La vie d'amour et de foi de la sainte famille

La vie de la Sainte Famille à Nazareth, humble et ordinaire en apparence, révèle à travers Marie un chemin profond de foi, d’obéissance et de service, où la Vierge incarne l’exemple lumineux d’une vie mariale vécue dans la simplicité, la prière et la confiance en Dieu. En suivant cette voie commune, Marie nous invite à découvrir la sainteté au cœur même des réalités familiales et quotidiennes.


Les éléments présents dans nos évangiles suffisent à nous faire entrevoir la vie de la famille.

Une vie d’admiration et d’émerveillement.

Car si Joseph et Marie se sont étonnés de ce que disaient les bergers ou le vieillard Syméon au sujet de Jésus (cf. Luc 2,18 et 2,33), combien plus ont-ils dû admirer Jésus lui-même, présent en leur maison durant toutes ces années d’intimité à Nazareth !

Une vie de louange

comme la Vierge en donne l’exemple dans le Magnificat (Luc 1, 46-55).

Une vie de piété,

comme le montre leur pèlerinage à Jérusalem et leur fidèle accomplissement de la Loi de Moïse (cf. Luc 2,22-24.39 et 2,41).

Une vie d’obéissance et d’humilité

comme l’indique la soumission du Fils de Dieu à ses parents (Luc 2,51). Dans la famille « le plus grand se fait serviteur » (cf. Mc 10,43) ; l’obéissance est à rebours de la dignité des êtres : le Fils de Dieu est soumis à l’Immaculée qui est soumise à l’homme juste.

Une vie de service aimant

comme le suggère l’empressement de la Vierge à servir sa cousine (Luc 1,39).

Une vie de prière et de méditation

car « Marie conservait toutes ces choses et les méditait dans son cœur » (Luc 2,19 cf. 2,51).

Une vie pauvre

comme l’indique l’offrande des deux tourterelles prévues pour les personnes de peu de ressources (Luc 2,24).

Une vie d’épreuves

qui les mènera comme une famille émigrée à gagner l’Égypte (Mt 2,14).

Une vie de labeur

dans l’atelier du charpentier (cf. Mc 6,3).

Une vie de foi surtout,

car malgré les avertissements célestes dont ils avaient été les bénéficiaires, Marie et Joseph ne cheminaient pas dans la claire vision mais bien dans l’obscurité de notre condition terrestre. Ils ne prétendent pas être dispensés des soucis familiaux.

Lorsqu’il s’agit de fuir en exil, ils ne se targuent pas d’une protection spéciale de Dieu qui leur épargnerait les devoirs élémentaires de la prudence humaine.

Ils sont sans présomption. Ils connaissent les affres de tout parent et de tout éducateur jusqu’à l’anxiété[1] parfois. Ils ne comprenaient pas tout (cf. Luc 2,50), mais ils vivaient de confiance en Dieu. Aussi peut-on dire de la Vierge en ces années de Nazareth qu’elle « menait sur terre une vie semblable à celle de tous, remplie par les soins et les labeurs familiaux »[2].

Dans son beau et long poème « Pourquoi je t’aime ô Marie », composé peu de temps avant sa mort, Thérèse de l’Enfant Jésus (V1897) exprime comment la Vierge Marie a voulu suivre la voie commune en marchant dans la foi :

Je sais qu’à Nazareth, mère pleine de grâces

Tu vis très pauvrement ne voulant rien de plus

Point de ravissements, de miracles, d’extases

N’embellissent ta vie, ô Reine des élus !...

Le nombre des petits est bien grand sur la terre

Ils peuvent sans trembler vers toi lever les yeux

C’est par la voie commune, incomparable Mère

Qu’il te plaît de marcher pour les guider aux Cieux[3]

Méditant sur l’épisode du recouvrement de Jésus au Temple à 12 ans, Thérèse en tire cette leçon :

Mère, ton doux enfant veux que tu sois l’exemple

De l’âme qui le cherche en la nuit de la foi.[4]


[1] cf Luc 2,48 "Ton père et moi, dit Marie, nous sommes au supplice (odunwmenoi) en te cherchant", le mot employé par saint Luc est extrêmement fort, il s’agit d’une anxiété torturante.

[2] Vatican II, Apostolicam actuositatem n°1,4

[3] Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Face, Pourquoi je t’aime ô Marie

[4] ibid.


Guillaume de Menthière, Je vous salue Marie, Paris 2005.

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