Les protestants (baptistes, luthériens et anglicans) et culte marial
La diversité des approches protestantes envers Marie révèle une richesse spirituelle où, tout en respectant la singularité divine, se manifeste une reconnaissance profonde de sa foi et de son rôle unique dans le mystère du salut. Qu’il s’agisse de sobriété biblique, de louange joyeuse ou d’une vénération partagée, Marie demeure pour tous un modèle de fidélité et une figure essentielle de communion avec le Christ.
La position des baptistes vis à vis du culte marial :
« Le croyant évangélique baptiste estime sage de s’en tenir à l’observation toute simple de la Parole : "c’est devant le Seigneur, ton Dieu, que tu prosterneras, et c’est à lui seul que tu rendras un culte" (Mt 4, 10). Faire mémoire de la foi et de la fidélité de Marie dans les formes de la sobriété biblique, ce qu’il est prêt à recommander (en se repentant d’y avoir manqué par le passé), reste très éloigné de ce qui mérite le nom de culte.
Avec les réformateurs il conclut que les distinctions entre latrie, dulie et hyperdulie n’ont pas de base dans le vocabulaire de l’Écriture et les concepts qu’elle met en œuvre : elles ne peuvent que brouiller dans le peuple chrétien, le sens de la différence absolue entre le Créateur et la créature, et entre les attitudes qui conviennent envers l’Un et l’autre. Il ne rend donc pas de "culte" à Marie. »
Comité mixte baptiste-catholique en France : Marie, 2009, §53, "Documents épiscopats", n° 10, 2009, p. 38.
NDLR :
-
"culte de latrie" signifie adoration (pour Dieu) ; "culte de dulie" signifie vénération (pour les saints).
-
Martin Luther King était un pasteur baptiste, sa manière de parler de Marie et de son Magnificat reflète son vécu intérieur : une certaine union des cœurs !
La position luthérienne et réformée :
« Qu’est-ce qui empêche » (voir Lc 18, 16 ; Ac, 36) un protestant :
• chante joyeusement dans sa foi la place que le credo attribue à Marie ? [...]
• puisse encore louer Dieu pour ce qu’il a donné à Marie d’être et de faire, et ne méprise pas celui qui par amour pour son Seigneur associe le nom de sa mère dans son action de grâce, en se servant des paroles mêmes de l’ange lors de l’Annonciation, et de la bénédiction de sa parente lors de la visitation, voire de celle du vieillard Syméon lors de la Présentation ? »
Groupe des Dombes, Marie dans le dessein de Dieu et la communion des saints, n°311, p. 67
NDLR : Le Je vous salue Marie est composé « des paroles de l’ange lors de l’Annonciation, et de la bénédiction de sa parente lors de la visitation »
La position anglicane :
« Nos deux communions sont toutes deux héritières d’une riche tradition qui reconnaît Marie comme toujours vierge et la considèrent comme la nouvelle Ève et comme un type de l’Église.
Nous nous joignons à la prière et à la louange avec Marie, que toutes les générations ont appelée bienheureuse, en observant ses fêtes et en l’honorant dans la communion des saints, et nous sommes d’accord que Marie et les saints prient pour toute l’Église. En tout cela, nous voyons Marie comme inséparablement liée au Christ et à l’Église. »
Commission internationale de dialogue entre l’Eglise catholique et la communion anglicane, Marie : grâce et espérance dans le Christ, 2005, n° 60.
En anglais : www.prounione.urbe.it
Synthèse Françoise Breynaert