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© CC BY-SA 4.0/Kidiwidiwi
Des miracles étonnants
Rome (Italie)
Nº 710
Le 5 août 358

La Vierge Marie fait tomber de la neige en plein été romain

Dans la nuit du 4 au 5 août 358, à Rome, la Vierge Marie apparaît en songe à un couple de chrétiens et lui demande de bâtir une église en son honneur, à l’endroit qu’elle indiquera par un signe. Le lendemain, en plein cœur du brûlant été romain, une épaisse couche de neige recouvre la colline de l’Esquilin. Premier lieu de culte dédié à la Vierge Marie en Occident, l’église construite sur ce lieu deviendra la basilique Sainte-Marie-Majeure. Depuis des siècles, tous les 5 août, à Rome, le miracle de Notre Dame des Neiges est commémoré en grande pompe. Encore en 2024, le pape François a pris part à cette solennité, donnant crédit à cette fête ancrée aussi bien dans l’histoire et la Tradition que dans la liturgie.


Les raisons d'y croire

  • Le récit du miracle de la neige, solidement ancré dans la Tradition, s’est transmis de génération en génération. Le plus ancien martyrologe de langue latine, qui date du VIe siècle – le martyrologe hiéronymien –, mentionne à la date du 5 août la commémoration anniversaire de la dédicace de la basilique, sous le nom de « Sainte-Marie-aux-Neiges ». Le miracle lui-même n’est pas narré, mais la désignation reflète bien la tradition, bien ancrée localement.

  • Le récit du miracle est raconté par écrit au IXe siècle dans des textes liturgiques (notamment dans le Sermon de la dédicace de Sainte-Marie-Majeure), ainsi que dans un manuscrit du XIIIe siècle. Le récit miraculeux est également présent dans plusieurs bulles pontificales (notamment sous Honorius III, Nicolas IV, Grégoire XI et Pie II).

  • Dans la nuit d’été du 4 au 5 août 358, la Mère de Dieu apparaît en songe à Jean et à son épouse, séparément, et leur fait part de son désir que le couple fasse construire une église en son honneur, sur le mont Esquilin, à l’emplacement où elle fera apparaître de la neige le lendemain matin – ce signe permettant d’authentifier sa demande. Au réveil, Jean et son épouse constatent avoir eu précisément le même songe. Plus étonnant encore, le couple découvre que le pape Libère, trente-sixième évêque de Rome, a eu, lui aussi, la même nuit, un songe de la Vierge Marie formulant la même demande.

  • Le pape et le couple, accompagnés d’une foule de Romains, constatent à l’aube qu’un blanc manteau enneigé recouvre effectivement le mont Esquilin. Tous reconnaissent dans ce phénomène météorologique plus qu’inhabituel (nous sommes à Rome, au mois d’août !) le signe divin confirmant la demande faite par la Vierge Marie. Le peuple de Rome en est témoin, et l’Église, en la présence du pape Libère, l’authentifie.

  • La demande de la Vierge Marie, à cette époque et dans le contexte spirituel du pontificat du pape Libère (352–366), n’est pas anodine. C’est une charnière historique cruciale pour l’Église : celle de la fin des persécutions, de l’essor de l’Empire chrétien constantinien et des débats théologiques sur le Christ et sur la place de Marie dans l’économie du salut. En défendant la pleine divinité du Christ à Nicée (325), on insiste aussi sur le fait que Marie est Theotokos, « Mère de Dieu » (même si ce terme ne sera officiellement confirmé qu’au concile d’Éphèse, en 431).

  • Il n’existe alors pas encore de basilique connue dédiée à Marie. La dévotion à Marie existe, mais elle n’est pas encore développée institutionnellement. On la vénère comme la mère du Sauveur, mais sans culte spécifique universel. Les grands développements de la mariologie se feront justement aux siècles suivants.


