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Histoires providentielles
Puy-en-Velay (Haute-Loire, France)
Nº 739
8 septembre 1995

Les circonstances providentielles du lancement des Vierges pèlerines en France (1995)

Il y a exactement trente ans, au Puy-en-Velay, 108 statues et icônes de la Vierge Marie sont bénies par Mgr Brincard, Mgr Gaidon et Mgr Van Thuan. Ce geste solennel marque le lancement du mouvement de prière des Vierges pèlerines. Cette initiative exceptionnelle donne lieu, dès 1995, à près de 40 000 veillées de prière en France, puis à des centaines de milliers d’autres dans 120 pays à travers le monde entre 1996 et l’an 2000. Son but : préparer, dans la prière et avec Marie, le grand Jubilé de l’an 2000, comme un véritable « Nouvel Avent ».

Cette aventure spirituelle a été rendue possible par une série de circonstances providentielles : la conversion bouleversante d’Edmond Fricoteaux, la redécouverte de la statue monumentale de Notre-Dame de France, des inspirations reçues à Lisieux et ailleurs. Grâce à l’engagement d’innombrables bénévoles et à une organisation née littéralement de rien, ce mouvement prend une ampleur inattendue, accompagné par une succession de signes du Ciel. Dans la continuité de cet élan, l’Association Marie de Nazareth est fondée. Elle portera à son tour de nombreuses initiatives, parmi lesquelles, aujourd’hui, le projet des 1 000 raisons de croire.


Les raisons d'y croire

  • Au moment exact du lancement de la cérémonie de bénédiction des Vierges pèlerines, au milieu d’une journée prévue pour être entièrement pluvieuse, une éclaircie étonnante se produit au Puy-en-Velay. C’est le dernier des clins d’œil du Ciel donnés pour cette action, mais il y en a eu bien d’autres et de nature très différente.

  • La conversion d’Edmond Fricoteaux à Rome, à l’écoute de paroles anodines du cardinal Gantin, et les circonstances de la naissance de son engagement marial sont aussi certainement providentielles.

  • Edmond conçoit ensuite avec l’aide du père Laurentin le projet d’un cadeau de remerciement à la Vierge Marie sous forme d’une statue de sept mètres, portant l’Enfant Jésus, couronnée de douze étoiles, afin de l’installer sur une colline proche de Paris. Antoine Legrand, rencontré « par hasard », lui révèle qu’en fait cette statue existe déjà. Celle-ci peut finalement être retrouvée et installée, cinquante ans après le vœu du cardinal Verdier, qui demandait exactement cela pour « faire pendant au Sacré-Cœur de Montmartre ». Cette série de coïncidences est tout à fait étonnante.

  • Le projet des Vierges pèlerines est né de manière tout aussi étonnante de la convergence de deux signaux. D’abord, le rêve puissant d’un jeune homme de Douai, qui voit Notre-Dame de France avec, à ses pieds, une foule immense, et des statues venues de toute la France. Puis une intuition qui naît dans l’oraison priante de trois amis au carmel de Lisieux. C’est en fait le même appel, mais qui prend des voies différentes.

  • La Providence permet par la suite les rencontres nécessaires pour que le projet corresponde exactement à la demande de l’Église de l’époque, qu’il se concrétise et qu’il se mette en place.

  • Paulette Leconte, mère de famille de treize enfants, est sollicitée au dernier moment pour sculpter une nouvelle statue de Notre-Dame de France, en des traits plus humains que celle de Baillet-en-France, et la réalisation se révélera aussi exceptionnelle, si bien que plus de 15 000 statues pourront être dupliquées et envoyées partout dans le monde.

  • La mise en place en un temps record – et avant Internet ! – d’un réseau de bénévoles dans toutes les régions, départements, cantons et villages de France est aussi un accomplissement surprenant.

  • Les nombreuses rencontres de « Marie aux 108 noms » avec les personnes spécialement touchées par la Vierge venue les visiter sont autant de fruits extraordinaires : cette histoire est donc ainsi jalonnée d’innombrables fioretti.


