Thérèse de L. : par Marie, devenir la Femme nouvelle
La mariologie de Thérèse de Lisieux a eu un rôle prophétique, elle a anticipé et inspiré la mariologie du Concile Vatican II.
La mariologie de sainte Thérèse de Lisieux
Sainte Thérèse de Lisieux n’a pas commis la faute, encore très diffuse, d’anticiper dans la vie historique de Marie la gloire sublime et suprême de sa résurrection et de son Assomption. Au contraire, elle a mis en lumière le fait que Marie a cheminé par la voie commune[1].
Marie, notre modèle vivant
Cette vérité a des conséquences : Marie devient alors notre modèle vivant.
La relation de Thérèse à la Vierge Marie
La relation de Thérèse à la Vierge Marie est affective et confiante.
Thérèse est convaincue qu’en allant " par Marie à Jésus " et " par Marie aux âmes ", elle ne fera jamais mauvaise figure ni comme sœur [de Jésus] ni comme sœur. Elle a accueilli la dévotion mariale comme un besoin du cœur, comme un devoir et un droit filial, comme vraie jouissance. Elle n’a pas éprouvé de sentiments d’envie ou de rivalité envers la Vierge Marie, mais elle s’est toujours maintenue en communion et en dépendance d’elle, dans un crescendo d’amour.
De là ses déclarations d’estime et d’affection :
« Il est vrai que nulle vie humaine n’est exempte de fautes, seule la Vierge Immaculée se présente absolument pure devant la Majesté Divine. »[2].
« Je t’aime », répète Thérèse dans sa poésie mariale[3].
Thérèse aime Marie parce qu’elle est aimable, parce qu’elle est belle, si belle...[4].
Ne pas aimer la Vierge est pour Thérèse une absurdité et donc le rejet de Marie est ingratitude et automutilation, satanisme[5].
« Comment ne pas t’aimer, ô ma Mère chérie En voyant tant d’ amour *et tant d’humilité ? [...] * Tu nous aimes, Marie, comme Jésus nous aime [...] * Tu prodigues pour nous tout le sang de ton cœur * ! »[6]
Thérèse, "doux miroir de Marie"
Chaque mère est modèle et maîtresse de la famille en général et des filles en particulier[7]. Marie est donc modèle et maîtresse de la maison de Dieu « qui est l’Église »[8], et de toutes les femmes chrétiennes selon le charisme de chacune. Thérèse a compris et vécu cette vérité.
Nous le savons de ses consœurs qui l’ont appelée le " doux le miroir de la miséricordieuse Vierge Marie ". Et nous l’apprenons de Thérèse elle-même :
« Et je suis ton enfant, ô ma Mère chérie Tes vertus, ton amour, ne sont-ils pas à moi ? Aussi lorsqu’en mon cœur descend la blanche Hostie Jésus, ton Doux Agneau, croit reposer en toi !... »[9]
La conscience mariale : devenir Marie
Thérèse a acquis une conscience mariale. Ce n’est pas un processus automatique : on naît Ève et on devient Marie.
Thérèse adhère volontairement et amoureusement à la Maman du Ciel :
« Je veux vivre avec toi, te suivre chaque jour. » [10]
Unie étroitement à sa Mère, Thérèse grandit merveilleusement bien : elle se libère progressivement des misères d’Ève et se revêt des merveilles de la femme nouvelle.
Cela se sent dans les paroles, cela se voit dans les actions.
Dans la V° Préface de la Vierge Marie du nouveau missel italien, on peut lire :
« Dans le Christ, nouvel Adam, et en Marie, nouvelle Ève, est apparue ton Église, prémices de l’humanité rachetée. »
Source :
Padre Lino Cignelli, franciscain et professeur à la faculté théologique pontificale "la Flagellation" à Jérusalem, cité in :
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Lino CIGNELLI, La marianità di Teresa di Lisieux, Rivista di Ascetica e mistica 66 (1997), 203-228, p. 205-217.
[1] Poésie 54, 1. 17s cf. Concile Vatican II, LG 58 [2] Lettre 202 [3] Poésie 54 [4] Ms A 30r° [5] Gn 3, 15 ; Ap 12 [6] Poésie 54, 21 [7] Prov. 1, 8-9 et Prov. 31, 1 ss. [8] 1Tm 3, 15 [9] Poésie 54, 5 [10] Poésie 54, 18