La prudence, 1° vertu cardinale

La prudence, vertu essentielle à la perfection humaine, guide le chrétien à discerner et choisir le bien moral en conformité avec la volonté divine. Par l’intercession de Notre-Dame du Bon Conseil, cette sagesse inspirée par l’Esprit Saint éclaire chacun dans sa marche vers le salut, appelant à une vie conforme au dessein d’amour et de providence de Dieu.


La prudence, clef de la perfection

Les anciens ont beaucoup parlé de cette vertu, et nous devons leur en savoir gré. Ils nous ont enseigné que, dans un certain sens, la valeur de l'homme se mesure à l'aune du bien moral qu'il réalise dans la vie. Or, c'est précisément là ce qu'assure la vertu de Prudence. L'homme prudent, qui s'engage pour tout ce qui est vraiment bon, s'efforce de mesurer toute chose, toute situation et toute son activité à l'aune du bien moral.

Il faut donc considérer comme prudent non pas - comme on le fait souvent - celui qui sait se débrouiller dans la vie et en tirer le plus grand avantage, mais plutôt celui qui sait construire sa vie en suivant la voix d'une droite conscience ainsi que les exigences de l'authentique morale.

Ainsi donc la Prudence est-elle la clef pour la réalisation de la tâche fondamentale que le Seigneur a confiée à chacun d'entre nous. Cette tâche, c'est la perfection même de l'homme.

La prudence évangélisée

Chacun de nous tient son humanité de Dieu. À nous de nous comporter en conséquence. Mais le chrétien a le droit et le devoir de considérer la vertu de Prudence encore d'un autre point de vue. Elle est comme l'image de la providence de Dieu projetée dans l'homme concret. Car - la Genèse nous l'apprend - l'homme a été créé à l'image et ressemblance de Dieu. Et Dieu réalise son plan dans l'histoire de la création et surtout dans l'histoire de l'humanité.

L'objet de ce dessein est - selon l'enseignement de saint Thomas d'Aquin - le bien suprême de l'univers. Considéré dans l'histoire de l'humanité, le même dessein divin devient simplement le dessein du salut, un dessein qui nous embrasse tous. Au centre même de sa réalisation se trouve Jésus-Christ, expression de l'éternel amour et de la sollicitude de Dieu même, Père, pour le salut de l'homme. C'est en même temps l'expression pleine de la divine Providence.

Et bien, l'homme qui est à l'image de Dieu doit être - je cite encore saint Thomas - en quelque sorte la Providence. Mais à sa mesure. Il peut participer à cette grande marche de toutes les créatures vers ce but qu'est le bien de la création. Il doit - pour nous exprimer encore davantage dans le langage de la foi - participer au dessein du divin Salut. Il doit marcher vers le Salut et aider les autres à se sauver. En aidant les autres, il se sauve lui-même.

Chacun de nous se posera donc la question

Chacun de nous se posera donc la question :

  • Suis-je prudent dans ce sens-là ? Mon programme de vie tend-il à mon vrai bien ? Tend-il à la réalisation de mon salut, tel que le veulent le Christ et l'Église ?

  • L'étudiant et l'étudiante qui m'écoutent aujourd'hui, le garçon et la fille, considéreront sous cet éclairage leurs devoirs de classe, leurs lectures, leurs passe-temps, le choix de leurs amis et amies.

  • Le père et la mère de famille qui m'écoutent, penseront à leurs devoirs d'époux et de parents.

  • Sous ce même éclairage, le ministre ou l'homme d'État considérera ses devoirs et ses responsabilités. Cherche-t-il le vrai bien de la société, de la nation, de l'humanité ? Ou n'a-t-il en vue que des intérêts particuliers ?

  • Si j'ai parmi mes auditeurs un journaliste, un publiciste ou une personne qui a une influence sur l'opinion publique, il réfléchira sur la portée de son influence.

Le pape qui vous parle

Et moi, le Pape qui vous parle, que dois-je faire pour agir avec prudence ?

Je pense aux lettres adressées par Albino Luciani, alors patriarche de Venise, à Saint Bernard. Dans sa réponse au cardinal Luciani, saint Bernard, docteur de l'Église, rappelle avec force que celui qui gouverne doit être prudent.

Que doit faire le nouveau Pape pour agir avec prudence ? Il doit certainement faire beaucoup.

Il doit toujours se renseigner et toujours méditer sur ces problèmes.

Est-ce tout ? Non. Il doit en outre prier pour avoir le don de Conseil.

Le don de conseil, don de l'Esprit Saint

Et tous ceux qui désirent que le nouveau Pape soit un pasteur prudent de l'Église, auront à cœur de demander pour lui le don de Conseil.

Et qu'ils demandent aussi pour eux-mêmes ce don, par l'intercession de Notre-Dame du bon Conseil.

Il faut en effet souhaiter que tous les hommes se comportent avec prudence et que les détenteurs du pouvoir soient animés par une authentique Prudence.

Puisse l'Église, fortifiée par les dons du Saint-Esprit et en particulier par le don de Conseil, s'insérer efficacement dans cette grande marche vers le bien de tous, et montrer à tous la voie du Salut éternel.


Sa sainteté le pape Jean-Paul II

Audience du 25 octobre 1978,

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