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Miracles eucharistiques
Normandie (France)
Nº 746
16 septembre 1941

Mère Yvonne-Aimée au secours d’une hostie profanée

En pleine Seconde Guerre mondiale, mère Yvonne-Aimée de Malestroit , de l’ordre des Augustines, est témoin de la déferlante qui s’abat sur la France. Dans ce contexte, en septembre 1941, alors qu’elle est en route pour visiter des monastères de son ordre en Normandie, elle en profite pour faire halte dans la communauté de La Brardière. Elle vient y revoir le père Paul Labutte, un ami fidèle à peine revenu d’un camp de travail en Bavière. Lors d’une promenade, elle reçoit la vision d’une hostie que des gens profanent en la perçant avec un poinçon. La religieuse, profondément meurtrie par cette vision, supplie en prière qu’on lui laisse sauver cette hostie. Celle-ci, qui n'était qu'une vision intérieure, prend soudain corps sous ses yeux, et mère Yvonne-Aimée la recueille avec adoration. Puis, comme une réparation du sacrilège, mère Yvonne-Aimée de Jésus entre en agonie le soir même, sans toutefois succomber.


Les raisons d'y croire

  • En plus de mère Yvonne-Aimée, le père Paul Labutte et sa tante Jeanne Boiszenou, propriétaire des lieux, sont tous deux témoins oculaires du miracle eucharistique. Le prêtre est présent dès le début, car il se promenait avec la religieuse, tandis que la tante les rejoint ensuite.

  • Les témoignages originaux, recueillis séparément par écrit rapidement après l’événement, sont mutuellement concordants et ont été archivés à la communauté des Augustines de Malestroit et à La Brardière. Le miracle est aussi attesté par des photographies.

  • Des entretiens vidéo du père Labutte , enregistrés plus tard, sont consultables en ligne. On peut ainsi entendre le récit éloquent de cet événement extraordinaire, de la bouche même de ce témoin.

  • Yvonne-Aimée a une foi immense en la présence réelle du Seigneur dans l’eucharistie. À de nombreuses reprises, au cours de sa vie, elle cherche à réparer les profanations envers Jésus-Hostie, dont elle est parfois avertie de façon surnaturelle. C’est ce qui se passe ici : il n’est pas surprenant qu’elle ressente le mal qui se déchaîne contre l’hostie et qu’elle ait pu voir l’hostie profanée.

  • Le soir, après avoir découvert l’hostie profanée, mère Yvonne-Aimée éprouve une grande souffrance au thorax et tombe inanimée. Sur le linge qu’on applique, « l’ouverture horizontale des chairs » et « l’auréole du sang » sont parfaitement visibles. Le linge sanglant a été conservé comme relique.

  • Si l’origine du saignement reste mystérieuse, le lien symbolique et spirituel avec la profanation de l’hostie est évident. En effet, sœur Yvonne-Aimée brûle d’un amour si intense pour le Christ que sa vie entière est tournée vers lui. Elle cherche spirituellement à accompagner Jésus sur la Croix, en partageant ses douleurs physiques et ses souffrances morales. Le parallèle entre la profanation de l’hostie et la souffrance vécue par mère Yvonne‑Aimée renforce la dimension spirituelle de l’événement, manifestant la participation mystique de la religieuse à la souffrance eucharistique du Christ.

  • Des enquêtes de psychologie et de graphologie ont été menées pour élucider les nombreux mystères surnaturels de la vie de mère Yvonne-Aimée. Elle remplit sans conteste toutes les exigences attendues chez une personne équilibrée et sensée.

  • En outre, elle fait preuve de grande vertu ; beaucoup en témoigneront. Par exemple, monseigneur François Picaud, évêque de Bayeux et Lisieux, qui est « en relations suivies et très étroites avec elle, depuis 1923 jusqu’à sa mort, en 1951 », rapporte qu’elle est d’une « charité inouïe ».


En savoir plus

Yvonne Beauvais est née le 16 juillet 1901 à Cossé-en-Champagne, dans le diocèse de Laval. Orpheline de père à trois ans, Yvonne est confiée à ses grands-parents maternels, tandis que sa mère obtient un poste de directrice d’école. Sa grand-mère lui apprend à mieux connaître Jésus et l’initie au mystère de l’eucharistie : « Chaque fois que je passais devant une église, je lui disais : "Petit Jésus, sors de ton tabernacle et viens dans mon cœur." » Elle couche sur le papier, avec son propre sang, ce grand désir qui brûle en elle : « Ô mon petit Jésus, je me donne à toi entièrement et pour toujours… Je ne vivrai que pour toi... Je te supplie de me faire devenir sainte, une très grande sainte, une martyre... Je veux sauver beaucoup d’âmes... Je veux n’être qu’à toi, mais je veux surtout ta volonté. Ta petite Yvonne. 1er janvier 1910. »