En savoir plus

Ce 8 septembre 1995, il y a trente ans, nous étions quelques milliers de bénévoles mobilisés pour la bénédiction et le lancement de 108 statues et icônes de la Mère de Dieu. Elles allaient devenir ces « Vierges pèlerines » qui sillonneraient la France pendant un an, dans 108 petites remorques blanches confectionnées par le CAT de Chinon, tirées par des Peugeot 106 mises à disposition en location dans le cadre d’un gros contrat d’un an avec Peugeot Neubauer. Le temps est couvert, la matinée est pluvieuse, et, lors de la conférence de presse, vers onze heures, les journalistes me demandent si nous ne sommes pas trop déçus de ce temps tristounet. Je me souviens leur avoir répondu que c’était un peu dommage, mais qu’il y avait tant à faire pour préparer le lancement à quinze heures qu’on n’avait pas le temps d’y penser beaucoup. Les choses s’enchaînent ensuite jusqu’à ce moment tant attendu où nous nous retrouvons au sommet de la colline sur laquelle a été installée la statue monumentale de Notre-Dame de France du Puy-en-Velay. Mais juste avant que je prenne le micro pour lancer les choses, mon père m’interpelle : « As-tu vu les nuages ? » Sans que nous nous en rendions compte, une grande éclaircie était apparue et, à quinze heures pile, le ciel est entièrement bleu au-dessus de nos têtes, les nuages formant comme une couronne régulière, dans toutes les directions, loin de nous, à plusieurs kilomètres de distance. Un spectacle étonnant qui restera gravé dans ma mémoire et, depuis, je suis très attentif aux « miracles météorologiques » qui sont en réalité bien plus courants que ce que l’on peut imaginer. Quelques minutes après, les nuages reprendront le dessus, mais on aura encore droit à un rayon de soleil magnifique et puissant au moment de l’élévation eucharistique, lors de la messe. Mais ce petit clin d’œil, qui nous a réconfortés et réjouis sur le moment, n’était en fait qu’un petit élément d’une histoire tissée d’événements providentiels nombreux, depuis de longues années.

Un fil de grâces

Tout commence par une conversion, en apparence anodine, qui deviendra l’étincelle d’une aventure nationale, puis mondiale. En avril 1984, à Rome, Edmond Fricoteaux – notaire à Saint-Denis, venu surtout accompagner son épouse et un groupe d’élèves – est saisi au cœur par quelques mots du cardinal Bernardin Gantin à Sainte-Marie-Majeure. Il se confesse, ressort « assoiffé de Dieu » et, de retour en France, se met à lire, prier, chercher. À La Courneuve, sur la tombe du père Jean-Édouard Lamy, il implore un « amour immodéré » pour la Vierge : la grâce arrive, irrésistible. En quelques semaines, Edmond change de cap : il parle de Dieu à ses clients, entraîne des centaines de personnes en pèlerinage, entre dans la spiritualité de saint Louis-Marie Grignion de Montfort. Ce basculement intérieur – discret sur le moment –apparaît comme une première action de la Providence : Dieu prépare un cœur.

« Notre-Dame de France » : la statue qui existait déjà

De cette conversion naît un désir : offrir à Marie une grande statue visible par tous, au bord d’un axe routier. Là encore, la Providence « devance » Edmond : en avion, il est assis à côté du père René Laurentin, qui lui trace le cap : l’accord de l’évêque du lieu, le soutien d’une congrégation, et surtout une Vierge portant l’Enfant. Edmond imagine alors une figure de sept mètres, coiffée des douze étoiles de la Rue du Bac… quand un « hasard » de carnet d’adresses le met en relation avec Antoine Legrand. Celui-ci lui révèle que la statue rêvée existe déjà : « Notre-Dame de France », œuvre de Roger de Villiers et de Raymond Subes, qui avait couronné le pavillon pontifical de l’Exposition universelle de 1937, puis sommeillait depuis des années, démontée, oubliée. S’ouvre une traque patiente : les archives, Amiens, l’église Saint-Honoré, le zoo (où la statue passa par l’enclos des girafes !), puis les sous-sols municipaux. Viennent 2 000 heures de restauration par un maître-serrurier, des soutiens multipliés, une souscription populaire (25 000 donateurs) et, le 15 octobre 1988 – exactement cinquante ans après le vœu du cardinal Verdier de voir cette statue « faire pendant au Sacré-Cœur de Montmartre » –, l’élévation à Baillet-en-France et la bénédiction par le cardinal Lustiger, sept évêques et le nonce, devant 52 000 personnes. Comme un premier sceau céleste, une grande foule se rassemble ; des conversions s’ensuivent. Beaucoup pensaient : « Mission accomplie. » En réalité, la Providence venait d’installer le tremplin.

