
Première lecture
Bien-aimé, voilà ce que tu dois enseigner et recommander. Si quelqu’un donne un enseignement différent, et n’en vient pas aux paroles solides, celles de notre Seigneur Jésus Christ, et à l’enseignement qui est en accord avec la piété, un tel homme est aveuglé par l’orgueil, il ne sait rien, c’est un malade de la discussion et des querelles de mots. De tout cela, il ne sort que jalousie, rivalité, blasphèmes, soupçons malveillants, disputes interminables de gens à l’intelligence corrompue, qui sont coupés de la vérité et ne voient dans la religion qu’une source de profit. Certes, il y a un grand profit dans la religion si l’on se contente de ce que l’on a. De même que nous n’avons rien apporté dans ce monde, nous n’en pourrons rien emporter. Si nous avons de quoi manger et nous habiller, sachons nous en contenter. Ceux qui veulent s’enrichir tombent dans le piège de la tentation, dans une foule de convoitises absurdes et dangereuses, qui plongent les gens dans la ruine et la perdition. Car la racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent. Pour s’y être attachés, certains se sont égarés loin de la foi et se sont infligé à eux-mêmes des tourments sans nombre. Mais toi, homme de Dieu, fuis tout cela ; recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur. Mène le bon combat, celui de la foi, empare-toi de la vie éternelle ! C’est à elle que tu as été appelé, c’est pour elle que tu as prononcé ta belle profession de foi devant de nombreux témoins.
Psaume
Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux !
Pourquoi craindre aux jours de malheur ces fourbes qui me talonnent pour m’encercler, ceux qui s’appuient sur leur fortune et se vantent de leurs grandes richesses ?
Nul ne peut racheter son frère ni payer à Dieu sa rançon : aussi cher qu’il puisse payer, toute vie doit finir.
Ne crains pas l’homme qui s’enrichit, qui accroît le luxe de sa maison : aux enfers il n’emporte rien ; sa gloire ne descend pas avec lui.
De son vivant, il s’est béni lui-même : « On t’applaudit car tout va bien pour toi ! » Mais il rejoint la lignée de ses ancêtres qui ne verront jamais plus la lumière.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Tu es béni, Père, Seigneur du ciel et de la terre, tu as révélé aux tout-petits les mystères du Royaume ! Alléluia.
En ce temps-là, il arriva que Jésus, passant à travers villes et villages, proclamait et annonçait la Bonne Nouvelle du règne de Dieu. Les Douze l’accompagnaient, ainsi que des femmes qui avaient été guéries de maladies et d’esprits mauvais : Marie, appelée Madeleine, de laquelle étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Kouza, intendant d’Hérode, Suzanne, et beaucoup d’autres, qui les servaient en prenant sur leurs ressources.
Méditer avec les carmes
C’est l’Évangile des femmes, et c’est l’occasion pour nous de leur restituer toute la place qu’elles avaient dans la vie et l’œuvre du Christ.
Jésus nous est décrit comme un itinérant : « Il faisait route à travers villes et villages », un jour ici, un jour là, des journées surchargées ; jamais deux nuits au même endroit. De temps à autre les gens se regroupaient à plusieurs milliers, pour entendre Jésus parler du Règne de Dieu ; cependant, à le suivre tous les jours il n’y avait qu’un groupe restreint, les Douze, bien sûr - et c’est toujours à eux qu’on pense - mais aussi des femmes, itinérantes elles aussi, et données tout entières à la mission de Jésus.
Saint Luc en nomme trois, pour nous faire imaginer toutes les autres.
Il y avait la Marie du bourg de Magdala, au bord du lac.
Jésus l’avait libérée de sept démons. Sept possessions ? sept maladies ? Les deux malheurs étaient très mêlés dans l’esprit des gens de l’époque. Ce qui est sûr, c’est que Marie de Magdala avait été une femme profondément perturbée. Or elle est la première nommée dans l’équipe des femmes, et on la retrouvera aux grands moments : au pied de la Croix et près du tombeau vide.
Quelle leçon d’espérance dans le destin de cette femme ! Sans doute bien des gens la jugeaient-ils trop marquée par le malheur et irrécupérable. Jésus, lui, a fait d’elle la première de ses missionnaires ! Il est vrai qu’elle s’est laissé faire.
Dans le groupe on remarquait aussi Jeanne. Aisée, sans doute élégante, elle était la femme de Kouza, l’intendant d’Hérode. Une femme du monde, en quelque sorte. Or elle aussi suivait Jésus, de village en village, comme une missionnaire parmi d’autres.
De la troisième, Suzanne, nous ne connaissons que le nom, mais elle aussi avait été guérie par Jésus.
Beaucoup d’autres suivaient également le Maître, et « aidaient de leurs biens » la petite troupe. L’indication est précieuse : même Jésus et ses disciples ne vivaient pas de l’air du temps. Dès le début de l’Évangile il a fallu veiller à l’intendance, et Jésus a accepté très simplement l’aide de ces quelques femmes pour gérer le quotidien.
Madeleine, Jeanne, Suzanne et les autres : à elles toutes, elles nous apportent un merveilleux message de confiance. Au service du Seigneur, personne n’est écarté, personne n’est disqualifié, ni par son passé, ni par son histoire, ni par sa faiblesse physique, ni par ses chutes morales, ni par sa pauvreté, ni même par sa richesse.
Chacune est aimée pour elle-même, accueillie comme elle est, et irremplaçable aux yeux du Seigneur.
Chacune se voit confier le service de l’Évangile. Une seule condition : suivre Jésus avec un cœur de pauvre.