Dieu est Personnel
La vérité ultime ne se découvre pas par la raison seule, mais par la rencontre vivante avec le Dieu-Personne révélé en Jésus-Christ, comme l’enseigne le starets Silouane, qui invite à une prière humble et guidée pour entrer en communion profonde avec le Saint-Esprit. Cette démarche spirituelle souligne l’importance de la relation personnelle avec Dieu, fondement de l’obéissance chrétienne authentique, au-delà des simples règles ou institutions.
Archimandrite Sophrony résume ainsi la pensée du starets Silouane [1] :
Le Seigneur avait dit à Ponce Pilate : "je suis venu dans le monde pour témoigner de la vérité."
Sceptique, Pilate avait répliqué : "Qu'est-ce que la vérité ?"
Mais si Pilate avait posé sa question "Qui est la vérité ?", il aurait reçu en réponse la parole que, peu de temps auparavant, le Seigneur avait dite pendant la Cène à ses disciples bien-aimés et par eux au monde entier : « Je suis la vérité » (Jn 14,6 ; 18, 37-38).
Chaque fois qu'un théologien tente de connaître la vérité sur Dieu par ses propres forces, qu'il en soit conscient ou non, il tombe fatalement dans la même erreur que la science, la philosophie et le panthéisme, à savoir : la recherche d'un principe universel trans-personnel.
La Vérité-Personne ne peut d'aucune manière être connue par la raison.
Le Dieu Personnel ne peut être connu que par la révélation (cf. Mt 11, 27) et communion existentielle, c'est-à-dire par le Saint-Esprit.
La vraie communion avec Dieu ne peut être recherchée que par une prière personnelle adressée au Dieu Personnel.
Quand il invoquait Dieu par les Noms divins - Père, Seigneur et autres - le starets se trouvait dans un état dont « il ne convient pas à un homme de parler » (2 Co 12,4) ; mais celui qui a lui-même eu l'expérience de la présence du Dieu vivant, comprendra.
La perte du principe de la Personne amène inéluctablement à accorder la prééminence au « commun » sur le « particulier », à rechercher quelque « principe trans-personnel ». Dans ce cas, on ne demandera pas l'obéissance envers un homme, une personne, mais une soumission à la « Loi », à la « Règle », à la « Fonction », à « l'Institution », etc. Réfléchissez sur ce qui a été dit, et vous verrez qu'avec une telle manière impersonnelle d'aborder la structure de la société humaine se perd l'authentique sens de l'obéissance chrétienne incluse dans les commandements du Christ, et qu'à sa place intervient la « discipline ».
Ainsi, le starets Silouane écrit[2] :
« Celui qui veut mener une vie de prière sans avoir de guide, et pense, dans son orgueil, qu'il peut s'instruire seul dans les livres sans s'adresser à un starets, a déjà à moitié succombé à l'illusion. Quant à l'homme humble, le Seigneur l'aidera. S'il ne trouve pas de maître expérimenté, il ira chez son père confesseur, quel qu'il soit, et à cause de son humilité, le Seigneur le protègera. »
[1] Archimandrite Sophrony, Starets Silouane, moine du mont Athos, Vie - Doctrine - Ecrits - Edition Présence, Belley, 1982, p. 107-115
[2] Ibid., p. 274
Synthèse F. Breynaert