
Première lecture
Paul, apôtre du Christ Jésus par ordre de Dieu notre Sauveur et du Christ Jésus notre espérance, à Timothée, mon véritable enfant dans la foi. À toi, la grâce, la miséricorde et la paix de la part de Dieu le Père et du Christ Jésus notre Seigneur. Je suis plein de gratitude envers celui qui me donne la force, le Christ Jésus notre Seigneur, car il m’a estimé digne de confiance lorsqu’il m’a chargé du ministère, moi qui étais autrefois blasphémateur, persécuteur, violent. Mais il m’a été fait miséricorde, car j’avais agi par ignorance, n’ayant pas encore la foi ; la grâce de notre Seigneur a été encore plus abondante, avec la foi, et avec l’amour qui est dans le Christ Jésus.
Psaume
Seigneur, mon partage et ma coupe !
Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge. J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu ! Seigneur, mon partage et ma coupe : de toi dépend mon sort. »
Je bénis le Seigneur qui me conseille : même la nuit mon cœur m’avertit. Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il est à ma droite : je suis inébranlable.
Tu m’apprends le chemin de la vie : devant ta face, débordement de joie ! À ta droite, éternité de délices !
Évangile
Alléluia. Alléluia. Bienheureuse Vierge Marie ! Près de la croix du Seigneur, sans connaître la mort elle a mérité la gloire du martyre. Alléluia.
Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui.
Méditer avec les carmes
Pour fêter la Vierge Marie, Reine du Carmel, la liturgie ne manquait pas de textes riants, qui chantaient la joie de sa maternité envers le Fils de Dieu et envers les hommes. Pourtant elle est allée, poussée par une sorte d’instinct théologique, vers ce récit des derniers moments de Jésus, où la Mère et le Fils se retrouvent devant le plus grand mystère que Dieu leur ait donné à vivre, devant la mort du Bien-Aimé hors de sa vigne, qui marque aussi le sommet de l’existence de Marie, Mère de la Vie et Mère des Vivants.
Toutes les mères le savent : jamais on n’est plus mère, que lorsque l’enfant souffre. La mère voudrait prendre sur elle la détresse de l’enfant ; et l’âge n’y fait rien. Elle voudrait, si c’était possible souffrir et mourir à la place de l’enfant. Depuis des mois, Marie sentait se resserrer sur son Fils l’étau de la haine. Lui qui était passé partout en semant le bien ne recueillait qu’hostilité et ingratitude ; lui qui avait guéri tant de fois jusqu’à la nuit tombée n’entendait plus que des cris de haine et de mort, et ces cris pénétraient comme autant d’épées dans son cœur de mère.
La grande consolation de l’homme Jésus a été de n’être pas seul dans ce passage à travers la souffrance : une femme était au rendez-vous, sa maman de Nazareth, elle qui avait porté dans le silence toutes les joies et les peines de son ministère, elle qui avait compris peu à peu les choix et le destin de son Fils, elle qui savait porter en silence ce qui restait de mystérieux pour elle dans les desseins de Dieu !
Voyant si forte et si soumise, si grande dans sa douleur, celle qu’il aimait plus que tout au monde, Jésus dit : « Femme, voici ton fils ». Puis il dit au disciple : « Voici ta mère ». C’était à la fois son testament de fils et le don d’une nouvelle mission à celle qui l’avait suivi jusqu’au bout dans les douleurs de sa compassion. Désormais l’humble femme de Nazareth, sans se départir de sa pauvreté, voyait sa maternité s’agrandir aux dimensions du monde entier. Désormais la Mère de Jésus recevait pour fils et pour filles tous ceux qui accepteraient d’être vivifiés par la mort de son grand Fils. Désormais ces hommes et ces femmes, quelles que soient leurs joies ou leurs épreuves, sauraient, et par une promesse solennelle de Jésus, que la propre Mère du Messie serait là et se pencherait sur eux.
Si nous prenons résolument « chez nous » Celle que Jésus nous a laissée en s’enfonçant dans la mort pour surgir à une vie nouvelle, aucune de nos peines, aucun de nos enthousiasmes ne restera hors de son sens éternel ; et si loin que nous allions dans la faiblesse ou la déréliction, la présence de la Mère de Jésus nous accompagnera, pour que nous fassions de chacun de nos instants une offrande éternelle. N’allons pas croire qu’en plaçant notre vie sous le rayonnement de la Croix, nous nous condamnions à une vie triste, en quelque sorte en sursis de la mort. C’est au contraire l’assurance d’une vie en Christ pleine et totale où ceux que nous aimons sur la terre seront constamment ramenés à Lui.
Daigne la Mère de Jésus à son tour nous prendre chez elle, pour que chez elle, dans le quotidien de notre Nazareth, nous apprenions, comme elle l’a appris, le chemin des Béatitudes.