6ème parole : « Tout est consommé »
Au moment où il est livré, sur le point d’entrer dans sa Passion, Jésus dit à Pierre : « Rentre le glaive dans le fourreau. La coupe que m’a donnée le Père, ne la boirai-je pas ? » (Jn 18,11). Lui qui, du haut de la Croix, a dit « J’ai soif », boit maintenant cette coupe jusqu’à la lie. Voilà pourquoi il peut maintenant dire : « Tout est consommé ».
Le terme grec traduit ici par « consommé », peut également se traduire par « accompli ». De fait, Jésus a tout accompli sur la Croix.
Avant tout, Jésus accomplit l’œuvre de la rédemption. Par amour pour nous, Dieu, en la personne de Jésus-Christ, a revêtu notre nature humaine pour payer la dette du péché. Or, dit saint Paul, « le salaire du péché, c’est la mort » (Rm 6,23). En mourant sur la Croix, Jésus accomplit la parfaite rédemption, c’est-à-dire le rachat du genre humain.
Jésus accomplit aussi la Loi. « Le plein accomplissement de la Loi, c’est l’amour », dit saint Paul (Rm 13,10). Or, nous le savons, l’amour parfait se manifeste dans le sacrifice. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime », dit Jésus (Jn 15,13). En donnant sa vie pour nous sur la Croix, il accomplit l’acte d’amour parfait, et donc, la Loi.
Sur la Croix, Jésus accomplit également les prophéties de l’Ancien Testament. Il est l’homme de douleur : « Méprisé et abandonné des hommes, homme de douleurs » (Is 53,3) ; celui dont les mains et les pieds ont été transpercés : « Ils ont percé mes mains et mes pieds » (Ps 22,17) ; celui qu’on a abreuvé de vinaigre : « Pour ma soif, ils m’ont donné du vinaigre » (Ps 68,22) ; le roi messianique annoncé : « Réjouis-toi, fille de Sion ! Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux, humble, monté sur un ânon » (Za 9,9) ; et bien d’autres encore.
Enfin, Jésus accomplit la destinée de la nature humaine. Par le baptême, qui nous unit à sa mort et à sa résurrection, nous devenons « participants de la nature divine » (2P 1,4). En mourant sur la Croix, le Seigneur Jésus nous ouvre la porte du Ciel, où notre nature humaine sera transfigurée. L’homme atteint alors ce pour quoi il a été créé : sa propre divinisation.
Aujourd’hui prenons un temps pour remercier notre Sauveur qui, non content de payer notre dette pour que nous n’ayons pas à la payer nous-même, nous offre aussi de participer pour l’éternité à sa vie divine.