En savoir plus

Nous sommes à Rome, au IVe siècle avant Jésus-Christ. À leur grand désespoir, Jean et sa femme, un couple issu de la noblesse romaine, n’ont pas d’enfants pour hériter de leurs biens ; ils décident alors de faire de la Vierge Marie l’unique héritière de leurs nombreuses richesses. Profondément chrétien, ce couple de la noblesse romaine promet d’user de leurs biens pour répandre le culte marial, et demande à Dieu par quel moyen concret et en vue de quelle œuvre pieuse ils pourraient employer leurs richesses pour la gloire de la Vierge Marie. En réponse à leur dévotion, la bienheureuse Vierge Marie écoute favorablement les supplications de ses enfants, touchée par leurs vœux si sincères… et y répond par rien de moins qu’un miracle. Dans la nuit d’été du 4 au 5 août 358, alors que Jean et son épouse dorment, la Mère de Dieu leur apparaît à chacun en songe. Elle leur annonce, séparément, qu’elle désire qu’une basilique soit érigée en son honneur sur le mont Esquilin, l’une des sept collines de Rome. Or, d’après la Vierge Marie, c’est à eux qu’il revient d’élever cette église en son honneur : c’est ainsi qu’elle désire être instituée leur héritière. Quant à l’emplacement où l’église doit être construite, la Vierge Marie annonce qu’elle l’indiquera par un signe miraculeux, visible dès le lendemain matin : une étendue enneigée, en plein cœur de l’été romain.

Au réveil, à leur grand étonnement, Jean et son épouse constatent avoir eu précisément le même songe. Proche du pape Libère, Jean décide de se rendre à la résidence de ce dernier afin de lui raconter le songe dont il a bénéficié et l’étonnante demande de la Vierge Marie. C’est alors que le patricien découvre que le pape Libère, trente-sixième évêque de Rome, a eu, lui aussi, la même nuit, une visitation de la Vierge Marie en songe, qui lui a également demandé la construction d’une église, à l’endroit où serait trouvée de la neige fraîche. En toute hâte, le couple de nobles, accompagné du pape Libère, de son clergé et de tout le peuple, se rend en procession solennelle, au chant des litanies, à l’endroit désigné par la Vierge, sur la colline de l’Esquilin.

Arrivés au mont Esquilin, la plus haute des collines romaines, le pape et le couple de patriciens, au milieu d’une foule de Romains, découvrent ébahis un blanc manteau enneigé qui recouvre la colline. Pourtant, en cette saison, les chaleurs sont étouffantes à Rome, et, malgré l’heure matinale, un soleil de plomb brille déjà. Cependant, l’épaisse couche de neige, persistante, ne fond pas : elle recouvre d’ailleurs une surface suffisante pour accueillir un grand édifice. Ce phénomène inhabituel est interprété comme un signe divin authentifiant la demande faite par la Vierge Marie. Craignant que la neige ne fonde, le pape demande aussitôt à ses subordonnés de délimiter le périmètre couvert par la neige, afin d’y tracer les limites de la future basilique. Sans attendre, Libère ordonne ensuite de commencer la construction de l’église « Sainte-Marie-aux-Neiges », et les premières pierres ne tardent pas à être posées. Fidèles à leur promesse de faire don de leurs richesses à la Vierge Marie, Jean et son épouse financent et supervisent le chantier de construction de l’église. Celle-ci deviendra la première église dédiée à Notre Dame dans le monde occidental, et le plus ancien sanctuaire marial d’Occident.

Après le concile d’Éphèse, en 431, qui reconnaît à Marie le titre de Thetokos (Mère de Dieu), le pape Sixte III célèbre la dédicace de l’église du mont Esquilin à la Vierge Marie… une église que l’on appellera plus tard la basilique Sainte-Marie-Majeure (Basilica di Santa Maria Maggiore) : la mère de toutes les églises placées sous le patronage de la Mère de Dieu.

Le père Immacolato M. Acquali, ministre général des Frères franciscains de l’Immaculée, aujourd’hui en charge de la basilique, dira : « Ce qui était vrai il y a 1 700 ans l’est toujours aujourd’hui – l’importance de la Vierge Marie dans l’histoire de l’Église et dans le salut – parce que, lorsqu’il y a des difficultés, des épreuves, des croix, de gros problèmes, aller à Marie et lui demander de l’aide est toujours ce que les croyants font aujourd’hui. »

Thomas Belleil, auteur de livres de spiritualité, diplômé en sciences religieuses à l’École Pratique des Hautes Études et en théologie au Collège des Bernardins.


Aller plus loin

L’article « Le miracle de la neige, une dévotion mariale pétrinienne » de L’Osservatore Romano.


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