
Première lecture
Le Seigneur s’adressa à Job du milieu de la tempête et dit : « As-tu, une seule fois dans ta vie, donné des ordres au matin, assigné son poste à l’aurore, pour qu’elle saisisse la terre aux quatre coins et en secoue les méchants ? La terre alors prend forme comme argile sous le sceau et se déploie tel un vêtement ; aux méchants est enlevée la lumière, et le bras qui se levait est brisé. Es-tu parvenu jusqu’aux sources de la mer, as-tu circulé au fond de l’abîme ? Les portes de la mort se sont-elles montrées à toi, les as-tu vues, les portes de l’ombre de mort ? As-tu réfléchi à l’immensité de la terre ? Raconte, si tu sais tout cela ! Quel chemin mène à la demeure de la lumière, et l’obscurité, quel est son lieu, pour que tu conduises chacune à son domaine et discernes les sentiers de sa maison ? Si tu le sais, alors tu étais né, et le nombre de tes jours est bien grand ! » Job s’adressa au Seigneur et dit : « Moi qui suis si peu de chose, que pourrais-je te répliquer ? Je mets la main sur ma bouche. J’ai parlé une fois, je ne répondrai plus ; deux fois, je n’ajouterai plus rien. »
Psaume
Conduis-moi, Seigneur, sur le chemin d’éternité.
Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais ! Tu sais quand je m’assois, quand je me lève ; de très loin, tu pénètres mes pensées, Que je marche ou me repose, tu le vois, tous mes chemins te sont familiers.
Où donc aller, loin de ton souffle ? où m’enfuir, loin de ta face ? Je gravis les cieux : tu es là ; je descends chez les morts : te voici.
Je prends les ailes de l’aurore et me pose au-delà des mers : même là, ta main me conduit, ta main droite me saisit.
C’est toi qui as créé mes reins, qui m’as tissé dans le sein de ma mère. Je reconnais devant toi le prodige, l’être étonnant que je suis.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur. Alléluia.
En ce temps-là, Jésus disait : « Malheureuse es-tu, Corazine ! Malheureuse es-tu, Bethsaïde ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, il y a longtemps que leurs habitants auraient fait pénitence, avec le sac et la cendre. D’ailleurs, Tyr et Sidon seront mieux traitées que vous lors du Jugement. Et toi, Capharnaüm, seras-tu élevée jusqu’au ciel ? Non, jusqu’au séjour des morts tu descendras !
Celui qui vous écoute m’écoute ; celui qui vous rejette me rejette ; et celui qui me rejette rejette celui qui m’a envoyé. »
Méditer avec les carmes
Chorazin, Beitsaïda, Capharnaüm : trois villes privilégiées par Jésus qui ont vu ses miracles sans se convertir, qui ont profité de sa bonté sans ouvrir leur cœur, et qui n’ont pas su « reconnaître le temps de sa visite » (Lc 19, 44).
À maintes reprises, dans les Évangiles, Jésus revient sur cette idée, et parle d’occasion manquée, d’inertie devant la grâce ou d’aveuglement consenti. Ces différentes formes du refus suscitaient en lui une sorte d’étonnement douloureux. Fils de Dieu envoyé dans le monde, il percevait, dans le mystère de sa personne, quelle offre inouïe Dieu faisait aux hommes, quel amour Dieu leur manifestait, et quelle lumière s’était levée dans leurs ténèbres. Mais les fils de la promesse se détournaient de Celui qui venait l’accomplir. Quel contraste avec la foi toute droite de l’officier romain, avec la gratitude du lépreux samaritain, avec l’audace de la Cananéenne !
Le malheur des trois villes insouciantes et orgueilleuses, c’est aussi, à certaines heures, le malheur de nos communautés, si souvent interpellées par la parole de Jésus, si souvent visitées par sa grâce, et qui ont tant de mal à rester en état de conversion.
Mais à quoi servirait-il de s’appesantir sur les lourdeurs ou l’impuissance de nos communautés ? Nous-mêmes, personnellement, nous prenons conscience que nous laissons parfois sans écho la parole de Jésus et que nous le faisons attendre quand il nous apporte, gratuitement, sa liberté de Fils.
Là est la différence entre nous et les saints. Eux ont couru, comme Zachée, vers l’endroit où Jésus passait. Eux ont présenté à Jésus leur main desséchée. Eux sont restés, paisibles, sur un chemin d’humilité ; et ils ont saisi comme autant de faveurs de Dieu les occasions de s’oublier et de servir gratuitement.
Ils ont compris d’où viendrait le bonheur, et spontanément ils ont tout vendu ; ils ont tout livré de leurs richesses et de leur sécurité pour acheter la perle.