Ste Thérèse de Lisieux (1873-1897), Docteur de l'Église
Thérèse Martin (Alençon, 2 janvier 1873 - Lisieux, 30 septembre 1897), en religion sœur Thérèse de l'Enfant Jésus de la Sainte Face, plus connue sous l'appellation de sainte Thérèse de Lisieux, est une religieuse carmélite, de renommée internationale. Morte à 24 ans, elle a été qualifiée par le pape Pie X comme « la plus grande sainte des temps modernes ». Proclamée Patronne secondaire de la France et des missions et Docteur de l’Église, par le saint pape Jean-Paul II, au titre de « Docteur de l’amour », en 1997, elle est fêtée le 1er octobre.
Une vie très brève
Thérèse Martin est née le 2 janvier 1873 à Alençon, de Louis et Zélie Martin, époux d’une grande piété. Thérèse est la petite dernière, d’une famille de neuf enfants, dont quatre sont morts en bas âge. Il lui reste quatre grandes sœurs : Marie, Pauline, Léonie et Céline, qui, toutes, deviendront religieuses (Marie, Pauline et Céline au Carmel, et Léonie à la Visitation).
Le 28 août 1877, à l’âge de quatre ans et demi, Thérèse perd sa maman d’un cancer du sein. Thérèse, profondément atteinte, choisit alors sa grande sœur Pauline comme « Petite Mère ».
Quelques mois plus tard, en novembre, Louis Martin et ses cinq filles s’installent à Lisieux, dans la maison des Buissonnets, et se rapprochent ainsi d’Isidore Guérin, le frère de Zélie.
La guérison de Thérèse
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La guérison de Thérèse. Reliquaire
Lorsqu’en 1882, sa « petite Mère », Pauline, entre au carmel, Thérèse tombe gravement malade. Sa famille prie Notre-Dame des Victoires, et le 13 mai 1883, jour de la Pentecôte, alors que ses sœurs prient la Vierge Marie, Celle-ci lui sourit. Thérèse est instantanément et définitivement guérie et recevra confirmation de cette grâce par la Vierge Marie elle-même, en l’église Notre-Dame-des-Victoires de Paris, quatre ans plus tard, en 1887.
Le 8 mai 1884, Thérèse fait sa Première communion et se consacre à la Vierge Marie.
Noël 1886
Deux ans plus tard, à Noël 1886, Thérèse reçoit une grâce de conversion, qui la fait sortir de l’enfance.
« Jésus me revêtit de ses armes et, depuis cette nuit je ne fus vaincue en aucun combat, mais au contraire je marchais de victoire en victoire et commençais pour ainsi dire une course de géant.[1]* »*
L’entrée au carmel
Le 9 avril 1888, jour de l’Annonciation, Thérèse entre au carmel. Elle prononce ses vœux définitifs le 8 septembre 1890, en la fête de la Nativité de Marie, à l’âge de 17 ans et demi, et prend le nom de Sœur Thérèse de l’Enfant Jésus de la Sainte Face.
Les écrits de Thérèse
En 1893, Thérèse écrit sa première poésie, puis en 1894, ses premières récréations pieuses[2]. En décembre 1894, au cours d’une récréation, la Prieure, Mère Agnès de Jésus, ordonne à Thérèse d’écrire ses souvenirs d’enfance. Durant toute l’année 1895, Thérèse écrit donc ce qui deviendra le Manuscrit A, première partie de l’Histoire d’une âme. Elle le remettra à Mère Agnès pour sa fête le 20 janvier 1896. Elle écrit le Manuscrit B à la demande de Sœur Marie du Sacré-Cœur en septembre 1896. En juin 1897, sur la suggestion de Mère Agnès, Mère Marie de Gonzague demande à Thérèse de noter ses souvenirs de carmélite, qui deviendront le Manuscrit C.
La maladie, l’épreuve de la foi et la mort
Dans la nuit du jeudi au vendredi saint 1896, Thérèse crache du sang, ce qu’elle perçoit « *comme un doux et lointain murmure qui m’annonçait l’arrivée de l’Époux *» (Ms C, 5r°). Ce sont les premiers signes de la tuberculose qui l’emportera un peu plus d’un an plus tard, le 30 septembre 1897, à l’âge de 24 ans. Quelques jours après, elle est plongée dans de terribles ténèbres spirituelles. Elle écrit ainsi :
« Il permit que mon âme fût envahie par les plus épaisses ténèbres et que la pensée du Ciel si douce pour moi ne soit plus qu’un sujet de combat et de tourment… Cette épreuve ne devait pas durer quelques jours, quelques semaines, elle devait ne s’éteindre qu’à l’heure marquée par le Bon Dieu et… cette heure n’est pas encore venue…[3] »*
Elle mourra le 30 septembre 1897, à l’âge de 24 ans.
