Marie, Mère de la miséricorde
Le titre marial de « Mère de la miséricorde », né à Cluny grâce à saint Odon, révèle la profonde confiance en l’intercession maternelle de Marie, qui accompagne et conduit les âmes vers le salut. Cette dévotion, née d’une vision mariale, souligne la tendresse et la puissance de Marie comme refuge sûr dans la miséricorde divine.
C'est de Cluny que s'est répandu le titre marial de « Mère ou Reine de la miséricorde ». La tradition clunisienne raconte comment l'origine du titre « Mater misericordiae » fut liée à un événement de la vie de saint Odon († 943), second abbé de Cluny et initiateur de la réforme monastique.
Le saint bénédictin réussit à convertir un voleur qui ensuite se sentit appelé à la vie monastique et mena une existence marquée par une ferveur religieuse intense. Pendant la grave maladie qui le mena à la mort, ce religieux confia à Odon le fait qu'il eut une vision de la Vierge qui s'était présentée à lui comme « Mère de la miséricorde » et lui avait promis de le porter avec elle en paradis[1].
Ayant entendu le récit, Odon commença à nourrir une prédilection remarquable pour le titre de « Mère de la miséricorde » qu'il répéta souvent, comme par exemple dans cette belle prière :
« O Dame, mère de miséricorde, toi qui dans cette nuit as donné au monde le Sauveur, sois pour moi une digne intercétrice. Je me réfugie dans ton enfantement glorieux et singulier, o très pieuse ; mais toi, incline vers mes prières l'oreille de ta bonté.
Je crains énormément que ma vie puisse déplaire à ton Fils ; mais comme, o Dame, il s'est révélé au monde par toi, je te prie : puisse-t-il par ton intervention avoir immédiatement pitié de moi. »[2]
[1] Vita sancti Odonis 2, 20, PL 133, 72 AB [2] Vita sancti Odonis PL 133, 47 BC
L. GAMBERO, Maria nel pensiero dei teologi latini medievali, ed San Paolo, 2000, p. 98