À treize ans, elle renouvelle son offrande, en écrivant un journal « pour s’aider à monter vers Jésus, et Jésus crucifié ». L’amour de Dieu qui l’envahit rayonne dans un service constant du prochain. Elle se consacre au service des pauvres, pour lesquels elle manifeste un amour spontané depuis son enfance : « C’est pour toi, puisque les pauvres, c’est toi, Jésus. Tu as consacré le pauvre comme tu as consacré l’hostie. »

Le 18 mars 1927, elle entre chez les Augustines, à Malestroit, et devient alors sœur Yvonne-Aimée de Jésus. Elle assume de grandes responsabilités, notamment en créant une clinique moderne et en étant maîtresse des novices (avec trente-cinq novices), pendant que grandit dans le silence de son cœur l’appel secret du Seigneur : « Semblable à l’Épouse du Cantique, faites, ô mon Seigneur, mon Divin Époux, que ma vie se passe à vous chercher avec ardeur, à vous servir avec générosité, à vous aimer sans mesure, afin qu’en moi vous trouviez l’amie délicate et fidèle, la fiancée généreuse et abandonnée, l’épouse humble et tendre » (1931).

Plus tard, en plein conflit avec l’Allemagne, elle prend de gros risques en accueillant clandestinement à la clinique, outre le général Audibert, chef de la Résistance de l’Ouest, des parachutistes de diverses nationalités et des résistants blessés, qu’elle parvient à soustraire à la Gestapo. La reconnaissance nationale et internationale lui vaut six médailles, dont la Légion d’honneur remise par le général de Gaulle en personne : elle en avait reçu la vision en 1929 dans un songe prémonitoire, que son père spirituel lui a demandé de notifier par écrit.

La vie entière d’Yvonne-Aimée est tournée vers la contemplation active de son Maître. Ce n’est donc pas surprenant que le Seigneur s’adresse à elle régulièrement, à cette âme dont il connaît l’attachement sans faille. Mère Yvonne-Aimée souffre avec Jésus sur la Croix, partage ses douleurs physiques et ses souffrances morales. Elle offre toutes ces souffrances, en particulier pour les prêtres et pour la réparation des profanations envers Jésus-Hostie. C’est pourquoi elle vit des extases, pourquoi elle peut voir l’hostie profanée, pourquoi elle ressent le mal qui se déchaîne contre Dieu et la haine des profanateurs… Jésus a soif de son âme ardente !

Le 16 septembre 1941, quand elle aperçoit dans une vision l’hostie malmenée par des gens, probablement à Paris, elle s’exclame aussitôt : « Oh ! L’hostie, ils la profanent, ils la percent avec un poinçon ! Oh ! Elle saigne ! » « Tu le peux, Seigneur Jésus, fais-moi te prendre. Lumen [son ange gardien], va chercher Jésus. Il ne faut pas qu’il reste en des mains impies. Au nom de ton amour pour moi... mon Jésus, rends-toi. Mon amour te réclame. »

Il est naturel pour Yvonne-Aimée de s’entretenir comme cela avec le Seigneur. Régulièrement, elle lui parle, en véritable colloque d’amour. Elle écrit parfois ce que Jésus lui dit et s’en souvient lors des nombreuses épreuves qui l’attendent, comme en 1943, quand elle est emmenée par la Gestapo et torturée : « Mon enfant bien-aimée, ma petite Reine, ne te déconcerte pas ! Suis droit ton chemin en restant de plus en plus abandonnée à mon bon plaisir. » « Fais confiance à ton Jésus. La nuit de ton esprit sera le soleil de ton âme… » « Le silence est une force. Il peut t’occasionner des heures de martyre ; supporte avec douceur et paix, même si d’un mot tu pouvais faire certaine lumière, même si d’un mot tu pouvais empêcher un doute, une souffrance. »

Élisabeth de Sansal, diplômée de bioéthique à l’université pontificale Regina Apostolorum de Rome.


Au delà

À ce moment terrifiant de l’histoire de France, en 1939-1945, de nombreux saints ont eu le désir de s’offrir en sacrifice pour éviter plus de mal, plus de haine. Mère Yvonne-Aimée est l’une de ces personnes et l’on ne peut dire dans quel état serait notre monde sans ces âmes offertes.


Aller plus loin

René Laurentin, Biographie d’Yvonne-Aimée de Malestroit (1901 – 1951), Éditions François-Xavier de Guibert, tomes I, II, III et IV.


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