois extrêmement rigoureux, les principaux griefs Jésus contre les Pharisiens, qui se posaient en maîtres à penser du peuple des croyants :
le Pharisien dit et ne fait pas ;
il dit, et fait faire par les autres ;
quand il fait quelque chose, c’est pour se faire remarquer ;
le Pharisien met Dieu à son service, et ramène à lui tous les honneurs : la première place dans les banquets, le premier rang à la synagogue, et les salutations sur la place : " Ils aiment à se faire appeler rabbi par les hommes ».
« Mais, dit Jésus, - et il s’adresse aux disciples, hommes et femmes, qui l’écoutent - ne vous faites pas appeler rabbi », c’est-à-dire : ne tirez pas un profit personnel de la vérité que vous servez, de la parole que vous annoncez, du message qui vous est confié. En disant cela, Jésus n’exclut pas les responsabilités ni l’autorité au sein de sa communauté (l’Église), mais il entend écarter l’autoritarisme et la vanité, et des deux, c’est sans doute l’autoritarisme qui est le plus grave, car la vanité d’un/e responsable trouve souvent sa sanction immédiate : sa parole se voit dévaluée ; tandis que l’autoritarisme usurpe les droits du Christ sur son Église, les droits de l’unique Maître des consciences et des vies.
Devant lui, devant la vérité qu’il nous apporte, devant l’amour qu’il nous propose, nous nous retrouvons comme des frères et sœurs, sans préséance, sans concurrence, sans privilège ; heureux d’une commune adhésion, et libres dans nos différences. « Vous n’avez qu’un seul didascale (enseignant), et vous êtes tous frères ».
Et Jésus d’ajouter : « N’appelez personne’père’sur la terre ». Il ne s’agit pas, bien sûr, de cette relation à notre père terrestre, qui est inaliénable et qui nous structure jusque dans notre être d’adultes. Jésus vise le titre de père que dans les écoles les disciples donnaient à leur rabbi.
C’est une autre tentation que Jésus envisage maintenant : non plus la tentation du pouvoir spirituel ou intellectuel :... « Ne vous faites pas appeler… », mais la tentation du mimétisme, de l’engouement, de l’identification trop facile à un maître humain... »N’appelez personne ainsi sur la terre ». Car Dieu seul, le Dieu du ciel, mérite une adhésion de tout l’être ; Dieu seul garantit toute vérité et tient toute promesse. Dieu seul nous prend totalement en charge, en nous donnant Jésus comme chemin, comme vérité, comme vie ; et ce titre de Jésus, personne au monde ne peut se l’arroger.
« Ne vous faites pas appeler guides, car vous n’avez qu’un seul guide, le Christ ».