Neuvaine préparatoire à l'Annonciation
Jour nº5 - Lundi 20 mars 2023

Comment cela va-t-il se faire ? - L’homélie

Parole du Seigneur 

Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais pas d’homme ? » (Luc 1, 34)


Méditation

Bioéthique

Tout apprentissage, chez les Grecs comme chez les Hébreux, dans les sommes médiévales comme dans les catéchismes de l’époque moderne se fait par « question-réponse ». Aussi, Marie désireuse d’apprendre, avide de la Parole de Dieu, interroge-t-elle l’ange annonciateur. La première parole de la Vierge dans les Évangiles est une question. L’ange lui a livré son message. Mais après avoir écouté cette Parole de Dieu pour elle, Marie questionne. 

La première parole de Marie dans l’Écriture, c’est significatif, est une question et même une question de bioéthique pourrait-on dire : « Comment cela va-t-il se faire puisque je suis Vierge ? » Que signifie cette étrange interrogation ? Faut-il y voir un manque de foi de la Vierge, ou une défaillance dans la promptitude de son obéissance ?  Bien au contraire, la Tradition soulignera que la Vierge en posant cette question se montre sage et prudente. Elle n’est pas une de ces vierges folles, insouciantes dont parle l’Évangile (Mt 25, 1-13). Au moment où son divin Époux viendra à elle, elle ne veut pas manquer d’huile. Elle applique par avance les conseils de son Fils : « Quand tu veux bâtir une tour commence par t’asseoir pour voir si tu as de quoi… » (cf. Luc 14, 28-33). La comparaison avec Zacharie qui après une annonce similaire de l’ange pose lui aussi une question est éclairante. Zacharie réplique à l’ange : « D’après quoi être sûr de ce que tu dis car moi je suis un vieillard et ma femme est avancée en âge » (Luc 1, 18). Le vieux prêtre exprime un doute et c’est pourquoi il perdra la parole. La Vierge, elle, croit, et concevra la Parole. Elle ne doute pas de ce que l’ange lui annonce, elle demande seulement comment cela se réalisera.

Un peu plus loin dans l’Évangile, Marie interrogera son Fils dans le Temple : « Mon enfant, pourquoi nous as tu fait cela ? » (Luc 2, 48). Marie, c’est bien clair, ne craint pas d’interroger. Nous aussi, nous ne devons pas craindre de questionner. Il est bon pour nous aussi d’interroger notre foi, de chercher à comprendre, de frapper aux portes des Saintes Écritures pour qu’elles nous soient ouvertes. C’est la foi qui est en quête de l’intelligence d’elle-même, fides quaerens intellectum. La Vierge avait peut-être appris dans les psaumes cette façon familière et confiante d’interroger le Tout-Puissant. Une des grandes questions du sage est la suivante : Comment rendrai-je au Seigneur, tout le bien qu’il m’a fait ? (Psaume 115, 12) Vous connaissez la réponse, elle vient dans le verset suivant du psaume : « J’élèverai la coupe du Salut », le saint sacrifice de la messe est la réponse.

Mettre en pratique 

À la messe, après avoir entendu la Parole de Dieu, nous devons nous demander : « Comment cela va-t-il se faire ? Comment cette Parole va-t-elle s’accomplir en ma vie ? » C’est le rôle de l’homélie de faire de cette Parole qu’on lit une Parole qu’on vit. Car il ne s’agit pas seulement d’écouter la Parole mais de la mettre en pratique, de lui faire prendre chair en quelque sorte. Comme Marie, nous écoutons la Parole pour qu’elle prenne chair en nous. C’est ainsi que nous devenons d’une certaine manière la mère du Seigneur. N’est-ce pas précisément ce que Jésus a dit : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique. » (Luc 8, 21) Souvenons-nous de la parabole qui clôt le sermon sur la montagne. Jésus dit que celui qui écoute la Parole de Dieu sans la mettre en pratique ressemble à un homme qui a bâti sa maison sur le sable. « La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont rués sur cette maison, elle s’est écroulée et son écroulement a été complet ! » (Mt 7, 27) 

L’homélie a pour but d’actualiser la Parole de Dieu, de lui faire prendre chair en nos existences concrètes. Or, n’est-ce point Marie qui doit nous servir ici de modèle ? Par l’Esprit Saint, elle a donné chair au Verbe. Dans l’iconographie, elle est d’ailleurs représentée quelquefois tenant un encrier dans lequel Jésus son Fils trempe une plume pour tracer des mots sur un parchemin. Cette allégorie de la plume et de l’encrier, que l’on trouve par exemple dans un admirable tableau de Botticelli, nous livre un profond mystère. Le Verbe divin s’est écrit tout entier par Marie en lettres de chair et de sang.

Une conversation familière

D’une langue « véloce comme le calame du scribe » (Ps 44, 2), le prêtre fait l’homélie. Le mot grec « homélie » désigne une conversation familière. Sur la route d’Emmaüs, les deux disciples par exemple « s’homéliaient l’un l’autre » (Luc 24, 14) c’est-à-dire qu’ils conversaient entre eux. Dans les autobus en Grèce il est indiqué qu’il est interdit de faire une homélie au chauffeur pendant qu’il conduit le véhicule ! L’homélie n’a donc rien d’un sermon, encore moins d’une quatrième lecture ! Elle doit nous faire entrer dans un dialogue à bâtons rompus avec la Sainte Écriture que l’on vient d’entendre proclamer. Elle est une catéchèse au sens étymologique, c’est-à-dire qu’elle doit faire que la Sainte Écriture entre en résonance avec la vie de chacun des auditeurs. Elle doit leur permettre de répondre à la question de l’accomplissement : « Comment cela va-t-il se faire » ? En ce sens, le modèle de toutes les homélies demeurera toujours celle que fit Jésus en la synagogue de Nazareth : « Aujourd'hui s'accomplit ce passage de l'Écriture que vous venez d’entendre. »


CHANT : Comment es-tu foyer de feu ?

Syméon le Nouveau Théologien (adapt. J.F Frié) — Levain

Comment es-tu foyer de feu et fraîcheur de la fontaine, une brûlure, une douceur qui rend saines nos souillures ? Comment fais-tu de l'homme un dieu, de la nuit une lumière, et des abîmes de la morttires-tu la vie nouvelle ? Comment la nuit vient-elle au jour ? Peux-tu vaincre les ténèbres, porter ta flamme jusqu'au cœur et changer le fond de l'être ?Comment n'es-tu qu'un avec nous, nous rends-tu fils de Dieu même ? Comment nous brûles-tu d'amour et nous blesses-tu sans glaive ? Comment peux-tu nous supporter, rester lent à la colère, et de l'ailleurs où tu te tiens voir ici nos moindres gestes ? Comment de si haut et de si lointon regard suit-il nos actes ? Ton serviteur attend la paix, le courage dans les larmes !


Intercession 

Aujourd’hui Seigneur, nous te confions nos vies, si peu évangéliques… Que ton Esprit Saint nous donne la lucidité pour voir ce qu’il faut changer et la force de conformer nos vies à ta sainte volonté. Nous t’en prions, Seigneur.


Notre Père 

Notre Père, qui es aux Cieux, Que ton nom soit sanctifié, Que ton règne vienne, Que ta volonté soit faite sur la Terre comme au Ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Pardonne-nous nos offenses, Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous laisse pas entrer en tentation Mais délivre-nous du Mal. Amen.

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