Deux signes fondateurs : un rêve, une intuition

À peine la statue remise « sur sa colline », deux signaux convergents arrivent. D’abord, la lettre d’un jeune homme de Douai : un rêve puissant,au cours duquel il voit Notre-Dame de France, avec à ses pieds une foule immense, et des statues venues de toute la France. Puis la visite de monsieur Flichy et de trois amis, priants du carmel de Lisieux : dans leur oraison s’impose l’idée que des statues mariales – venues des diocèses – pourraient devenir pèlerines, de village en village, pour offrir des veillées de prière à Jésus et Marie, et « labourer » le pays. Deux « petits » faits subjectifs ? Ou, plus profondément, le même appel qui se précise par voies différentes : la Vierge, moins visitée, viendra visiter son peuple.

Dans la prière du chapelet et la méditation, Edmond reçoit et affine l’intuition : lancer un pèlerinage d’environ cent statues, ambassadrices des diocèses de France (et déjà l’horizon des cinq continents affleure). Le nom n’est pas encore fixé, mais l’élan, lui, l’est : les « Vierges pèlerines » sont conçues.

La maturation prudente (1989-1994) : « Visitation de Marie »

Reste à faire… l’impossible : convaincre, coordonner, financer, concrétiser. De 1989 à 1994, Edmond entreprend une tournée d’écoute et de propositions : cardinaux, archevêques, évêques – en France, en Europe, au-delà – reçoivent l’explication de ce projet de « Visitation de Marie ». On améliore, on reformule, on peaufine. Cette phase, souvent invisible, est capitale : elle enracine l’œuvre dans l’Église, assainit les écueils... Elle est aussi un temps où la Providence prépare et ajuste les personnes impliquées.

La rencontre qui a changé mon parcours (Pentecôte 1994)

À la Pentecôte 1994, alors que je demande depuis des mois à la Vierge Marie de me trouver une activité professionnelle plus compatible avec ma conversion, je suis pour la première fois en train de déjeuner avec celle qui deviendra un an plus tard mon épouse. Elle me présente ses parents, qui deviendront donc plus tard ma belle-famille, lorsque sœur Jeannine-Marie, de l’abbaye Notre-Dame de l’Ouÿe, à Dourdan, m’appelle en me disant de venir tout de suite parce qu’il y a chez eux en ce moment une personne qui parle merveilleusement de la Sainte Vierge. Je lui explique d’abord que ce n’est pas possible, mais elle insiste tellement que je finis par y aller, après le déjeuner : c’est là que je rencontre pour la première fois Edmond Fricoteaux ; il me décrit dans les moindres détails le projet des « Vierges pèlerines » qu’il a en tête : une première année de prières en France, qui se finit dans le « Champ des bergers », à Bethléem, en passant par cette grande prière qu’il veut organiser dans tous les pays du monde. À l’époque, je faisais des études de théologie et je lui réponds que son idée correspond parfaitement à ce que demande le pape Jean-Paul II, qui engage à se mettre en prière autour de Marie pour préparer le grand Jubilé de l’an 2000 « comme dans un Nouvel Avent ». Je me mets donc à sa disposition pour un an et il me charge de l’organisation, du maillage du territoire et de la constitution des équipes de bénévoles avec des responsables régionaux, départementaux, cantonaux et au niveau de chaque village. Edmond avait eu du mal à quitter sa famille et à faire quelques heures de route pour aller parler de la Mère de Dieu en ce dimanche de Pentecôte, mais il dira ensuite qu’il a été bien récompensé.

Le consensus ecclésial : liberté des laïcs, encouragement des pasteurs

Au printemps 1995, les choses s’accélèrent. Tous les évêques de France reçoivent un courrier présentant le projet et proposant une rencontre. Plus d’une trentaine d’entre eux sont visités ; les remarques sont intégrées, les formulations ajustées. Le 13 mai 1995, Mgr Duval, archevêque de Rouen et président de la Conférence épiscopale, fixe le cadre : initiative privée, portée par des laïcs, encouragée par plusieurs évêques responsables de grands sanctuaires marials. La formule est décisive : « On n’arrête pas une prière. » Elle garantit la liberté d’un élan venu d’en bas, tout en le cadrant dans la communion de l’Église. Le 24 juin 1995, dernier samedi avant les vacances, 500 délégués venus de tous les départements se rassemblent à Saint-Denis pour la révélation du projet. C’est la fête de la Saint-Jean-Baptiste et du Cœur Immaculé de Marie : « préparer les chemins du Seigneur ».

