
Première lecture
Frères, les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance. Jadis, en effet, vous avez refusé de croire en Dieu, et maintenant, par suite du refus de croire d’une partie d’Israël, vous avez obtenu miséricorde ; de même, maintenant, ce sont eux qui ont refusé de croire, par suite de la miséricorde que vous avez obtenue, mais c’est pour qu’ils obtiennent miséricorde, eux aussi. Dieu, en effet, a enfermé tous les hommes dans le refus de croire pour faire à tous miséricorde.
Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la connaissance de Dieu ! Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables ! Qui a connu la pensée du Seigneur ? Qui a été son conseiller ? Qui lui a donné en premier et mériterait de recevoir en retour ? Car tout est de lui, et par lui, et pour lui. À lui la gloire pour l’éternité ! Amen.
Psaume
Dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi.
R/ Dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi.
Me voici, humilié, meurtri, que ton salut, Dieu, me redresse. Et je louerai le nom de Dieu par un cantique, je vais le magnifier, lui rendre grâce.
Les pauvres l’ont vu, ils sont en fête : « Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu ! » Car le Seigneur écoute les humbles, il n’oublie pas les siens emprisonnés.
Car Dieu viendra sauver Sion et rebâtir les villes de Juda. Il en fera une habitation, un héritage : patrimoine pour les descendants de ses serviteurs, demeure pour ceux qui aiment son nom.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, dit le Seigneur. Alléluia.
En ce temps-là, Jésus disait au chef des pharisiens qui l’avait invité : « Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ; sinon, eux aussi te rendraient l’invitation et ce serait pour toi un don en retour. Au contraire, quand tu donnes une réception, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; heureux seras-tu, parce qu’ils n’ont rien à te donner en retour : cela te sera rendu à la résurrection des justes. »
Méditer avec les carmes
L’amour vrai est à fonds perdu.
C’est ainsi que Dieu nous aime, sans attendre que nous soyons dignes de lui. Il nous donne même ce qui en nous va pouvoir lui plaire. Aimer à fonds perdu : ce réflexe de gratuité ne nous est pas naturel, et saint Paul nous indique le sentier à prendre.
Tout commence et recommence par un changement de notre regard.
Tant que nous restons figés sur l’image de nous-mêmes, nous réagissons, dit Paul, au niveau des rivalités ou de la vaine gloire. À partir du moment où nous commençons vraiment à regarder ceux et celles qui vivent avec nous, beaucoup de mouvements spontanés s’inversent dans notre cœur.
Il ne nous appartient pas de donner à l’autre ce qui va le rendre digne d’être aimé : cela, c’est l’affaire de Dieu seul ; mais nous pouvons découvrir ce qui fait la valeur de l’autre ; nous pouvons le chercher, le voir et le promouvoir : « Que chacun, par l’humilité, estime les autres supérieurs à soi-même. »
En tout cela, rien d’artificiel. Il ne s’agit pas de prêter à l’autre un charisme qu’il n’a pas ni d’attendre de lui des services qu’il ne peut rendre, mais d’apprécier à leur juste valeur les tâches qu’il accomplit, les qualités de cœur et d’intelligence dont il fait preuve, et le courage avec lequel il assume son histoire, ses épreuves, sa vocation et son témoignage.
Comme il est bon, comme il est réconfortant, d’admirer en l’autre ce que Dieu fait pour lui et ce qu’il fait pour Dieu, de regarder l’autre selon le meilleur de lui-même.
La valorisation de l’autre, c’est, selon Paul, le premier pas concret vers l’unité. C’est un moyen privilégié de renouveler l’affection fraternelle ; c’est le chemin de la vraie compassion, celle qui réconforte toujours parce qu’elle n’est jamais condescendante.
Dans une famille, dans une fraternité ou une communauté, plus se développe ce regard valorisant sur les autres, ce regard calqué sur le regard de Dieu, plus aussi apparaissent les marques de la vie trinitaire (2 Co 13, 13) : la grâce du Seigneur Jésus-Christ, qui appelle et réconforte, l’amour de Dieu le Père, stimulant de tout amour, et la communion dans l’Esprit Saint.