
Un miracle eucharistique de saint Antoine de Padoue
En 1227, saint Antoine de Padoue (1195-1231) est de passage dans la ville de Rimini (Italie, Emilie-Romagne). Un jour, il rencontre un cathare appelé Bonovillo, qui ne croit pas le moins du monde à l'enseignement de l'Eglise catholique sur le sacrement eucharistique et rejette de ce fait la présence réelle de Jésus dans le Saint-Sacrement.
Une discussion s'engage sur ces sujets entre les deux hommes. Après un long moment, Bonovillo déclare : « Si toi, Antoine, tu réussis par un prodige à me démontrer que dans la communion existe réellement le corps du Christ, alors moi, après avoir abjuré totalement l’hérésie, je me convertirai à la foi catholique. »
Puis d'ajouter : « Pourquoi ne pas lancer un défi ? J’enfermerai pendant trois jours une de mes bêtes et je lui ferai sentir les tourments de la faim. Après trois jours je la sortirai en public et lui montrerai la nourriture préparée. Toi, tu resteras en face de moi avec ce que tu estimes être le corps du Christ. Si la bête, en négligeant le fourrage, se hâte d’adorer ton Dieu, je partagerai la foi de ton église ».
Saint Antoine relève le défi. On fixe un rendez-vous à la Grande Place (l’actuelle Place des Trois Martyrs) de Rimini. Le jour venu, les deux protagonistes se retrouvent au lieu choisi par eux. Ils sont chacun accompagnés de leurs sympathisants : saint Antoine de fidèles catholiques, Bonovillo de ses alliés cathares.
Le saint tient dans ses mains l’hostie consacrée contenue dans un ciboire ; Bonovillo conduit la mule affamée. Antoine, après avoir demandé de faire silence, s’adresse à l'animal par ces mots : « En vertu et au nom de ton Créateur que, tout en étant indigne, je tiens dans mes mains, je te l’ordonne : avance rapidement et rends hommage au Seigneur avec le respect qui Lui est dû, afin que les malfaisants et les hérétiques comprennent que toutes les créatures doivent s’humilier devant le Créateur que les prêtres portent en leurs mains sur l’autel. »
Aussitôt l’animal refuse la nourriture de son maître et s’approche du saint, puis il plie lui-même ses pattes antérieures devant l’hostie et s’incline respectueusement. Le cathare, submergé par l'émotion, se jette aux pieds de saint Antoine en confessant ses fautes à voix haute. A partir de ce jour, il est devenu un des plus fervents coopérateurs du saint thaumaturge.
Cet épisode est cité aussi dans la Begninitas, œuvre dont les sources sont parmi les plus anciennes de la vie de saint Antoine de Padoue.