Les « impossibles » logistiques : une chaîne de dons et d’ingéniosité

Reste à résoudre l’insoluble matériel : en quelques semaines, l’infrastructure d’un mouvement national est montée. Les 108 statues et icônes sont reproduites, ainsi qu’une nouvelle image de Notre-Dame de France, sculptée à ma demande par madame Paulette Leconte. Une statue magnifique, qui sera finalement dupliquée et diffusée à plus de 15 000 exemplaires, dans le monde entier, et qui servira aussi au « M » de Marie. Le 13 juillet, 110 remorques (dont deux de secours) sont commandées dans le Nord. Un marché est conclu avec le CAT de Chinon (90 personnes en situation de handicap) pour transformer ces remorques en « Maisons de Marie », chapelles vitrées et moquettées, que la presse baptisera « mamamobiles ». Un contrat parallèle avec Peugeot et un loueur met à disposition 108 voitures blanches type 106. Un total de 370 000 livrets bleus sont édités et diffusés partout : ils déclenchent un flot de courrier, de dons, de propositions d’accueil, de chauffeurs bénévoles.

Le choix du Puy-en-Velay, antique sanctuaire au cœur de la France

Il fallait un starting-block qui soit un signe. Le Puy-en-Velay est le plus ancien sanctuaire marial d’Europe, capitale mariale dominée par une statue monumentale de la Vierge… nommée, elle aussi, « Notre-Dame de France », et son évêque, Mgr Henri Brincard, évêque du Puy, est très marial et nous accueille avec joie. Le 7 septembre au soir, 108 remorques et 108 images convergent de tous les départements vers la ville. Le lendemain, 8 septembre 1995 – fête de la Nativité de la Vierge –, la ville est pavoisée aux couleurs de Marie. Les statues prennent place sur les marches de la cathédrale, face à la foule ; les images font le tour du pays ; la télévision relaie partout un étonnement bienveillant. À quinze heures, sous un ciel qui se dégage, le pèlerinage se lance et, pendant la messe, un peu plus tard, Mgr Brincard, Mgr Gaidon, évêque de Cahors, et Mgr Van Thuan, venu spécialement de Rome, bénissent « Marie aux 108 noms », ambassadrices des diocèses. La foule répond : « Priez pour nous », comme un même chœur de provinces. Plus de 4 000 personnes communient à ce départ. Sept autres évêques – gardiens de grands sanctuaires – avaient écrit pour soutenir l’œuvre (Le Puy, Chartres, Le Laus, Pellevoisin, La Garde, Rocamadour, Liesse).

Un « Nouvel Avent » vers l’an 2000

L’élan ne vient pas de nulle part : Jean-Paul II a demandé que le Jubilé de l’an 2000 soit préparé, avec Marie, comme un « nouvel Avent ». Les Vierges pèlerines donnent un visage concret à cet appel. En un an (1995-1996), elles proposeront 40 000 veillées de prière, partout en France. Puis, en 1996, la dynamique s’ouvre au monde : bénédiction à Rome le 8 décembre ; visite au patriarche Bartholomée Ier, à Constantinople, le 14 décembre ; extension sur quatre ans à 120 pays ; et, le 24 décembre 1999, « point d’orgue » à Bethléem, avec 82 nationalités et douze Églises chrétiennes réunies pour la nuit de Noël. À l’arrière-plan, la même logique : Marie visite, réunit, prépare les cœurs.

Une œuvre de peuple : dons, talents, épreuves et fruits

La réussite tient à une alchimie très simple. Une idée humble, claire, portée par la prière ; un cadre ecclésial juste (initiative laïque, encouragement des pasteurs) ; et une masse de petites générosités qui composent un grand fleuve : des sculpteurs (91 au total), un mouleur (Hervé Capelli), des carrossiers, des imprimeurs, des chauffeurs bénévoles, des équipes diocésaines, des municipalités parfois inattendues, des médias souvent étonnamment ouverts. Il y a des épreuves, des critiques, des impondérables ; elles sont assumées avec patience et persévérance. Et des fruits en foule : retours à Dieu, conversions, guérisons, fioretti, au détour d’un village, d’une nationale, ou même, plus tard, sur une route de Bagdad ou dans le Kurdistan. Les « mamamobiles » étonnent, mais elles rassemblent.

