4ème parole : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Les trois premières paroles de Jésus sur la Croix étaient des paroles de miséricorde. Cette quatrième parole exprime sa douleur de Rédempteur.

Jésus est à la fois Dieu et homme, et si son esprit est toujours dans le Ciel avec le Père, son corps est bel et bien encore sur la terre. C’est ainsi que selon les différents moments de sa vie terrestre, la béatitude de son esprit rejaillit plus ou moins sur son corps.

Celle-ci se manifeste parfois pleinement, comme lorsqu’il exulte : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits… » (Mt 11,25)

Mais elle disparait parfois complètement comme maintenant sur la Croix et depuis Gethsémani. C’est à ce moment que Jésus crie : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?» (Ps 21,1).

Ces paroles sont les premières du Ps 21, psaume messianique par excellence. Dans celui-ci le psalmiste est bafoué et mis à mort par ses paires : « Des chiens me cernent, une bande de vauriens m'entoure. Ils me percent les mains et les pieds… » (Ps 21,17). Sa condition ressemble étrangement à la Passion de Jésus : « Ils partagent mes habits et tirent au sort mon vêtement… » (Ps 21,19).

En récitant les premières paroles de ce psaume, Jésus en reprend le cri à son compte, accomplissant ainsi pleinement cette prophétie messianique. Par ce cri, il s’unit à l’humanité blessée, à ceux qui souffrent de l’absence apparente de Dieu, aux petits et aux faibles, opprimés par les puissants et les orgueilleux.

Mais si ces paroles résonnent comme un cri de douleur, elles ne sont pas désespoir. Dans le psaume, Dieu vient finalement au secours du psalmiste. A partir du verset 20, celui-ci se tourne vers Dieu et lui lance son appel : « ô ma force, viens vite à mon aide ! » (Ps 21,20). Et Dieu intervient : « Tu m'as répondu ! Et je proclame ton nom devant mes frères !» (Ps 21,22-23).

Une fois de plus, cette Parole est pour nous. Jésus nous révèle qui il est vraiment : le Messie rédempteur. Mais il nous enseigne aussi que, lorsque nous sommes au plus bas, persécutés et accablés, nous ne devons pas désespérer, mais lever la tête et appeler Dieu, notre Père. Et lui viendra nous sauver.