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Les moines
Sicile (Italie)
Nº 758
1470 – 1555

La vie du dominicain Antoine Taboni, en compagnie de Jésus-Christ

Originaire de l’île de Malte, c’est pourtant à Palerme que le jeune Antoine Taboni (1470 – 1555) entre chez les Dominicains. Sa vie s’écoule au couvent, marquée par de fréquents phénomènes surnaturels. Le religieux est tout tourné vers Dieu, qu’il recherche avec assiduité dans la solitude de son cœur. Il meurt octogénaire, malgré l’ascèse sévère qu’il observe depuis son entrée en religion. Les miracles, déjà connus au couvent à la fin de sa vie, se multiplient après sa mort et rendent célèbre sa charité posthume à l’égard de tous. Sa fête est commémorée le 30 septembre dans l’ordre dominicain.


Les raisons d'y croire

  • La famille Taboni est bien établie dans la société de l’époque et à l’aise au point de vue matériel. Ce n’est pourtant ni une carrière dans le monde ni le confort matériel que poursuit le jeune Antoine. Il rejoint l’ordre religieux fondé par saint Dominique au XIIe siècle et prend l’habit religieux en Sicile, dans la ville de Palerme, au couvent Sainte-Zita. C’est le Christ qu’il veut connaître et aimer, et, pour ce faire, il le suit dans la chasteté, la pauvreté et l’obéissance religieuse.

  • La lecture attentive de la Sainte Écriture (l’Ancien et le Nouveau Testament), des Pères de l’Église et des saints écrivains ecclésiastiques dirigent son intelligence vers le but de sa vie : la Trinité divine, qu’il sait être son Créateur comme aussi son Sauveur. C’est donc par justice et par gratitude pour le salut reçu de Jésus-Christ qu’il veut à son tour servir ce Dieu qui l’aime.

  • Comme Antoine le Grand d’Égypte , dont il porte le nom, il doit souvent combattre les démons qui se manifestent sensiblement à lui (cf. S. Athanase, Vie de saint Antoine le Grand, chap. 5). À son exemple, il se sert des mêmes armes : la prière et le jeûne. Et, sans surprise, ses biographes rapportent qu'il remporte comme lui, à chaque épreuve, la victoire. Le père Antoine se montre en effet persévérant dans la pratique du jeûne en faisant de l’année entière un carême continu. Il ne prend qu’une seule fois par jour la quantité de nourriture qui lui suffit pour rester en vie.

  • Affaibli par la maladie, cet homme fait preuve d’un grand courage et d’une paix étonnante face à la mort, non pas parce qu’il est naturellement fort ou jeune, mais parce qu’il a appris à se détacher de lui-même, c’est-à-dire de la recherche de ses aises et de la satisfaction de sa volonté propre. Cette attitude est objectivement une réelle violence faite à la nature humaine, dont l’instinct est de vivre et de fuir la souffrance. Elle ne peut s’expliquer que parce qu’il vit de manière habituelle en présence de Jésus-Christ, et que le Rédempteur le soutient et le protège par sa grâce.

  • Il semble bien que Dieu ait voulu manifester au monde, après la mort de son serviteur, à quel point celui-ci lui avait été uni dans la vie. En effet, lorsque le père Antoine rendit son dernier souffle, à la fin du mois de septembre 1555, on le retrouva dans le tombeau les mains jointes et le visage tourné vers le ciel, dans une attitude de prière. Tous les frères présents furent témoins de ce phénomène saisissant.

  • Son corps, déposé dans l’église, sert d’instrument à Dieu pour accomplir de nombreux miracles. Citons celui arrivé à une femme qui souffrait depuis longtemps d’une maladie des seins et qui est immédiatement guérie auprès de la dépouille du bienheureux ; et une autre, continuellement en proie à de violents maux de tête, qui trouva un soulagement définitif en touchant de son front les reliques. Nombreux sont les pèlerins qui, venus des alentours ou de très loin, repartent avec un morceau des vêtements du serviteur de Dieu pour en faire des reliques. Ils l’auraient dépouillé entièrement si les religieux ne l’avaient rapidement placé dans une chasse.


En savoir plus

En 1555, le père Antoine Taboni est âgé de quatre-vingts ans lorsqu’une grave maladie le frappe. Il comprend alors que c’est l’appel de son Seigneur. Il veut donc se préparer à l’entrevue ultime, et cette fois pérenne, en recevant les derniers sacrements : la pénitence et la confession des péchés, par lesquelles Dieu efface les fautes de ses serviteurs lorsqu’elles sont avouées avec le regret de les avoir commises, puis l’extrême-onction (ou sacrement des malades), qui prépare l’âme à se dégager des dernières attaches du péché pour aller en paix à sa rencontre, si Dieu le prévoit ainsi.

Or, à cette époque, le confesseur habituel d’Antoine souffre gravement d’une fièvre qui le tourmente depuis huit jours et qui l’a rendu si faible qu’il ne peut ni se lever de son lit ni même se tenir debout. Lorsque Antoine l’envoie chercher, pour le prier de venir, le frère s’excuse une première fois, puis une seconde fois, invoquant son impuissance due à sa grave maladie. Mais Antoine le fait de nouveau prier instamment de venir : ne convient-il pas qu’il se confesse une dernière fois avec lui ? Le respect surnaturel que le frère porte depuis longtemps à Antoine le pousse à accepter. Aussi, s’étant fait habiller, soutenu par deux frères, il se rend auprès de son pénitent. Au terme du sacrement, le confesseur demande à son tour à Antoine sa bénédiction. Comme Antoine la lui donne, non seulement la fièvre quitte soudainement le frère, mais les forces perdues lui reviennent. Si bien que c’est en bonne santé, et sans soutien, que le frère regagne sa cellule.

Le père Antoine reçoit ensuite l’onction des malades, puis, entouré par la prière de ses frères en religion, rend son âme à Dieu. L’automne approche alors : nous sommes à la fin du mois de septembre de l’année 1555. Il fut si assidu à la prière que l’on peut dire que sa vie fut une oraison continue : il consacrait non seulement le jour mais aussi la nuit à cet exercice.

Docteur en philosophie, Vincent-Marie Thomas est prêtre.


Aller plus loin

Domenico Maria M archese , O.P., Sagro diario domenicano, vol. V (mesi di settembre e ottobre), Napoli, 1679, p. 176. L’ouvrage est rédigé en italien. Disponible en ligne .


En complément

  • Octavus Gaetani, S.J., Idea operis di vitis siculorum sanctorum famaue sanctitatis illustrium, Deo volente bonis iuvantibus, in lucem prodituri, Panhormi (Palerme), apud Erasmum Simeonem & socios, 1617. L’auteur, prêtre et Syracusain, fait mention du bienheureux à la page 38. L’ouvrage peut être consulté en ligne .

  • Giovanni Bonello, « Five forgotten Maltese saints », dans The Sunday Times of Malta, 6 septembre 2009. Consultable en ligne . La mention des sources disponibles, par l’auteur, est cependant incomplète.

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