Le 8 septembre 1995 : pourquoi ce jour est la « preuve »

Si l’on cherche le moment où tous les fils se nouent, c’est ce 8 septembre, au Puy. Tout y converge : la date liturgique (naissance de Marie), le lieu matriciel (le plus ancien sanctuaire marial d’Europe), le nom (Notre-Dame de France), la bénédiction d’un évêque gardien des lieux, la présence et la faveur de plusieurs pasteurs, l’adhésion populaire, la météo elle-même qui « s’ouvre ». Mais, derrière l’événement, on lit le patient tissage : une conversion (1984), une statue retrouvée (1988), deux signes concordants (rêve et intuition), des années d’enracinement (1989-1994), une rencontre charismatique et organisatrice (Pentecôte 1994), un cadre ecclésial sage (mai 1995), une date-signal (24 juin 1995), un miracle logistique (juillet-août 1995). Autrement dit : rien n’était « automatique », tout a été donné à point nommé. C’est précisément ce que l’on nomme, en langage croyant, la Providence.

Après le départ : une fécondité en cascade

Le « oui » du 8 septembre ne fut pas un feu de paille. En sept ans, le mouvement devient l’un des plus grands pèlerinages jamais organisés : des millions de chapelets distribués, des millions de kilomètres parcourus, près de 120 pays touchés, plus de 10 000 statues et icônes finalement envoyées dans le monde. Le projet « Marie de Nazareth » naîtra de cette sève (un centre spirituel à Nazareth) et la veillée de Bethléem, au deux millième Noël, scellera symboliquement l’intuition de départ : faire de Marie la pédagogue d’un « Avent » contemporain.

Le style d’Edmond : une foi qui rend tout possible

Reste la figure d’Edmond Fricoteaux, sans laquelle on ne comprend pas l’unité du récit. Sa foi, née en 1984, n’a jamais été une exaltation fugace : elle s’est traduite par de l’audace, de la ténacité, une capacité à « déplacer des montagnes » en associant des compétences extrêmement diverses. Il a reçu, discerné, consulté, rectifié, recommencé. Et, quand l’Église a dit : « initiative privée, encouragée », il a su rester à sa place – celle d’un laïc évangélisateur – en laissant la place aux pasteurs. C’est cette humilité efficace qui a permis au dessein de Marie de passer du « rêve » à la route.

Conclusion : la logique de la Providence

Regarder le 8 septembre 1995 comme un pur exploit d’organisation, ce serait manquer l’essentiel. Ce jour-là couronne un chapelet de « hasards » trop ajustés pour être de simples coïncidences : une parole qui transperce à Rome, une statue rêvée qui existe déjà, une trouvaille improbable dans les caves d’une mairie, un peuple qui souscrit, une foule qui se rassemble, un rêve et une intuition concordants, une rencontre de Pentecôte qui apporte la compétence pratique, des évêques qui cadrent sans étouffer, une date de la Saint-Jean-Baptiste et du Cœur Immaculé pour lancer le mouvement, des remorques livrées à temps et transformées par des mains souvent fragiles, des voitures blanches qui apparaissent quand il le faut, un livret bleu qui réveille la ferveur, un sanctuaire millénaire qui ouvre ses marches, un ciel qui s’éclaircit à l’heure précise.

La Providence n’abolit pas l’effort humain ; elle l’aimante et l’orchestre. Au Puy, le 8 septembre 1995, la France a vu une idée spirituelle devenir un fait : 108 Vierges pèlerines, « Marie aux 108 noms », partant bénies pour 40 000 veillées en un an. Il ne restait plus qu’à suivre – et à prier. C’est ce que fit une multitude ; et c’est pourquoi, longtemps après, on peut relire ce départ non comme un souvenir mais comme un signe : quand Marie veut visiter ses enfants, Dieu prépare les chemins.

Olivier Bonnassies


Au delà

Prenez Marie chez vous ! Des statues de Notre-Dame de France de 90 ou 45 centimètres peuvent être acquises facilement. À l’image de Joseph ( Mt 1,20 ) ou de Jean ( Jn 19,27 ), prendre ainsi Marie « chez soi » est un acte de foi par lequel nous accueillons au cœur de nos vies la Vierge, qui vient avec Jésus, doux et humble de cœur, offrir toute sa protection et sa tendresse.


Aller plus loin

Le magnifique documentaire de Pierre Barnérias « Au nom de Marie », qui retrace en image l’ensemble de l’aventure des Vierges pèlerines.


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