La place de la Vierge Marie dans la vie de Thérèse
L’existence courageuse, depuis la petite enfance orpheline, jusqu’à sa mort douloureuse, est vécue par Thérèse sous « le manteau virginal de Marie », avec l’humble simplicité de « l’enfant Jésus », et dans la contemplation de la « face » de Jésus crucifié. Le saint pape Jean-Paul II, qui a proclamé précisément Thérèse de Lisieux docteur de l’Église en 1997 et a consacré une encyclique sur Marie Mère du Rédempteur, a d’ailleurs affirmé que la théologie mariale de Thérèse annonçait celle du concile Vatican II.
La voie spirituelle de Thérèse : une « petite «voie»
Sa voie spirituelle, qu’elle décrit dans son journal (publié sous le titre : Histoire d’une âme) est marquée par la confiance et l’amour.
Thérèse aime dire :
«dans le cœur de l’Église, ma mère, je serai l’amour».
Comme femme consacrée dans la virginité, Thérèse vit profondément avec Marie et dans l’Église, dans ce « Cœur brûlant d’Amour » qui est inséparablement celui de Marie et de l’Église[4], cœur d’Épouse donné à Jésus seul et cœur de Mère donné à Jésus et ouvert à tous les hommes créés et sauvés par Lui. C’est ainsi qu’elle s’offrira pour les criminels et pour les prêtres.
L’ouragan de gloire
Après la mort de Thérèse, Histoire d’une âme se diffuse très rapidement. Des foules de pèlerins viennent prier sur sa tombe et plusieurs miracles la rendront célèbre, dont celui de la petite Édith (future Édith Piaf) qui recouvrera la vue. Le carmel reçoit chaque jour des centaines de lettres attestant de grâces reçues par l’intercession de Thérèse : guérisons, conversions, apparitions de Thérèse. La dévotion à Thérèse s’amplifiera particulièrement pendant la première guerre mondiale (1914-1918) car de nombreux soldats, français et allemands et leurs familles, se confient à elles et reçoivent de nombreuses grâces. Ils seront très nombreux à écrire au Pape pour demander sa béatification.
Pie XI proclame Thérèse de l’Enfant Jésus bienheureuse le 29 avril 1923 et sa canonisation est rendue officielle le 17 mai 1925. Des milliers d’églises lui sont consacrées. Les grâces de conversions, de guérisons ou autres se multiplient. Des centaines de milliers de pèlerins viennent chaque année à Lisieux. Elle est proclamée patronne secondaire de la France et des missions et Docteur de l’Église[5] par le pape Jean-Paul II, le 19 octobre 1997, l’année du centenaire de la mort de Thérèse et des JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse) à Paris, placés sous sa protection.
À l’occasion du 150ᵉ anniversaire de sa naissance, et du centenaire de sa béatification, en 2023, Thérèse de Lisieux a été célébrée par l’Unesco comme femme de culture, d’éducation et de paix.
Le 15 octobre 2023, le pape François publie une exhortation apostolique consacrée à sainte Thérèse de Lisieux, intitulée «C’est la confiance».
En 2025, on célèbre le 100ᵉ anniversaire de la canonisation de Thérèse.
N.B. En français, nous citons les textes de Thérèse à partir de l’édition critique : Thérèse de Lisieux : Œuvres Complètes (Paris, 1992, éd. du Cerf). Nous utilisons les sigles : Ms pour désigner les trois Manuscrits Autobiographiques (A, B, C), LT pour les Lettres, PN pour les Poésies, RP pour les Récréations Pieuses et Pri pour les Prières.
[1] Ms A, 44v° [2] Les récréations pieuses sont de petites pièces de théâtre jouées les jours de grandes fêtes par quelques sœurs pour le reste de la communauté [3] Ms C, 5v° [4] Cf Ms B, 3v et PN 54/18 [5] Lettre apostolique pour la proclamation de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face Docteur de l’Église universelle, en ligne
Dans ce chapitre :
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